Par Jillian Kestler-D'Amours
Originaire de Montréal, Jillian Kestler-D’Amours est militante pour les droits de l’homme et journaliste multimédias. Elle vit actuellement à Jérusalem Est.
L’Université Al-Quds a décidé de maintenir un programme commun de maîtrise israélo-palestinien avec l’université d’Haïfa, l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Université de Tel Aviv, en dépit d'une décision prise par son propre Conseil d'Université en Février 2009 de se démarquer des institutions universitaires israéliennes.
« La Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël – PACBI, considère ce projet universitaire conjoint palestino-israélien comme une violation claire des critères palestiniens pour le boycott universitaire d’Israël, qui sont largement soutenus par la société civile palestinienne, » a déclaré à The Electronic Intifada Omar Barghouti, l’un des membres fondateurs de PACBI et de la Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).
Les étudiants palestiniens soutiennent massivement le boycott universitaire d'Israël. (Luay Sababa/MaanImages)
« PACBI estime également que le moment choisi pour cette annonce ne fait que confirmer le soupçon qu’elle est destinée à alléger l’isolement croissant d’Israël, après son attaque criminelle contre la Flottille de la Liberté pour Gaza, » a expliqué Barthouti.
Soutenu par l’Agence des Nations Unies pour l’Education et la Culture, l’Unesco et la Coopération italienne pour le Développement (DGCS) à Jérusalem, le programme en question est le troisième cycle d’une maîtrise commune qui permettrait à 20 étudiants israéliens et palestiniens d’étudier en Italie et d’apprendre « la coopération, l’humanitarisme, la préservation de la paix et de la culture. » Il est coordonné par l’Université La Sapienza de Rome.
Ce programme est inscrit dans la Déclaration de Principes sur la Coopération internationale palestino-israélienne dans les domaines scientifiques et universitaires, qui a été signée en mai 2004 par le recteur de l’Université La Sapienza de Rome et les recteurs et présidents de cinq universités israéliennes (Haïfa, Tel Aviv, l’Université Hébraïque de Jérusalem, l’Université Ben Gourion du Néguev et l’Institut des Sciences Weizmann) et de quatre institutions palestiniennes (l’Université Al-Quds de Jérusalem, l’Université de Bethléem, l’Université d’Hébron et l’Institut polytechnique de Palestine).
Selon Hasan Dweik, vice-président de l’Université Al-Quds, peu de temps après qula signature de la déclaration en 2004, toutes les autres universités palestiniennes ont rompu leurs coopérations, en droite ligne avec le boycott universitaire.
« A l’époque, nous disions que nous, en tant qu’Université Al-Quds, prendrions la responsabilité de gérer ce cours, » a dit Dweik à The Electronic Intifada, sur le campus de l’université à Beit Hanina, à Jérusalem Est occupée.
« Aujourd’hui, et après l’attaque israélienne contre Gaza [hiver 2008-09], mon université a pris la décision que nous devrions arrêter et réévaluer nos projets de coopération avec Israël parce que les horreurs qui ont eu lieu à Gaza ne pouvaient pas passer comme ça. Nous avons dit, ‘Nous devons stopper et boycotter les institutions universitaires israéliennes,’ non pas parce que nous voulions les boycotter, mais parce que nous voulions envoyer un message à l’opinion publique israélienne et à la communauté internationale, » a dit Dweik.
En effet, le 2 février 2009, le Conseil d’Administration de l’Université Al-Quds a voté la rupture de toutes formes de coopération universitaire avec les institutions académiques israéliennes.
Le Conseil a expliqué que l’attaque israélienne sur Gaza, qui a tué plus de 1.400 Palestiniens (dont plus de 300 enfants), combinée avec l’expansion coloniale à Jérusalem Est et l’intensification des restrictions dans le reste de la Cisjordanie, avaient étayé la décision de se désengager progressivement des programmes.
« C’est essentiellement pour faire pression sur les ONG et les institutions universitaires, tant en Israël, aux Etats-Unis qu’en Europe, faire pression sur Israël pour amener la paix dans notre région. C’était notre intention, » a dit Dweik.
Pourtant, il a expliqué que même si l’Université Al-Qods ne se joignait plus à de nouvelles initiatives avec les universités israéliennes, il n’y aurait toutefois pas de restrictions sur la poursuite des projets existants, tel que le programme commun de maîtrise à Rome.
« Tout programme débuté il y a quelques années continuera. Il ne sera pas interrompu, » a dit Dweik, ajoutant que l’université a choisi de ne pas imposer un boycott total à sa faculté et au personnel parce qu’il veut préserver « la liberté universitaire ».
