vendredi 28 novembre 2014

Reconnaissance d’un Etat palestinien : les députés espagnols unanimes dans l’hypocrisie !

C’est à une écrasante majorité (319 pour, 2 contre et 1 abstention) que les députés espagnols on voté mercredi pour la « reconnaissance d’un Etat Palestinien » . UN vote qui ne dit rien sur cet Etat, ses frontières, ni les droits des Palestiniens.
Les dirigeants espagnols et l’ambassadeur de la Palestine en Espagne se congratulant
Un vote qui ne dit rien sur cet Etat de Palestine, ses frontières, ni les droits des Palestiniens. De quel Etat parle-t-on ? Le droit international n’est pas évoqué, pas plus que la situation de Jérusalem Est. Les députés s’en remettent… aux négociations entre Israéliens et Palestiniens pour fixer tout cela !
Une belle hypocrisie, qui ne fait pas avancer d’un iota la situation des Palestiniens, bien entendu, mais ne peut que donner du temps à l’occupant pour poursuivre comme il l’entend son nettoyage ethnique et son vol de terres.
Aucune mesure contraignante n’est évoquée et on se demande d’ailleurs à quoi elle contraindrait l’occupant israélien, puisqu’il n’est dit à aucun moment quelle Palestine on veut reconnaître. S’agit-il d’un bantoustan ? Les députés espagnols se moquent du monde en accouchant de la « nécessité d’une coexistence entre deux Etats, à l’issue l’un processus de paix au Proche-Orient » et en « tenant compte des preocupations légitimes, des intérêt et aspirations d’Israël ».
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, s’est félicité de cette belle unanimité, et a souhaité que l’on puisse ainsi « éviter des tragédies comme celles qui viennent de coûter la vie à 6 personnes dans une synagogue de Jérusalem… ».
La messe est dite : circulez, il n’y a rien à voir.
Source : agence espagnole EFFE

La surprise de la prochaine guerre: Un siège maritime sur Israël!

Le siège maritime des ports israéliens est l’un des scénarios auquel s’apprête Israël à affronter dans toute prochaine guerre avec le Hezbollah.
Dans ce cadre, la première chaine de télévision israélienne a révélé que la marine israélienne a effectué il y a quelques jours une manœuvre simulant une guerre sur la scène maritime contre le Hezbollah et ses missiles de grande précision et de longue portée.
Les Israéliens s’attendent dans la prochaine guerre avec le Hezbollah à une attaque contre les navires commerciaux à destination des ports israéliens, et à des frappes contre les champs gaziers et leurs installations, considérés comme une richesse stratégique pour l’Entité sioniste. 
Un haut officier de la marine sioniste a informé la première chaine de télévision que le Hezbollah « a bien étudié la dernière opération à Gaza « Bordure de protection. Il va activer ses capacités offensives à la base de cette étude après avoir développé ses capacités balistiques et d’artillerie ».
Selon lui, le siège maritime des ports israéliens « sera la première surprise du premier jour de la prochaine guerre » !
Et de poursuivre que « la catastrophe du navire Saar-5 lors de la deuxième guerre au Liban en 2006 a permis de changer la vision de la marine, dont les commandants réalisent désormais la nécessité de protéger les navires via des moyens de défense développés ».
Toutefois, et malgré tous les préparatifs et les manœuvres menés de temps à autre, les craintes d’une nouvelle catastrophe qui frappe la marine israélienne existent toujours. Elles s’inscrivent dans le cadre des scénarios prévus par les renseignements sur cette guerre, surtout qu’il n’est toujours pas connu si le Hezbollah possède effectivement des missiles sophistiqués russes de type Yakhont. De tels missiles représentent un danger direct contre les navires militaires de la marine israélienne.
Soulignons que des médias sionistes ont révélé il y a deux mois que la marine sioniste est incapable de protéger les installations gazières et pétrolières au large de la mer, lorsqu’une guerre contre le Hezbollah sera déclenchée.
Selon un haut officier de la marine, l’Entité sioniste compte acheter de nouveaux navires dont la mission sera de protéger les plateformes gazières dans la Méditerranée.
Pour cette fin, l’armée israélienne a lancé un appel d’offres international sur ce sujet, tout en prévoyant que la partie allemande gagnera cet appel.
En effet, l’Allemagne a fourni récemment un quatrième sous-marin à Israël, qui s’ajoute à la liste de son arsenal maritime.
Soruce: al-Akhbar  

"Israël": un plan de 8 points contre les auteurs d’opérations anti-occupation

Un député israélien a déposé mercredi au Parlement un projet de loi "antiterroriste" prévoyant le retrait automatique de la nationalité ou du permis de résidence des auteurs d'opérations, ainsi que la destruction du logement de leur famille.
Yariv Levin, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a récemment ordonné la reprise des démolitions punitives de maisons et des retraits de permis de résidence, a prétendu vouloir donner "aux autorités des moyens efficaces pour lutter contre le terrorisme".
Selon ce projet de loi en huit points : Les corps des martyrs ne seront pas rendus à leur famille, ils seront enterrés dans un lieu inconnu, sans cérémonie, et sans droit d'accès pour les familles.
Les maisons des martyrs seront détruites dans un délai de 24 heures après l'opération.
Les lanceurs de pierres masqués et ceux participent à des manifestations « illégales » dans lesquelles des bombes incendiaires ou des pétards sont jetés, seront arrêtés et placés en détention provisoire jusqu'à leur procès.
Ces mêmes mesures seront prises contre ceux qui agitent un "drapeau ennemi" pendant les manifestations, en allusion au drapeau palestinien. Toute personne reconnue coupable perdra ses aides sociales et son permis de conduire pour une période de 10 ans.
Les familles des martyrs perdront également leur citoyenneté et seront expulsées vers Gaza si elles expriment leur soutien à l'acte de leur parent, publiquement.
Fermeture des commerces qui expriment publiquement leur soutien à la résistance, ou qui impriment des tracts appelant à la résistance.
L'épouse d’un martyr expulsée
En outre, les forces d’occupation ont décidé d'expulser l'épouse d'un des deux martyrs palestiniens auteurs d’une opération contre des colons à Jérusalem, a annoncé mercredi le ministère israélien de l'Intérieur.
"Le ministre de l'Intérieur Gilad Erdan a décidé de retirer le permis de séjour en « Israël » de Nadia Abou Jamal, a-t-on ajouté de même source.

