CPI
Devant un modeste stand de vente de
noix et de biscuits à l’entrée de l’une des mosquées de Khan Younis
s’assoit Ameur Aslih après avoir été forcé d’exercer ce métier, suite à
l’arrêt des travaux dans les tunnels sous les frontières
palestino-egyptiennes à cause des attaques des soldats égyptiens contre
ces tunnels.
Aslih, 39 ans déclare à notre
correspondant que le travail dans les tunnels malgré son danger et ses
multiples victimes l’aidait à se procurer les besoins vitaux pour sa
famille composée de 7 individus.
"La fermeture des tunnels l’a contraint à passer les derniers
mois au chômage, mais le manque d’argent et de moyens l’a contraint à
ouvrir ce stand, puisse-t-il offrir de quoi vivre à sa famille par son
intermédiaire", a-t-il ainsi poursuivi.
La recherche d’un travail en vain
La situation de Aslih est la même que des
milliers d’ouvriers dans la bande de Gaza, que ce soit ceux qui
travaillaient directement dans les tunnels ou ceux qui travaillaient
dans des domaines en relation avec les tunnels.
La campagne de l’armée égyptienne contre
les tunnels s’est étendue depuis le coup d’état militaire qui a déchu le
président Mohamed Morsi, le 3 juillet dernier. Plus de 1300 tunnels
sont fermés ou détruits. Cela a induit l’arrêt total des travaux des
tunnels ce qui a provoqué des répercussions négatives sur l’économie de
Gaza.
L’ouvrier Hassan Abou Hidad a déclaré à
notre correspondant que son travail dans les tunnels lui offrait un
salaire qui avoisinait les 100 shekels par jour. Ainsi il pouvait
subvenir aux besoins de sa famille de 8 membres.
"Il a cherché à plusieurs reprises des emplois dans différents
domaines, mais qu’il y avait une paralysie. Celui qui avait un travail
l’a maintenant perdu. Il déclare ressentir de la honte vis-à-vis de ses
enfants, car il ne parvient pas à subvenir à leurs besoins essentiels", a-t-il également précisé.
Un taux de chômage élevé
Selon le dispositif central des
statistiques palestinien, le taux de chômage dans la bande de Gaza
atteignait les 28% avant les dernières évolutions. Maintenant, des
experts pensent que ce taux a atteint 40%, après la destruction des
tunnels et l’arrêt quasi-complet des travaux dans ce domaine.
Le docteur Mouine Rajab, professeur
d’économie à la faculté d’al-Azhar, à Gaza, assure à notre correspondant
que « l’économie à Gaza passe par une situation très critique, surtout
après que la fermeture des tunnels est passée de partielle à totale. Ce
qui présage la coupure de l’artère vitale de Gaza »
Rajab a indiqué dans un communiqué à notre
correspondant que « La difficulté s’est propagé sur tous les horizons de
Gaza avec l’augmentation du nombre de chômeur de façon directe, à
travers le travail dans les tunnels, ou de façon indirecte à travers le
travail dans les projets qui se basent sur ce qui est sensé entrer par
les tunnels, l’augmentation des prix des matières de constructions, du
carburant et des biens de consommation ou encore l’amenuisement du
volume de production et de l’activité commerciale et le ralentissement
du marché. »
Les tunnels se sont transformés en
phénomène important et est une partie de l’économie de Gaza, suite au
blocus sioniste imposé à la bande de Gaza, après la victoire du Hamas
dans les élections parlementaires en 2006 et sa prise du pouvoir par la
suite. Mais les données montrent que cette situation a suffisamment
durée et qu’il est temps de chercher des alternatives.
Des pertes sur plusieurs plans
Les pertes des tunnels ne sont pas
restreintes aux ouvriers [de ces tunnels] uniquement, mais elles
englobent toutes les formes du secteur économique de Gaza. Surtout
dans celui de la construction et de l’énergie.
Selon les données de l’union des artisans
palestiniens, la fermeture des tunnels a engendré l’apparition spontanée
d’une armée de 30 000 chômeurs qui travaillaient auparavant dans le
secteur de la construction. En plus des 15 000 ouvriers directs dans les
tunnels qui s’occupaient de recevoir et distribuer les marchandises.
Quant au ministère de l’économie, celui-ci a
dévoilé que 276 000 employés sont menacés de perdre leur emploi suite à
la fermeture et à la destruction des tunnels entre l’Egypte et Gaza.
Le ministère a déclaré dans un communiqué
récent que suite à ces conditions, l’économie de Gaza a subi de lourdes
pertes et que celles-ci ont beaucoup aggravé la situation économique de
façon générale.
La fermeture et la destruction des tunnels
par l’armée égyptienne a conduit le ministère à déclarer la dissolution
de l’organisation des tunnels et la réservation des travaux dans la zone
aux gardes-frontières. Les employés se demandent donc quelle est la
solution et l’alternative pour sauver leur peau et celle de la
population gazaouitte des dents du blocus permanent israélien?