dimanche 22 août 2010

Pourparlers de paix à l’ombre des démolitions

dimanche 22 août 2010 - 07h:01
Badil
Tandis que le Président Barack Obama fait pression sur les Palestiniens pour qu’ils s’engagent dans des pourparlers directs pour la paix, et que le premier ministre israélien Bibi Netanyahu conseille de façon hautaine au président [de l’autorité palestinienne de Ramallah] Mahmoud Abbas de ne pas rater l’occasion, les démolitions dans les territoires palestiniens occupés et en Israël suivent leur cours et sans qu’il y ait la moindre réaction.
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Les forces israéliennes d’occupation ont procédé à la mi-juillet à une série de démolitions de maisons palestiniennes dans le secteur oriental occupé de Jérusalem - Photo : AFP
Selon OCHA, les mois de juillet et d’août ont vu le nombre le plus élevé de démolitions cette année. A la date de fin juillet, OCHOA rapporte que les forces israéliennes ont détruit plus de 230 structures, déplaçant ou affectant ainsi plus de 1100 Palestiniens dont 400 enfants, depuis le début de l’année 2010. Plus de 50% de ces destructions ont eu eu lieu rien qu’au mois de juillet. OCHA ajoute dans ses commentaires que l’administration civile israélienne intensifiera les démolitions en Cisjordanie sur ordre du ministère israélien de la défense.
Dans la vallée du Jourdain, les forces israéliennes ont démoli le village d’Al Farisyia à deux reprises en l’espace de 10 jours ; d’abord le 19 juillet puis à nouveau le 5 août. Ces démolitions ont eu comme conséquence la destruction de 116 structures [habitations, bâtiments d’élevage, ateliers...] et le déplacement de 129 personnes, 63 étant des enfants. Dans la deuxième série de démolitions, 10 structures précédemment épargnées ont été démolies ainsi que 27 structures et équipements fournis par le Comité International de la Croix Rouge.
Israël a scandaleusement désavoué sa rhétorique sur la paix en publiant des ordres supplémentaires de démolition à appliquer entre le 15 et le 16 août.
De plus, les autorités israéliennes prouvent leur complicité dans leur activité de [soit-disant] surveillance des colons juifs dans le quartier musulman de la vieille ville de Jérusalem. En début de matinée, le 29 juillet dernier, des colons juifs ont donné l’assaut à la maison de Kirrech, la résidence de 9 familles palestiniennes, sans qu’il n’y ait aucune sanction. Parmi ces familles, une seule d’entre elles s’est vue restituer sa demeure par décision judiciaire. Les huit autres familles sont toujours dehors, attendant que leur cas puisse passer devant le tribunal.
Tandis que les organismes des Nations Unies ont condamné ces démolitions, sans prendre aucune des mesures que l’on pouvait attendre, de seules condamnations sont insuffisantes face aux obligations des Nations Unies de maintenir la paix et la sécurité et d’assurer le respect des Droits de l’Homme ainsi que les libertés fondamentales.
En vertu du droit international, l’Etat est obligé de prévenir, d’enquêter, et fournir une solution, et s’il ne le fait pas, la communauté internationale doit prendre la responsabilité de fournir aux victimes une réelle protection. La violence par des acteurs non-étatiques [les colons] ne devrait pas être vue simplement en tant qu’actions provocatrices, mais en tant qu’élément d’une politique dominante soutenue par les autorité de l’État.
En se limitant à des condamnations verbales, les Nations Unies, les Etats, et les organismes internationaux ne répondent pas en juste proportion aux abus commis par Israël à l’encontre des droits de l’homme et qui alimentent la crise humanitaire et minent tout processus de paix.
En fait, même si les déclarations récentes de Netanyahu devaient être considérées comme sincères, les actions d’Israël sont une refus flagrant du processus de paix et de ses documents fondamentaux, dont les Accords d’Oslo qui considèrent la question des colonies comme devant faire partie d’un accord final, et la Feuille de Route [tarte à la crème lancée à l’époque de J.W Bush et devant servir à des négociations pour la paix en vue d’un accord définitif - N.d.T] qui interdit totalement l’expansion des colonies.
Sous la couverture de ses appels pour la reprise d’entretiens de paix, Israël empiète également du côté des droits de ses propres citoyens palestiniens. Les forces israéliennes ont démoli Al Araqib, un village bédouin dans le Negev, à 4 reprises entre le 27 juillet et le 17 août, déplaçant 300 citoyens palestiniens d’Israël au début du mois saint musulman du Ramadan, les forçant à endurer la récente vague de chaleur en vivant en plein air dans le cimetière du village.
Selon Mk Talab Al-Sana, « C’était un test pour la démocratie en Israël ; et la démocratie a perdu. Al Araqib illustre combien les Israéliens peuvent vivre en paix avec leurs propres citoyens palestiniens ; par conséquent comment [Israël] réussirait-il à vivre en paix avec des Palestiniens [vivant en Palestine]. »
Les démolitions et les dénis des droits de l’homme fondamentaux tels que le droit à un abri, font partie des dispositifs du régime ségrégationniste israélien et sont une des premières causes des permanentes crises humanitaires dans les Territoires Palestiniens sous Occupation. Au mieux, les démolitions récentes entreprises par Israël peuvent être considérées comme des tentatives de colonisation, au pire elles peuvent être interprétées comme du nettoyage ethnique.
Tenu compte de ces mesures, on ne peut qu’être confondu par les appels les plus récents pour des pourparlers de paix. Nous appelons les Etats, les organisations des Nations Unies, les organismes internationaux et la communauté internationale dans son ensemble à conditionner des entretiens de paix avec le respect de droits de l’homme et de la loi humanitaires, afin de créer un environnement où la paix puisse être réellement recherchée, au lieu de se gargariser de bonnes paroles à l’ombre des démolitions et des déplacements forcés.
19 août 2010 - Badil - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.badil.org/en/press-relea...
Traduction : Info-Palestine.net
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