Israël alimente la division entre druzes et musulmans en territoires occupés

L’Entité sioniste sème la division dans les rangs des communautés islamiques et druzes vivant dans la haute Galilée au nord de la Palestine occupée.
L’objectif de cette politique est d’imposer le service militaire aux chrétiens et de combattre la conscience nationaliste grandissante dans les rangs des druzes qui rejettent de plus en plus l’enrôlement dans l’armée. 
Il y a deux semaines, une altercation a eu lieu entre des lycéens dans le village d’Abou Sanane dans la Galilée de l’Ouest à l’Est d’Akka, sur fonds de port par quelques musulmans du keffieh palestinien.
Des étudiants druzes, appartenant à des familles effectuant le service militaire, se sont mis en colère et la bagarre a éclaté.
Cet incident a immédiatement circulé sur les pages de socialisation et s’est développé ensuite pour devenir une bagarre entre deux communautés et entre les musulmans et druzes du village en entier, dont la population dépasse les dix mille.
Ainsi, des balles réelles, des pétards et des grenades ont été utilisés, et des tentatives d’écrasement collectif ont eu lieu, faisant une quarantaine de blessés. Un autre a jeté une grenade faisant des dizaines de blessés.
Ce village, qui était un exemple de la coexistence et de l’unité nationale, est devenu une boule de feu remplie de haine confessionnelle. Pis encore, cette situation menace de se propager ailleurs.
Au lendemain de l’incident au Lycée, la vie a été complètement paralysée à Abou Sanane. Les écoles et les institutions publiques ont été fermées. Quant à la police israélienne en place, elle s’est contentée de regarder passivement sans intervenir.
Elle n’a arrêté ni celui qui a lancé la grenade, ni ceux qui ont tenté de percuter un groupe de jeunes druzes. Les violences ont duré une semaine malgré des appels au calme lancés des deux parties.
Exploitation de l’affaire
Pendant ce temps, un groupe de manifestants juifs extrémistes est venu sur place pour « afficher son soutien aux druzes face aux musulmans » !
Les médias arabes ont souligné que des affrontements sectaires ont lieu dans ce village, alors que, chose étrange, le cheikh éminent Raëd Salah, chef du mouvement islamique, a appelé à « séparer entre les étudiants druzes et musulmans dans deux écoles différentes ».
Ceci a été considéré comme une séparation raciste.
Le membre de la Knesset de droite, le député Ayoub el-Qarra, a tenu une réunion pour provoquer les jeunes druzes dans le village, poussant le chef du conseil local de la localité à condamner ses ingérences et ses mauvaises intentions.
Expansion des attaques
Les incidents à Abou Sanane se sont étendus vers d’autres villages de la Galilée et du Karmel :
-     un jeune musulman a été attaqué dans un village druze. Des excuses officielles des notables du village de la Haute Galilée ont été présentées.
-    Des jeunes druzes ont attaqué un vendeur ambulant musulman. L’attaque a été filmée et postée sur les pages de socialisation.   
Source: al-Akhbar 

Financial Times: les tensions à alQods ont affecté l’économie israélienne

Le quotidien britannique Financial Times a estimé que "la violence à Jérusalem a remis en question les chances d’une reprise économique après la récente guerre d'Israël contre la bande de Gaza", ajoutant qu’ '"il y a des signes que l'économie israélienne restera en baisse pour une longue période en raison de la reprise du conflit."
Toujours selon le quotidien, "le ministère du Tourisme en Israël a annoncé la baisse du nombre de touristes étrangers de 19 pour cent au mois de Novembre", soulignant que "la compagnie aérienne israélienne a enregistré au cours de la semaine actuelle une baisse de 7 pour cent dans les bilans trimestriels en raison de l'annulation des vols et de la baisse des réservations ".

Non à la Palestine: le Crif avoue être « intervenu lourdement » auprès de l’UMP

Hier soir, sur une chaîne de télévision israélienne, Roger Cukierman a affirmé être "intervenu" auprès des parlementaires UMP pour les convaincre de voter contre la reconnaissance de l'État de Palestine.
"Il a été parfait": tels sont les mots formulés à l'antenne par Roger Cukierman afin de féliciter la dernière prise de position, affichée la veille, de Nicolas Sarkozy. Mardi soir, l'ancien chef de l'État s'était déclaré hostile à la reconnaissance parlementaire de l'État de Palestine.
Mercredi, le président du Crif, de passage en Israël (pour y rencontrer notamment les correspondants de la presse française), était l'invité de la chaîne i24news.
Interrogé sur sa réaction à propos du vote -qui sera débattu vendredi 28 novembre- de l'Assemblée nationale, Roger Cukierman a incidemment confessé (à 3'20), à l'instar d'un lobbyiste décomplexé, être "intervenu" et avoir "lourdement" insisté "auprès des dirigeants de l'UMP" pour les convaincre de faire deux choses : faire participer les députés au vote solennel du 2 décembre (alors que ces derniers avaient songé à s'abstenir) et s'exprimer contre la reconnaissance de la Palestine (à rebours de la position adoptée par 135 pays).
Détail révélateur: Roger Cukierman déclare (à 2') avoir des "contacts" à "l'Élysée et Matignon" qui l'auraient assuré -comme l'aurait également fait Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères- de l'absence de toute volonté -"à court terme"- de François Hollande et de Manuel Valls en faveur de la reconnaissance de l'État de Palestine.