Selon Barghouti, cependant, l’argument de la liberté universitaire ne tient pas. Au contraire, il dit que les programmes universitaires israélo-palestiniens communs légitiment la politique coloniale israélienne.
« Les projets communs aident à fournir aux universités israélienne une ‘feuille de vigne’ cruciale pour saper le boycott. Nous lisons souvent un thème récurrent dans la critique israélienne des syndicats britanniques et autres syndicats universitaires qui soutiennent le boycott : ‘Pourquoi cherchez-vous à être plus Palestiniens que les Palestiniens ? Si les universitaires palestiniens eux-mêmes coopèrent avec l’académie israélienne, pourquoi voulez-vous la boycotter au lieu de faire la promotion des programmes communs et de la libre circulation des idées ?’ » a déclaré Barghouti.
« Ce fut exactement la même logique – viciée et trompeuse – utilisée par l’apartheid sud-africain pour critiquer les boycotteurs internationaux, en particulier dans les domaines académiques et culturels. »
Une histoire de collaboration
La Campagne palestinienne officielle pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI) a été lancée à Ramallah, Cisjordanie occupée, en avril 2004.
Depuis lors, près de 60 organisations de la société civile palestinienne ont signé l’initiative de boycott PACBI, dont la Fédération palestinienne des syndicats des professeurs et employés des Universités, la Fédération générale palestinienne des syndicats et le Syndicat général des femmes palestiniennes, entre autres.
Le Conseil palestinien de l’enseignement supérieur, groupe créé en 1977 avec mandat de coordination [entre] et représentation des institutions palestiniennes d’enseignement supérieur, a également réaffirmé à maintes reprises qu’il est contre une coopération entre les institutions universitaires israéliennes et palestiniennes.
Menachem Magidor (à gauche) et Sari Nusseibeh (à droite) lors de mondanités de normalisation à l'Université Al-Quds, 2006
Pourtant, en mai 2005, le Président de l’Université Al-Quds, Sari Nusseibeh, a continué d’ignorer l’appel croissant à un boycott universitaire, et, avec le Président de l’Université hébraïque de Jérusalem, Menachem Magidor, il a diffusé une déclaration commune dénonçant la décision de l’Association britannique des professeurs d’universités (AUT) de boycotter les institutions universitaires israéliennes.
« Conscients de la direction morale que les universités doivent montrer, en particulier dans des contextes politiques déjà turbulents, nous (…) sommes convenus d’insister sur la poursuite du travail en commun dans la recherche de la connaissance, pour le bénéfice de nos peuples et la promotion de la paix et de la justice au Moyen-Orient, » dit la déclaration, qui ajoute : « Notre désaffection et notre condamnation des actions de boycott universitaire et de discrimination contre les universitaires et les institutions, sont fondées sur les principes de la liberté universitaire, des droits de l’homme et d’égalité entre les nations et parmi les individus. »
Selon Anan Quzmar, coordinateur de la Campagne pour le droit à l’éducation à l’Université Birzeit, qui demande « le droit à l’éducation et le libre accès, pour tous les Palestiniens, à leurs institutions universitaires, » toutes les formes de coopération avec les institutions universitaires israéliennes devraient être rompues.
« Nous ne pouvons pas soutenir les universités palestiniennes travaillant avec des institutions israéliennes, en aucune circonstance, alors que ces mêmes institutions avalisent ou ne condamnent pas le déni continu des droits humains palestiniens fondamentaux, » a dit Quzmar.
Il a ajouté que les étudiants palestiniens soutenaient, à une écrasante majorité, le boycott universitaire et travaillaient sur des campagnes visant à obtenir un soutien international.
« Récemment, une déclaration contre toute forme de normalisation a été signée par tous les conseils d’étudiants des universités de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et par toutes les principales organisations palestiniennes d’étudiants et de la jeunesse dans le monde, » a dit Quzmar.
« Les étudiants palestiniens soutiennent depuis longtemps un boycott universitaire des institutions académiques israéliennes et ont pris position contre toute collaboration entre les institutions universitaires palestiniennes et leurs homologues israéliennes. J’irai jusqu’à dire que le boycott universitaire est la forme de boycott la plus largement soutenue par la société palestinienne. »
Complicité avec l’occupation
Selon un rapport diffusé par l’AIC (Alternative Information Center) en octobre 2009 intitulé : "Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories," « Les institutions universitaires israéliennes n’ont pas opté pour une position neutre et apolitique envers l’occupation israélienne, mais pour un soutien total aux forces israéliennes de sécurité et à la politique envers les Palestiniens, en dépit des graves soupçons de crimes et atrocités qui planent sur elles. »
Le rapport conclut que toutes les grandes universités israéliennes sont impliquées dans le soutien à l’occupation par divers moyens.
