Yassine Ezzidine
Les dirigeants du Hamas ont annoncé
leur adoption de la résistance populaire, après la rencontre
Abbas-Mechaal ; et cela n’arrête pas de faire couler beaucoup d’encre.
Le Hamas a-t-il décidé de suivre Mahmoud Abbas et de laisser tomber la
résistance armée ? Cela signifie-t-il que les armes ne seront dorénavant
plus utilisées contre l’occupation, dans la bande de Gaza comme en
Cisjordanie ? Et quel sera l’intérêt pour le Hamas ? Puis pourquoi la
décision a seulement été annoncée pendant la rencontre de la
réconciliation entre Abbas et Mechaal ?
Tout d’abord, il faut corriger une erreur
répandue disant qu’Abbas et son autorité adoptent la résistance
populaire. La vérité est à l’opposé : ils combattent toutes sortes de
résistance populaire, comme le jet de pierres ou les manifestations près
des colonies. Ces dernières années, les services de sécurité de
l’autorité palestinienne ont arrêté beaucoup de jeunes qui jetaient des
pierres sur les forces israéliennes d'occupation ; elles ont aussi
dispersé beaucoup de manifestations contre les barrages, et ce ne sont
que des exemples.
La résistance populaire, pour le Fatah et
pour l’autorité, n’est qu’un prétexte pour rabaisser la résistance
armée, bien que la résistance armée fasse partie de la résistance
populaire. Beaucoup de gens travaillaient dans la résistance populaire
avant de développer leurs moyens d’action et de s’engager dans la
résistance armée.
On remarque que depuis le départ d’Arafat,
le Fatah et l’autorité ne font face à l’occupation sioniste que par les
négociations et la diplomatie.
Par contre, la résistance populaire existe
dans les villages menacés par le mur discriminatoire de séparation,
ainsi que dans les zones hors de l’autorité, dans les villages de Balïn,
Naalin, Beit Amer, Al-Walja, Kafr Qadoum et beaucoup d’autres. Mais
beaucoup d’activistes contre le mur sont embarrassés par les services de
sécurité de l’autorité, surtout dans les régions d’Al-Khalil et Beit
Amer.
Puis il y a une résistance populaire
représentée par la pierre et le cocktail Molotov jetés sur les véhicules
de colons. Cependant, l’autorité la considère comme une résistance
armée et arrête souvent des adolescents qui la pratiquent.
Alors quand le Hamas adoptera la résistance
populaire, il mettra l’autorité devant le fait accompli. Il dira que là
où sont les activités de la résistance populaire, il veut y participer.
Par ailleurs, l’action armée des brigades
d’Al-Qassam est en arrêt en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza.
Néanmoins, Abbas pose pour condition l’arrêt de toute lutte armée afin
que le monde accepte la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.
Parallèlement, le Hamas ne veut faire un cadeau sans contrepartie à
l’occupation.
On comprend des déclarations d’Ar-Rachaq
que le Hamas s’oriente vers la résistance populaire pour trouver un
terrain d’entente avec le mouvement du Fatah, et cette résistance est le
meilleur choix à faire pour la cause palestinienne, dans la période à
venir.
La résistance populaire en Cisjordanie est
actuellement en bonne marche et la nouvelle situation arabe et
internationale est pour un soutien sans faille aux Palestiniens. Puis le
monde entier est quasiment unanime pour dire que la colonisation et le
mur ne sont pas légaux. Mais cette entente reste inefficace, tant que la
situation sur le terrain est calme.
Et il est évident que les Sionistes ne
démantèlent pas leurs colonies en Cisjordanie ; la Cisjordanie, qui sera
le centre du conflit avec les Sionistes. D’un côté, libérer la
Cisjordanie offrira aux Palestiniens des terrains nécessaires à la
construction d’un réel Etat ; d’un autre côté, toutes les régions
sionistes densément habitées seront à la portée des montagnes de la
Cisjordanie.
A court terme, il faut épuiser les
Sionistes. Même si les Palestiniens sont épuisés depuis une dizaine
d’années, aujourd’hui il y a un soutien arabe montant, un soutien qui
veut faire face à l’occupation sioniste.
Mettre la résistance populaire en
application reste un défi réel aussi bien pour le Hamas que pour
l’autorité. Il faut prendre en compte que les Sionistes n’accepteront
jamais que le Hamas reprenne son souffle en Cisjordanie.
Alors le Fatah et le Hamas sont-ils
capables d’activer la résistance populaire en Cisjordanie et de la
relever d’un niveau passable à niveau excellent ? Et Abbas est-il prêt à
faire face à l’occupation, au cas où il décide d’aller sérieusement
vers la réconciliation ? Puis Abbas pourra-t-il freiner ses services de
sécurité ? Enfin, le Hamas croit-il vraiment à la résistance populaire
ou a-t-il parlé de cela seulement pour faire plaisir à Abbas et laisser
passer la réconciliation ? Des questions auxquelles les réponses
viendront dans les jours à venir.
Article écrit par Yassine Ezzidine, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)