Quelques questions sur la reconnaissance de l’Etat de Palestine

L’Assemble nationale s’apprête, par un vote dépourvu de portée juridique, à reconnaître l’Etat de Palestine. Un bouleversement ?
Depuis des années, c’est l’ambiguïté, et je rappellerai simplement quelques faits qui l’illustrent, sur les volets européen et français.
Depuis 1997, les Etats de l’Union européenne ont signé un accord d’association relatif aux échanges et à la coopération avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mouvement de libération nationale. Cet accord qui est précédé de l’affichage des meilleures intentions, jugez-en :
« Considérant l’importance des liens existants entre la Communauté et le peuple palestinien de Cisjordanie et de la bande de Gaza et les valeurs communes qu’ils partagent;
« Considérant que la Communauté et l’OLP souhaitent renforcer ces liens et établir des relations durables fondées sur le partenariat et la réciprocité;
« Considérant l’importance que les parties attachent aux principes de la charte des Nations unies, en particulier au respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et des libertés politique et économique, qui constituent le fondement même de leurs relations […] »
Donc la Communauté européenne et l’OLP sur pied d’égalité, appliquant le droit de l’ONU, en précisant que le texte de l’accord prend pour frontières celles existant en 1967. Oki ?
Pour ce qui est de la France, elle reconnait le passeport palestinien, applique les droits de douane sur les produits palestiniens, ce qui est la plus explicite reconnaissance des frontières, et elle accrédite à la tête de la Mission de Palestine, un ambassadeur. En Novembre 2012 à l’ONU, la France a voté pour la reconnaissance de la Palestine à l’ONU comme « État observateur non membre ». Donc Etat.
Tout serait donc clair… Et alors pourquoi tous ces débats ? Parce que ces déclarations ne veulent rien dire si on en reste à la proclamation, et qu’on ne répond pas à quatre questions précises.
1/ Un Etat suppose la maitrise du territoire, et ne peut s’imaginer avec des colonies étrangères. L’Assemblée vote-t-elle aussi pour le démantèlement des colonies ?
2/ Un Etat suppose une capitale. L’Assemblée vote-t-elle pour Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine, ce qui suppose la restitution des quartiers colonisés ?
3/ Un Etat suppose la continuité territoriale. L’Assemblée vote-t-elle pour la levée des check-points à l’intérieur du territoire de l’Etat de Palestine, avec libre circulation entre la Cisjordanie, Gaza, et Jérusalem-Est ?
4/ Un Etat suppose le respect du droit de l’ONU. L’Assemblée vote-t-elle pour l’exercice du doit au retour de tous les réfugiées palestiniens, tels que prévue par la résolution 194 du 11 décembre 1948 ?
La réponse à ces questions nous permettra de mieux comprendre la démarche de l’Assemblée. Et comme la réponse est « non » à chacune de ces questions, nous n’avançons pas d’un centimètre.

A quoi servira la reconnaissance par la France de la Palestine ?