Par exemple, les trois universités signataires du programme commun de maîtrise avec l’Université Al-Quds (Tel Aviv, Haïfa et l’Université hébraïque) ont parrainé plusieurs programmes universitaires pour les réservistes de l’armée israélienne, accordé des bourses d’études aux étudiants qui avaient participé aux attaques israéliennes contre Gaza, et maintenu leurs liens avec les principaux fabricants d’armes israéliens. En effet, un rapport rédigé par un groupe d’étudiants de la London's School of Oriental and African Studies a montré « l’investissement profond dans la facilitation et la poursuite (tant au niveau matériel que conceptuel) de ce qui revient à des crimes de guerre » de l’Université de Tel Aviv.
(Rapport en anglais : Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories (L’université de Tel Aviv partie intégrante de l’occupation israélienne), SOAS Palestine Society, 9 juillet 2009.
Dweik a déclaré à The Electronic Intifada que l’Université Al-Quds est actuellement impliquée dans une bonne dizaine de projets communs israélo-palestiniens, et que les membres de l’université, chercheurs et administrateurs, se réuniraient pour réévaluer ces projets existants tous les deux ou trois mois.
Cet examen comprendra le programme de maîtrise israélo-palestinien en Italie, qui, d’après Dweik, continuera presque certainement en dépit de l’influence destructrice dont il admet volontiers que de tels projets ont sur les vies des Palestiniens sous occupation israélienne.
« Si vous regardez tout l’environnement aujourd’hui, ça n’aide pas du tout d’avoir des programmes de coopération avec les Israéliens, » dit-il. « Je pense que les Israéliens se servent [des programmes universitaires communs] dans les médias pour dire que les choses sont normales et que nous coopérons. Je pense que cela les aide au niveau international. »
D’après Quzmar, toutes les universités palestiniennes doivent se prononcer contre les initiatives universitaires communes, en particulier lorsqu’il est clair que de tels projets légitimes les violations israéliennes systématiques des droits palestiniens.
« Il ne se passe pas un jour sans que les universités et les étudiants palestiniens ne souffrent des abus de cette occupation absurde, » dit-il. « S’opposer à la collaboration avec ceux qui soutiennent cette occupation est une démarche toute petite et simple, en particulier lorsqu’une telle collaboration peut être si dangereuse en donnant à l’académie israélienne l’occasion de blanchir son soutien à cette même occupation sous laquelle l’académie palestinienne dépérit. »
« La Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël – PACBI, considère ce projet universitaire conjoint palestino-israélien comme une violation claire des critères palestiniens pour le boycott universitaire d’Israël, qui sont largement soutenus par la société civile palestinienne, » a déclaré à The Electronic Intifada Omar Barghouti, l’un des membres fondateurs de PACBI et de la Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).
Les étudiants palestiniens soutiennent massivement le boycott universitaire d'Israël. (Luay Sababa/MaanImages)
« PACBI estime également que le moment choisi pour cette annonce ne fait que confirmer le soupçon qu’elle est destinée à alléger l’isolement croissant d’Israël, après son attaque criminelle contre la Flottille de la Liberté pour Gaza, » a expliqué Barthouti.
Soutenu par l’Agence des Nations Unies pour l’Education et la Culture, l’Unesco et la Coopération italienne pour le Développement (DGCS) à Jérusalem, le programme en question est le troisième cycle d’une maîtrise commune qui permettrait à 20 étudiants israéliens et palestiniens d’étudier en Italie et d’apprendre « la coopération, l’humanitarisme, la préservation de la paix et de la culture. » Il est coordonné par l’Université La Sapienza de Rome.
Ce programme est inscrit dans la Déclaration de Principes sur la Coopération internationale palestino-israélienne dans les domaines scientifiques et universitaires, qui a été signée en mai 2004 par le recteur de l’Université La Sapienza de Rome et les recteurs et présidents de cinq universités israéliennes (Haïfa, Tel Aviv, l’Université Hébraïque de Jérusalem, l’Université Ben Gourion du Néguev et l’Institut des Sciences Weizmann) et de quatre institutions palestiniennes (l’Université Al-Quds de Jérusalem, l’Université de Bethléem, l’Université d’Hébron et l’Institut polytechnique de Palestine).
Selon Hasan Dweik, vice-président de l’Université Al-Quds, peu de temps après qula signature de la déclaration en 2004, toutes les autres universités palestiniennes ont rompu leurs coopérations, en droite ligne avec le boycott universitaire.
