jeudi 27 janvier 2011

Les services secrets britanniques auraient élaboré un plan anti-Hamas

26.01.11
Les services secrets britanniques ont contribué à l'élaboration, en 2004, d'un plan secret pour restreindre l'action du Hamas en Cisjordanie, selon des documents confidentiels publiés, mardi 25 janvier, par le quotidien britannique The Guardian. Ce plan, qui comprenait l'internement de dirigeants et de militants du mouvement islamiste, la fermeture de stations de radio et le remplacement des imams dans les mosquées, a été en partie mis à exécution par la branche du Fatah en Cisjordanie, de plus en plus critiquée pour son autoritarisme et les atteintes qu'elle porte aux droits de l'homme.
Le plan comprenait des propositions détaillées pour établir une force de sécurité basée sur des responsables de l'Autorité palestinienne en qui le Royaume-Uni a "confiance" – et non les "chefs traditionnels de la sécurité" – qui serait reliée avec les services de renseignement israéliens via une "ligne directe".
Le plan de sécurité palestinien du MI6 (services secrets britanniques) recommandait la "détention des principaux officiers de rang intermédiaire" du Hamas et d'autres groupes armés, et proposait d'"explorer la possibilité d'interner temporairement des leaders du Hamas et du Djihad islamique, en s'assurant qu'ils sont bien traités, avec un financement de l'Union européenne".
"NOUS CONNAISSONS SON ADRESSE... POURQUOI NE LE TUEZ-VOUS PAS ?"
Ces documents, révélés par Al-Jazira puis vérifiés par le Guardian, mettent également en lumière la profonde coopération militaire et sécuritaire entre les forces palestiniennes et israéliennes.
Parmi les documents révélés, on trouve ainsi l'étonnant récit d'un entretien datant de 2005 entre le ministre de la défense israélien de l'époque, Shaul Mofaz, et le ministre de l'intérieur de l'Autorité palestinienne, Nasser Youssef. En parlant de Hassan Al-Madhoun, un commandant de la branche armée du Fatah liée aux Brigades des martyrs d'Al-Aqsa tenu responsable par Israël d'une attaque-suicide l'année précédente, M. Mofaz demande à M. Youssef : "Nous connaissons son adresse... pourquoi ne le tuez-vous pas ?" M. Youssef répond alors : "L'environnement n'est pas facile, nos capacités sont limitées." Quelques mois après cette rencontre, Hassan Al-Madhoun sera tué par un drone israélien.
Le porte-parole de l'Organisation de libération de la Palestine et négociateur en chef Saeb Erekat apparaît également dans ces documents. Il aurait dit à un haut fonctionnaire américain en 2009 : "Nous avons eu à tuer des Palestiniens pour établir une autorité et la primauté de la loi... Nous avons même tué nos propres hommes pour maintenir l'ordre et la loi."
M. Erekat se serait par ailleurs plaint auprès de George Mitchell, émissaire des Etats-Unis pour le Proche-Orient, du fait qu'il n'y avait pas suffisamment de mesures prises pour boucher les tunnels reliant Gaza à l'Egypte.
Selon Alistair Crooke, un ancien officier du MI6 qui a aussi travaillé pour l'UE en Israël et dans les territoires palestiniens, ces documents reflètent une orientation de politique prise en 2003 par Tony Blair. Le premier ministre britannique voulait alors mettre en commun les politiques sécuritaires du Royaume-Uni et de l'UE dans les territoires palestiniens avec un commandement américain de "contre-insurection" contre le Hamas – politique qui a perdu de sa pertinence quand le Hamas a remporté les élections législatives de 2006.