Par Alain Gresh
Article publié le mardi 18 novembre 2014 sur le Monde Diplomatique.
Ne nous y trompons pas. Les récentes « fuites » sur d’éventuelles sanctions contre Israël — organisées par Israël lui-même à travers les Etats membres de l’Union européenne qui le soutiennent inconditionnellement — ne sont que de la poudre aux yeux. Il s’agit d’un simple projet que les pays membres n’ont pas vraiment discuté et qui n’a, dans le contexte actuel, aucune chance d’être appliqué. Quant à la reconnaissance de l’Etat de Palestine, elle perd beaucoup de sa signification si elle ne s’accompagne pas de mesures coercitives contre la partie qui refuse la paix depuis longtemps, le gouvernement israélien.
Manifestation de soutien à la résistance palestinienne, Paris, 21 juillet 2014
A plusieurs reprises, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius a déclaré que, le moment venu, Paris reconnaîtrait l’Etat palestinien. Ces déclarations se sont faites plus insistantes après que le Parlement britannique a voté une résolution (symbolique) en ce sens et que le gouvernement suédois a officiellement reconnu la Palestine. SelonLibération du 8 novembre, M. Fabius affirme : il y aura « à un moment — c’est une évidence — reconnaissance de l’Etat palestinien par la France », avant d’expliquer : « La question, c’est quand et comment ? Car il faut que cette reconnaissance soit utile aux efforts pour sortir de l’impasse et contribuer à un règlement définitif du conflit. » « Jusqu’à présent l’idée qui a prévalu, c’est que la reconnaissance devait être liée à la négociation. Mais si la négociation ne se produit pas, ou si elle n’aboutit pas, alors la France doit prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté. Combien de temps faudra-t-il à Paris pour comprendre que la négociation n’a aucune chance d’aboutir dans le cadre actuel ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France ne fait pas preuve d’un très grand courage. Rappelons que ces déclarations sur la reconnaissance de l’Etat palestinien ont d’abord été formulées durant la récente agression israélienne contre Gaza, quand Paris essayait de faire oublier les propos honteux du président François Hollande.
Il est vrai que les crimes commis à Gaza par l’armée israélienne et la situation intolérable de ce territoire ont poussé les parlements à travers l’Europe à mettre sur la table cette question de la reconnaissance. Dans quelques jours, l’Assemblée nationale (le 28 novembre) et le Sénat (le 11 décembre) examineront une résolution peu contraignante en ce sens. Bien sûr, personne ne peut le regretter (même s’il faudra examiner le contenu des textes adoptés). Et si la France reconnaît officiellement l’Etat palestinien, on ne pourra que s’en réjouir, mais modérément. L’acte aura pour conséquence de confirmer la présence de la Palestine sur la carte politique et diplomatique. Mais au-delà ? Même en supposant que la solution à deux Etats soit encore possible malgré la colonisation, la question est de savoir si la reconnaissance la rend plus proche. Or, elle ne met un coup d’arrêt ni à l’extension des colonies, ni à la judaïsation de Jérusalem, tandis que les Palestiniens subissent une répression quotidienne. Et que dire de la situation à Gaza, où la reconstruction est bloquée par le siège israélien, auquel l’Egypte du maréchal Sissi apporte sa contribution ?
Dans les conclusions de sa réunion du 17 novembre, le Conseil des affaires étrangères de Bruxelles, malgré un ton un peu plus ferme à l’égard d’Israël, renvoie les deux parties dos à dos et, surtout, n’envisage aucune mesure alors même que le blocus de Gaza par Israël (soutenu par l’Egypte) se poursuit et que le texte attribue à Israël toutes les décisions hostiles à la paix [1], il ne prend aucune mesure et renvoie les parties dos à dos. Et il salue encore une fois les « efforts » du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a pourtant un bilan déplorable, dû largement au fait que, loin d’être un intermédiaire équitable entre les deux parties, il partage pour l’essentiel la vision israélienne de la « sécurité » et de la « paix ». Et si les conclusions du Conseil stipulent qu’il ne doit pas y avoir de retour au statu quo et que le blocus de Gaza doit être levé, le mécanisme d’entrée des matériaux dansGaza négocié par l’ONU, et mentionné comme « un pas important », n’est en définitive ni plus ni moins qu’un retour à ce statu quo — sachant que l’entrée des matériaux pour les projets de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et de l’aide internationale humanitaire était déjà possible.
Les révélations des projets européens de sanctions par le quotidien Haaretz, le 17 novembre (Barak Ravid, « Haaretz obtains full document of EU-proposed sanctions against Israël »), auraient pu faire naître certains espoirs. Des mesures y sont proposées qui vont jusqu’à demander aux compagnies européennes de ne pas travailler dans les colonies (il est étrange que ces investissements, totalement illégaux du point de vue du droit international, soient encore autorisés !), le boycott des figures israéliennes hostiles à la solution à deux Etats (mais il faudrait dans ce cas boycotter le gouvernement israélien lui-même...), etc. Or, contrairement à ce que laisse supposer l’article de Haaretz, écrit par un journaliste connu pour ses excellents contacts avec les services de renseignement israéliens, ce texte ne reflète que la volonté de quelques Etats (Suède, Irlande, Pays-Bas, Autriche) et n’a été rédigé que par une poignée de personnes. Il n’a aucune chance de passer les différents groupes de travail au sein du Conseil européen (et donc d’être avalisé par les instances décisionnelles de l’Union européenne, comme le Conseil des affaires étrangères). Mais sa divulgation (à travers les alliés européens d’Israël — République tchèque et Allemagne —, sans doute) sert surtout à la propagande de Tel-Aviv, qui ne va pas manquer de dénoncer l’« antisémitisme européen », ce qui obligera, une fois de plus, l’Europe à se coucher.
Notes
[1] « Actions which call into question stated commitments to a negotiated solution must be avoided. The EU deeply deplores and strongly opposes the recent expropriation of land near Bethlehem, recent announcements of plans for new settlement construction, in particular in Givat Hamatos, Ramat Shlomo, Har Homa and Ramot, as well as plans to displace Bedouins in the West Bank and the continued demolitions, including of EU and Member States funded projects. It urges Israël to reverse these decisions which run counter to international law and directly threaten the two state solution. Recent settlement activity in East Jerusalem seriously jeopardizes the possibility of Jerusalem serving as the future capital of both states. Recalling that settlements are illegal under international law, the EU and its Member States remain committed to ensure continued, full and effective implementation of existing EU legislation and bilateral arrangements applicable to settlement products. The EU closely monitors the situation and its broader implications and remains ready to take further action in order to protect the viability of the two state solution. »

Abu Tariq : "Nous sommes plus puissants aujourd'hui"

Par Ziyad Nakhalé
Le secrétaire général adjoint du Mouvement du Jihad islamique en Palestine, dans une interview accordée à Falastin al-Yom le 25 novembre 2014, a déclaré :
« Le plan appelé Serry est en réalité une vision « israélienne » pour la reconstruction, mais sous administration internationale. De plus, il accorde une légalité internationale au blocus imposé depuis sept ans sur la bande de Gaza. C’est pourquoi nous refusons ce plan par principe et toutes les formations palestiniennes ont adopté cette position.
Ziyad Nakhalé, dit Abu Tariq, secrétaire général adjoint du mouvement du Jihad islamique enPalestine
Il est nécessaire d’insister sur notre position consistant à lever entièrement le blocus, la poursuite de la guerre pendant plus de 50 jours visait à mettre fin au blocus. Dans tous les cas, si le blocus est maintenu et que la reconstruction est gérée de cette manière humiliante pour le peuple palestinien, la résistance fera tout ce qui est en son pouvoir pour achever le blocus, même si elle devrait s’engager dans une nouvelle confrontation. La situation ne peut durer ainsi et "Israël" sait plus que tous les autres qu’en poursuivant le blocus il ne pourra obtenir le minimum de sécurité, comme le disent ses politiciens. »
A propos de la situation dans al-Quds :
« "Israël" n’a jamais cessé sa politique de répression et d’oppression à l’encontre du peuple palestinien dans la ville d’al-Quds. Les mesures de judaïsation se poursuivent, la démolition des maisons et l’expulsion de leurs habitants, sous des prétextes divers, les mesures de colonisation et de profanation de la mosquée al-Aqsa et finalement, le retrait de la nationalité "israélienne" que personne d’ailleurs ne regrette, toutes ces mesures et d’autres ne changeront rien au fait qu’al-Quds est notre capitale éternelle, elle fait partie de notre doctrine. La volonté des Palestiniens à la défendre ne peut être brisée, aussi longtemps que dure l’occupation. Certes, Gaza et les autres villes palestiniennes sont concernées par ce qui se passe dans al-Quds, tout le peuple palestinien, les peuples arabes et musulmans aussi. »
« L’accentuation du blocus contre la bande de Gaza influe négativement sur la résistance et ses moyens pour renforcer ses capacités. Au cours de la guerre de 2014, la partie la plus importante des fusées était de fabrication locale. Cela veut dire que quiconque a pu faire cela et a poursuivi le combat pendant près de deux mois peut trouver les moyens pour faire plus. Je peux affirmer en toute confiance que la résistance n’est pas moins puissante qu’avant, avant la dernière guerre. Et même, peut-être plus puissante par rapport à certains aspects. La résistance n’a pas arrêté, même un instant, de consolider ses capacités dans tous les domaines. »
Q. "Israël" prétend qu’il a détruit la majeure partie des armes de la résistance
« "Israël" peut dire ce qu’il veut, mais la réalité est tout le contraire. La guerre et l’agression furent stoppées lorsqu’il y a eu l’accord de cessez-le-feu au Caire, et jusqu’à la dernière minute, la résistance était sur le terrain, avec ses hommes, ses combattants et son peuple. Elle n’avait arrêté de viser les villes et colonies de l’ennemi que lorsque l’heure zéro a été fixée, et cela par décision de la direction de la résistance. Si "Israël" avait pensé avoir détruit la majorité des armes de la résistance, comme il l’affirme, il aurait certainement poursuivi son agression. 
Sa délégation aux négociations attendait au Caire la position de la résistance. Ses colons, à 10 kms, avaient évacué la bordure de Gaza et n’y sont revenus que lorsqu’ils furent certains et qu’ils ont entendu la proclamation du cessez-le-feu par la résistance. Dans tous les cas, je peux affirmer que la résistance est plus puissante et plus capable de ce qu’elle était avant l’agression de 2014. »
Q. La résistance est-elle en recul dans le cadre des évolutions dans les Etats arabes ?
« A première vue, il le semble, mais si nous étudions la situation régionale et internationale avec précision, nous trouvons que la résistance, malgré les tentatives de l’ignorer sur le plan médiatique, est à la base de toute chose. Il est vrai que la résistance peut assister à des situations de flux et reflux, mais elle est toujours présente, tant qu’il y a une chose qui s’appelle la question de la Palestine. Qui peut ignorer une question aussi ample que la question de la Palestine ? La résistance est le peuple de Palestine et elle est laPalestine en soi. La Palestine attire les cœurs de toute une nation, les arabes et les musulmans, et avec eux les libres de ce monde. Qui peut encercler tout ce monde ? Il faut savoir que nous sommes aujourd’hui plus puissants que toute période passée, en tant que résistance et en tant qu’esprit de la résistance. »
Source : Falastin al-Yom
Traduction : Baladi