« A l’époque, nous disions que nous, en tant qu’Université Al-Quds, prendrions la responsabilité de gérer ce cours, » a dit Dweik à The Electronic Intifada, sur le campus de l’université à Beit Hanina, à Jérusalem Est occupée.
« Aujourd’hui, et après l’attaque israélienne contre Gaza [hiver 2008-09], mon université a pris la décision que nous devrions arrêter et réévaluer nos projets de coopération avec Israël parce que les horreurs qui ont eu lieu à Gaza ne pouvaient pas passer comme ça. Nous avons dit, ‘Nous devons stopper et boycotter les institutions universitaires israéliennes,’ non pas parce que nous voulions les boycotter, mais parce que nous voulions envoyer un message à l’opinion publique israélienne et à la communauté internationale, » a dit Dweik.
En effet, le 2 février 2009, le Conseil d’Administration de l’Université Al-Quds a voté la rupture de toutes formes de coopération universitaire avec les institutions académiques israéliennes.
Le Conseil a expliqué que l’attaque israélienne sur Gaza, qui a tué plus de 1.400 Palestiniens (dont plus de 300 enfants), combinée avec l’expansion coloniale à Jérusalem Est et l’intensification des restrictions dans le reste de la Cisjordanie, avaient étayé la décision de se désengager progressivement des programmes.
« C’est essentiellement pour faire pression sur les ONG et les institutions universitaires, tant en Israël, aux Etats-Unis qu’en Europe, faire pression sur Israël pour amener la paix dans notre région. C’était notre intention, » a dit Dweik.
Pourtant, il a expliqué que même si l’Université Al-Qods ne se joignait plus à de nouvelles initiatives avec les universités israéliennes, il n’y aurait toutefois pas de restrictions sur la poursuite des projets existants, tel que le programme commun de maîtrise à Rome.
« Tout programme débuté il y a quelques années continuera. Il ne sera pas interrompu, » a dit Dweik, ajoutant que l’université a choisi de ne pas imposer un boycott total à sa faculté et au personnel parce qu’il veut préserver « la liberté universitaire ».
Selon Barghouti, cependant, l’argument de la liberté universitaire ne tient pas. Au contraire, il dit que les programmes universitaires israélo-palestiniens communs légitiment la politique coloniale israélienne.
« Les projets communs aident à fournir aux universités israélienne une ‘feuille de vigne’ cruciale pour saper le boycott. Nous lisons souvent un thème récurrent dans la critique israélienne des syndicats britanniques et autres syndicats universitaires qui soutiennent le boycott : ‘Pourquoi cherchez-vous à être plus Palestiniens que les Palestiniens ? Si les universitaires palestiniens eux-mêmes coopèrent avec l’académie israélienne, pourquoi voulez-vous la boycotter au lieu de faire la promotion des programmes communs et de la libre circulation des idées ?’ » a déclaré Barghouti.
« Ce fut exactement la même logique – viciée et trompeuse – utilisée par l’apartheid sud-africain pour critiquer les boycotteurs internationaux, en particulier dans les domaines académiques et culturels. »
Une histoire de collaboration
La Campagne palestinienne officielle pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI) a été lancée à Ramallah, Cisjordanie occupée, en avril 2004.
Depuis lors, près de 60 organisations de la société civile palestinienne ont signé l’initiative de boycott PACBI, dont la Fédération palestinienne des syndicats des professeurs et employés des Universités, la Fédération générale palestinienne des syndicats et le Syndicat général des femmes palestiniennes, entre autres.
Le Conseil palestinien de l’enseignement supérieur, groupe créé en 1977 avec mandat de coordination [entre] et représentation des institutions palestiniennes d’enseignement supérieur, a également réaffirmé à maintes reprises qu’il est contre une coopération entre les institutions universitaires israéliennes et palestiniennes.
Menachem Magidor (à gauche) et Sari Nusseibeh (à droite) lors de mondanités de normalisation à l'Université Al-Quds, 2006
Pourtant, en mai 2005, le Président de l’Université Al-Quds, Sari Nusseibeh, a continué d’ignorer l’appel croissant à un boycott universitaire, et, avec le Président de l’Université hébraïque de Jérusalem, Menachem Magidor, il a diffusé une déclaration commune dénonçant la décision de l’Association britannique des professeurs d’universités (AUT) de boycotter les institutions universitaires israéliennes.