Commémoration du partage de la Palestine, le 29 novembre 1947

Par Association de Palestiniens en Ile de France
Le 29 novembre 1947, l’Organisation des Nations unies partage une terre, la Palestine, qui ne lui appartient pas (résolution n° 181) en deux États, « juif et arabe ». Cette partition est illégale au regard de la charte même des Nations unies. Elle instaure une injustice flagrante car elle s’opère sans que soient consultés les Palestiniens, qui, à l'époque, vivent sous occupation anglaise. De plus elle brise une coexistence millénaire entre des citoyens arabes de confession juive, ou musulmane, ou chrétienne. Cette résolution introduit une séparation entre citoyens sur la base de leur religion et une ségrégation au profit d’un objectif colonialiste. Le regrettable alibi brandi alors par le mouvement sioniste n’est autre que le génocide hitlérien.
À la mer : à la fin avril 1948, les Palestiniens furent acculés à se jeter à la mer dans le port de Jaffa, car les voies de terre avaient été coupées par la Haganah. Les dizaines de milliers d'habitants de Jaffa et des villages environnants en furent réduits à fuir par bateaux vers Gaza, l'Égypte et le Liban. Plusieurs dizaines d'entre eux se noyèrent. "Les Palestiniens avant leur diaspora", Walid Al Khalidi.
Au lendemain de cette partition, les forces sionistes entreprennent un nettoyage ethnique des territoires qui leur ont été attribués par l’Onu afin d’en expulser les non-juifs. Il s’ensuit des massacres comme celui de Deir Yassin et l’expulsion de populations estimées à 900 000 personnes ainsi que la destruction de 531 villages et 300 hameaux. La Palestine est en grande partie détruite et sa société déracinée.
Refusant cet inique plan de partage, les Palestiniens ont été spoliés de leurs droits fondamentaux ainsi que de leurs biens et de leur terre — quel être humain accepterait de voir sa terre occupée et de se faire expulser de chez lui ? Les Palestiniens ont été jetés à la mer et sur les routes de l’exil (voir photos ci-dessous). Ce fut la Nakba, c’est-à-dire la «catastrophe». L’État colonial - Israël a été créé en 1948 sur ces violences et ces ruines.
Les terroristes juifs de la Haganah expulsant des Palestiniens © Imperial War Museum, Londres.
À partir de 1948, l'occupant a instauré un véritable arsenal législatif et juridique afin d’empêcher les Palestiniens de revenir sur leurs terres (loi des «présents-absents»). Il facilite aussi l’immigration des juifs du monde entier vers la Palestine. En plus de l’expulsion des autochtones et de la confiscation des terres, Israël installe des colonies de peuplement afin de changer définitivement le statut démographique des territoires palestiniens.
Si, en 1948, Israël occupe une partie de la Palestine, en 1967 il met la main sur le reste des territoires palestiniens (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem Est) ainsi que sur le Sinaï égyptien et le plateau du Golan syrien. Ce sont alors environ 300 000 Palestiniens de plus qui se voient chassés et interdits de retour chez eux. Le même processus de colonisation est mis en œuvre dans tous ces territoires et perdure encore. Les Palestiniens expulsés entre 1948 et aujourd’hui, ainsi que leurs descendants, sont estimés à près de 7 millions (sur un total de 11 millions). Ils vivent dans des camps de réfugiés sur leur propre terre, au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde, dans l’attente et l’espoir de leur retour chez eux.
Depuis ce jour funeste du 29 novembre 1947, qui est en fait le premier jour de notre Nakba, l’ONU, à l’origine de la spoliation de nos droits et de notre terre, a décrétée le 29 novembre de chaque année, la « Journée Internationale de Solidarité avec le peuple palestinien ».
Mais de quelle solidarité s’agit-il ? C’est plutôt une mascarade dramatique pour notre peuple, qui en compensation de la perte de sa terre, se voit attribué « Une journée par An de Solidarité ».
Le 29 novembre 1947, la Palestine est partagée, sa population est massacrée et chassée et une entité coloniale est légitimée. Alors non merci pour ce genre de solidarité.
Le pire aujourd’hui, c’est que le peuple palestinien se fait massacrer depuis 1947 sans qu’aucune instance internationale ne sanctionne cet Etat colonial et la résistance de notre peuple est considérée comme terroriste. La guerre contre Gaza cet été ainsi que la campagne de terreur et de confiscation des maisons à Al Qods en sont de parfaits exemples. 
Bombardement de Gaza, été 2014
Près de 2.200 martyrs, en majorité des civils, dont près de 450 enfants, et plus de 10.000 blessés. 10.690 logements, 141 écoles, 23 établissements médicaux dont 5 hôpitaux, 64 mosquées, une église, et la centrale électrique ont été détruits, des quartiers entiers dévastés. Coût global estimé de ces destructions : 5 milliards de dollars. Ce bilan s’ajoute au blocus terrestre, aérien et maritime du territoire palestinien depuis 2007 et à nombre d’agressions meurtrières.
Evidemment, nous ne sommes pas dupes. Ce n’est pas dans notre intérêt que s’est déroulée cette page de l’histoire, mais les sionistes et leurs alliés savent aussi que le peuple palestinien ne renoncera jamais à sa terre historique et à ses droits légitimes – dont le droit au retour de tous les réfugiés depuis 1947 et l’instauration d’un Etat indépendant avec Al Qods pour capitale.
Nous devons rester mobilisés pour :
- exiger la levée immédiate du blocus de Gaza ;
- demander au Parlement européen la suppression des accords d’association entre l’UE et Israël pour crimes de guerre ;
- soutenir le droit légitime du peuple palestinien à résister contre toute forme de colonisation et d’occupation dans le cadre de sa lutte de libération et pour l’indépendance sur sa terre historique, la Palestine ;
- soutenir la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) comme à l'époque de l'apartheid en Afrique du Sud jusqu’à l’abolition de l’État colonial - Israël.
Vive la résistance palestinienne,
Vive la Palestine libre et indépendante de la mer au Jourdain avec Al Qods pour capitale
Association de Palestiniens en Ile de France / Paris, le 24 novembre 2014
Contact : assoc.pal.if@gmail.com

La Troïka des pillards de Gaza : Israël, l'Autorité palestinienne et l'UNRWA

Par Orouba Othman
Cet article, publié sur le site en anglais d'Al-Akhbar le lundi 24 novembre 2014, est une traduction de l'édition en arabe.
Le dossier de la reconstruction de Gaza a entraîné des paradoxes grossiers, de ceux qui apporteront davantage de misère dans la petite enclave après l'accord fragile de cessez le feu. Ce qui vraiment brise le cœur des Palestiniens de Gaza, c'est que les mêmes qui ont fait pleuvoir des tonnes d'explosifs sur leurs têtes vont les inonder de leurs "bienfaits", et même en tirer profit... Alors qu'ils ont payé du prix de leur sang, leurs assassins sont récompensés par la reconstruction de la Bande, et en les espionnant, sous le couvert de la communauté internationale.

Des Palestiniens fuient leur quartier détruit en carriole, à Beit Hanoun, au nord de Gaza, le 18 août 2014 (AFP / Thomas Coex)
Bande de Gaza - Maintenant que le temps a révélé ce qui était caché, il est clair que la reconstruction de la Bande de Gaza va être une affaire lucrative pour de nombreuses parties, à savoir l'Autorité palestinienne (AP), qui est censée être bouleversée par la vue des Gazaouis déplacés dormant dehors. Elle a toutefois fermé les yeux devant cet accord "payant" au moyen de deux organes d'investissement : le Fonds d'investissement palestinien (Palestinian Investment Fund, PIF) et le Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction (Palestinian Economic Council for Development & Reconstruction, PEDCAR). Via ces deux organismes, des sommes d'argent importantes vont être acheminées dans les poches de la société israélienne Nesher, avec qui l'AP a passé contrat pour l'importation de matériaux de construction, notamment le ciment, tandis que l'Office de secours et de travaux pour les réfugiés des Nations Unies (UNRWA) prendra une part du gâteau.
Le trio (Israël, UNRWA et l'AP) n'a eu aucune considération pour le sang glacé qui coule dans les veines des personnes déplacées. Tout ce dont il se soucie, c'est de faire du profit au dépens du sang qui a coulé en abondance pendant 51 jours de guerre. C'est particulièrement vrai pour l'AP, qui, dans le "marché", conjugue politique et capital à travers deux entreprises, Emaar et SANAD, tandis que l'UNRWA supervise la légitimation et la réglementation du blocus sous le prétexte de "suivi des matériaux de construction à usage double."
Après avoir accepté les conditions de l'ennemi dans les plus infimes détails, en particulier en ce qui concerne les systèmes de surveillance, le contrôle sécuritaire strict du rôle des Nations Unies [par Israël] a diminué de façon spectaculaire, si on le compare au plan de reconstruction qui a suivi la guerre de 2008, qui ne stipulait pas les contrôles de sécurité.
Selon ce rôle, et selon le plan de l'envoyé des Nations Unies Robert Serry, les maisons des familles des combattants de la résistance resteront à l'état de gravas puisqu'elles sont considérées comme "liées au dossier sécurité" par Israël, tandis que l'UNRWA recevra environ 20 pour cent des fonds de reconstruction pour les distribuer, à titre de récompense, à environ 200 à 500 inspecteurs internationaux, dont la mission est de surveiller la mise en œuvre du processus.
L'UNRWA se démène également pour prendre la direction de la dépense des fonds de reconstruction. Elle a récemment publié une proposition globale qui met en avant sa vision et sa capacité à construire 14.000 maisons en 2 ans, citant son "expérience accumulée" dans la construction de complexes résidentiels comme les quartiers saoudiens, émiratis, indiens et japonais à Gaza.
On a également dit que le [prétendu] refus de 30 organisations internationales de reconstruire les structures adjacentes à la frontière orientale n'est qu'une partie du plan visant à reconstruire le secteur de manière à ce que la résistance ait des difficultés à en modifier l'infrastructure. Ceci explique pourquoi ces organisations ont mis en œuvre leurs projets sous le couvert de secours et réhabilitation pour une période de 18 mois - à partir du mois prochain - sauf les projets de réhabilitation des maisons détruites.
Une source haut placée à l'UNRWA a défendu la position de l'organisation, disant que "les Nations Unies n'ont pas élaboré le plan seules, c'est le produit de longues négociations entre la délégation palestinienne dirigée par le Premier ministre Rami Hamdallah, la délégation israélienne dirigée par le major-général Yoav Mordechai, chef de l'administration militaire israélienne dans les territoires palestiniens, et l'ONU représentée par un seul représentant du bureau de Robert Serry."
La source a indiqué à Al-Akhbar que "le plan n'a été approuvé qu'après le consentement du Fatah et du Hamas, raison pour laquelle Moussa Abu Marzouk, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a exprimé sa surprise devant l'opposition au plan."
Israël se taille la part du lion
Selon les chiffres disponibles, les entreprises israéliennes vont recevoir environ 70% des profits de la reconstruction, qui iront pour la plupart à la société Nesher, ainsi qu'à un certain nombre d'usines dans les colonies. La société, qui a été lancée à Haifa en 1925 et est l'un des principaux producteurs de ciment en Israël, monopolisera la fourniture en matériaux de construction au secteur dévasté, après la mise sur la touche des sociétés égyptiennes. Ironie de l'histoire, le mur d'apartheid et les colonies qui étranglent la Cisjordanie occupée sont construits avec le ciment produit par cette compagnie.