« Conscients de la direction morale que les universités doivent montrer, en particulier dans des contextes politiques déjà turbulents, nous (…) sommes convenus d’insister sur la poursuite du travail en commun dans la recherche de la connaissance, pour le bénéfice de nos peuples et la promotion de la paix et de la justice au Moyen-Orient, » dit la déclaration, qui ajoute : « Notre désaffection et notre condamnation des actions de boycott universitaire et de discrimination contre les universitaires et les institutions, sont fondées sur les principes de la liberté universitaire, des droits de l’homme et d’égalité entre les nations et parmi les individus. »
Selon Anan Quzmar, coordinateur de la Campagne pour le droit à l’éducation à l’Université Birzeit, qui demande « le droit à l’éducation et le libre accès, pour tous les Palestiniens, à leurs institutions universitaires, » toutes les formes de coopération avec les institutions universitaires israéliennes devraient être rompues.
« Nous ne pouvons pas soutenir les universités palestiniennes travaillant avec des institutions israéliennes, en aucune circonstance, alors que ces mêmes institutions avalisent ou ne condamnent pas le déni continu des droits humains palestiniens fondamentaux, » a dit Quzmar.
Il a ajouté que les étudiants palestiniens soutenaient, à une écrasante majorité, le boycott universitaire et travaillaient sur des campagnes visant à obtenir un soutien international.
« Récemment, une déclaration contre toute forme de normalisation a été signée par tous les conseils d’étudiants des universités de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et par toutes les principales organisations palestiniennes d’étudiants et de la jeunesse dans le monde, » a dit Quzmar.
« Les étudiants palestiniens soutiennent depuis longtemps un boycott universitaire des institutions académiques israéliennes et ont pris position contre toute collaboration entre les institutions universitaires palestiniennes et leurs homologues israéliennes. J’irai jusqu’à dire que le boycott universitaire est la forme de boycott la plus largement soutenue par la société palestinienne. »
Complicité avec l’occupation
Selon un rapport diffusé par l’AIC (Alternative Information Center) en octobre 2009 intitulé : "Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories," « Les institutions universitaires israéliennes n’ont pas opté pour une position neutre et apolitique envers l’occupation israélienne, mais pour un soutien total aux forces israéliennes de sécurité et à la politique envers les Palestiniens, en dépit des graves soupçons de crimes et atrocités qui planent sur elles. »
Le rapport conclut que toutes les grandes universités israéliennes sont impliquées dans le soutien à l’occupation par divers moyens.
Par exemple, les trois universités signataires du programme commun de maîtrise avec l’Université Al-Quds (Tel Aviv, Haïfa et l’Université hébraïque) ont parrainé plusieurs programmes universitaires pour les réservistes de l’armée israélienne, accordé des bourses d’études aux étudiants qui avaient participé aux attaques israéliennes contre Gaza, et maintenu leurs liens avec les principaux fabricants d’armes israéliens. En effet, un rapport rédigé par un groupe d’étudiants de la London's School of Oriental and African Studies a montré « l’investissement profond dans la facilitation et la poursuite (tant au niveau matériel que conceptuel) de ce qui revient à des crimes de guerre » de l’Université de Tel Aviv.
(Rapport en anglais : Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories (L’université de Tel Aviv partie intégrante de l’occupation israélienne), SOAS Palestine Society, 9 juillet 2009.
Dweik a déclaré à The Electronic Intifada que l’Université Al-Quds est actuellement impliquée dans une bonne dizaine de projets communs israélo-palestiniens, et que les membres de l’université, chercheurs et administrateurs, se réuniraient pour réévaluer ces projets existants tous les deux ou trois mois.
Cet examen comprendra le programme de maîtrise israélo-palestinien en Italie, qui, d’après Dweik, continuera presque certainement en dépit de l’influence destructrice dont il admet volontiers que de tels projets ont sur les vies des Palestiniens sous occupation israélienne.
« Si vous regardez tout l’environnement aujourd’hui, ça n’aide pas du tout d’avoir des programmes de coopération avec les Israéliens, » dit-il. « Je pense que les Israéliens se servent [des programmes universitaires communs] dans les médias pour dire que les choses sont normales et que nous coopérons. Je pense que cela les aide au niveau international. »
D’après Quzmar, toutes les universités palestiniennes doivent se prononcer contre les initiatives universitaires communes, en particulier lorsqu’il est clair que de tels projets légitimes les violations israéliennes systématiques des droits palestiniens.
« Il ne se passe pas un jour sans que les universités et les étudiants palestiniens ne souffrent des abus de cette occupation absurde, » dit-il. « S’opposer à la collaboration avec ceux qui soutiennent cette occupation est une démarche toute petite et simple, en particulier lorsqu’une telle collaboration peut être si dangereuse en donnant à l’académie israélienne l’occasion de blanchir son soutien à cette même occupation sous laquelle l’académie palestinienne dépérit. »