L'engagement de l'autorité de traiter avec cette société est conforme aux Accords d'Oslo et au Protocole de Paris, qui renforcent la dépendance de l'économie palestinienne envers son homologue israélien. Plusieurs accords obligent Ramallah à importer le ciment exclusivement de Nesher par la Compagnie palestinienne des services commerciaux (Palestinian Commercial Services Company) connue sous l'acronyme de SANAD, et s'il est nécessaire d'importer de tout autre pays, l'AP devra mendier l'approbation israélienne.
Les mêmes chiffres montrent que la société israélienne satisfait 80 pour cent des besoins en ciment de la Cisjordanie et de Gaza. Israël a tâté le terrain en faisant entrer 600 tonnes de ciment (18 pour cent des besoins quotidiens) une seule fois le mois dernier - le jour où le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon est venu à Gaza - et ces quelques tonnes sont restées dans les entrepôts pendant 15 jours avant d'être mises à la disposition des personnes touchées, qui ont reçu moins que le quota requis.
Maher Tabba, analyste économique, a dit à Al-Akhbar que "seulement 20 pour cent des besoins quotidiens totaux en ciment sont parvenus à Gaza, entre le cessez-le-feu et la semaine dernière" ; il a fait remarquer qu'après la réception des fonds de reconstruction, "l'ennemi israélien en aura la plus grosse part, en plus de la déduction d'un pourcentage pour les projets internationaux."
SANAD et la soif de l'argent
Quand à l'Autorité palestinienne, il est important de connaître l'histoire de SANAD, qui est chapeauté par le Fonds d'investissement Palestine(Palestine Investment Fund, PIF), et est actuellement dirigé par Louay Kawas. Il semble que la société a saisi l'occasion au bon moment pour développer son activité et monopoliser le marché du ciment au détriment des commerçants de Gaza. Elle a été fondée en 1994 et est l'agent exclusif de Nesher. Elle a récemment subi une restructuration et a changé son nom pour "SANAD pour les industries de la construction", pour passer du secteur des services à celui de la production.
Les entreprises de Gaza ont exprimé leur forte objection quand SANAD a établi une liste de 12 entreprises qui seront les distributeurs exclusifs de ciment, arguant des restrictions israéliennes, bien que la plupart des entreprises s'étaient conformées aux conditions imposées par le plan "Serry". "La tromperie des commerçants" par SANAD ne s'est pas arrêtée là. La société a signé des contrats suspects avec les entreprises sélectionnées, et a demandé à leurs propriétaires d'importer tous les matériaux de construction exclusivement d'elle-même, même si elle est n'a que le droit d'imposer des restrictions sur l'importation de ciment, sans parler des profits des entreprises de Gaza dans ce processus, qui seront inférieurs à 6$ par tonne de ciment.
Kawas est allé récemment à Gaza, apparemment pour tenter d'augmenter le montant des bénéfices de son entreprise au détriment des commerçants. Il a visité des usines de béton et a signé des contrats avec les propriétaires pour réhabiliter leurs usines en échange de plus de 50 pour cent de leur capital.
Conflit entre le Fonds palestinien d'investissement (PIF) et le Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction (PECDAR)
Avant que SANAD (qui opère dans le cadre du PIF) remporte le "privilège de la reconstruction", l'entreprise a été impliquée dans une guerre secrète avec le PECDAR, bien que les deux sociétés aient obtenu leur influence des pouvoirs exécutifs palestiniens et soient des exemples frappants de conflits d'intérêt et des interrelations entre le politique, l'argent et les affaires à Ramallah. Les deux sociétés ont préparé des plans de reconstruction "incomplets" simplement pour obtenir une plus grosse part du gâteau.
Quelques jours à peine après la fin de la guerre, PECDAR a présenté son projet, constitué de 200 pages, aux médias, ce qui soulève des doutes sur le mécanisme de sa préparation et la raison qui se cache derrière l'urgence. Il convient de noter que le ministère palestinien des Travaux Publics a annoncé, il y a quelques jours, la fin de la période d'inspection des dommages causés par la guerre israélienne sur Gaza.
PECDAR est actuellement géré par Mohammed Shtayyeh, membre du Comité central du Fatah. La structure a été fondée par l'OLP en 1993 pour mettre en œuvre les projets d'infrastructure et la préparation des études sur les besoins des villes palestiniennes. Un rapport préparé par le groupe de la société civile Coalition pour la responsabilité et l'intégrité (Coalition for Accountability and Integrity, AMAN), dit que PECDAR n'est qu'une extension naturelle de l'autorité, ce qui explique qu'elle soit l'objet d'un faible contrôle financier et administratif. Même son Conseil d'Administration n'a pas été convoqué depuis environ 15 ans.
Le fonds d'investissement géré par le vice-Premier ministre, Mohammed Mustafa, cherche également à prendre la tête dans le domaine de la reconstruction. Son nom est apparu à propos de cas de corruption financière à grande échelle, ce qui reflète le conflit d'intérêt dans la reconstruction deGaza, puisque Mustafa cherche à faire qu'Emaar - la branche investissement du PIF - entreprenne le processus de reconstruction, sans parler des bénéfices que récoltera SANAD, qui opère sous le même fonds. Toutes les allégations de corruption liées au fonds reflètent le volume des "produits" financiers qui iront au fonds si la reconstruction a lieu sous sa direction.
Commentant ceci, l'homme d'affaires palestinien Osama Kahil dit que "le monopole du PIF aboutira à l'exclusion du secteur privé du processus de reconstruction, comme c'est le cas en Cisjordanie , où le fonds a fait des investissements lourds dans des projets résidentiels haut de gamme et éjecté les entreprises privées."
"Le plan de reconstruction peut être interprété de deux façons : d'abord, il y a la stupidité de toutes les parties qui ont approuvé le plan. Deuxièmement, c'est une conspiration contre Gaza qui impliquent ces mêmes parties," a-t-il dit à Al-Akhbar.
Kahil n'exclut aucune partie de la corruption sur la question de la restructuration. Il a dit que "l'Autorité palestinienne, y compris ses ministères et ses structures, le Hamas compris, a approuvé le plan dans tous ses détails, et puis est venue la bénédiction des factions, qui n'ont fait aucune objection jusqu'à la question des caméras de surveillance." Il s'est demandé, d'un ton désapprobateur : "N'est-ce pas de la coordination sécuritaire avec l'ennemi ? Comment acceptons-nous d'être des agents d'Israël, par procuration ?"
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM

Christophe Oberlin : « La population de Gaza est à bout. Tout peut arriver »

Par Christophe Oberlin
En juillet-août 2014, durant l’agression israélienne contre la population de Gaza Christophe Oberlin a accusé François Hollande pour son soutien à Israël. Ayant également mis en cause l’Autorité palestinienne pour avoir saboté la plainte déposée auprès de la CPI, Christophe Oberlin a été vivement critiqué par les responsables de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS). Il raconte tout cela dans l’ouvrage : « Le chemin de la Cour – Les dirigeants israéliens devant la Cour Pénale Internationale ». (Editions Eric Bonnier -14.17 EUR)


Ecoutez l'entretien réalisé le 25 novembre 2014, à Paris, par Silvia Cattori et Gérard Lazare, sur le site Arrêt sur Info

Des pluies torrentielles dévastent Gaza

Des familles fuient la montée des eaux - les équipes de secours sont sur la brèche – l’UNRWA déclare l’état d’urgence.
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Les eaux se sont répandues dans Gaza, aggravant encore les destructions infligées par l’agression israélienne de l’été dernier - Photo : MEE/Mohammed Asad
Ce n’est pas la première fois que Shadi Swerki est obligé de quitter sa maison touchée par l’inondation à al-Nafaq – une zone de basses-terres dans Gaza Ville qui est souvent la première à se trouver sous eau après de fortes chutes de pluies.
Il était minuit et Swerki n’a pas eu le choix : il a attrapé Amal, sa petite fille de 4 ans, et s’est mis à courir. Son épouse le suivait de près, portant leur fils Mohammed, 2 ans.
« Je n’ai pas le choix, nous ne pouvons lutter contre les eaux qui pénètrent dans nos maisons » » dit ce jeune père de 31 ans.
Aux premières heures de ce jeudi l’eau a déjà monté de 1,5 m et on attend encore de la pluie.
Les fortes averses ne permettent pas de rassembler beaucoup d’effets personnels : il faut partir en abandonnant vêtements et autres affaires dans la maison, tout en sachant que la plupart seront gâchés quand ils pourront rentrer. Tous les voisins sont eux aussi obligés d’évacuer rapidement en n’emportant qu’un strict minimum.
La scène n’est que trop familière. Ces départs en urgence, ils les ont vécus tant de fois cet été, pendant les 51 jours de l’agression israélienne. Une fois encore, on voit ces enfants qui pleurent, ces femmes et ces personnes âgées qui fuient dans les rues afin de trouver un abri – le spectacle est le même, que ce soit une fuite devant les eaux montantes ou les bombes israéliennes.
Les équipes de pompiers viennent assister à l’évacuation. Ils tentent d’aider les familles qui n’arrivent pas à quitter leur habitation assez vite. Mais tant de gens ont besoin d’aide et il y a peu d’équipements pour aider ceux qui sont en difficulté.
« Ma mère a dû fuir Shejayah pendant la guerre, mais maintenant c’est moi qui vais m’enfuir chez elle, pour avoir un abri » dit Swerki devant ses enfants qui tremblent de froid.
La section des pompiers a ordonné l’évacuation aux habitants d’al-Nafaq, mais beaucoup de gens n’ont nulle part où aller. Les écoles sont déjà pleines de familles à qui la guerre israélienne a fait perdre leur logement, tandis que les amis et les parents, qui ont déjà peu de place, abritent encore ceux qui ont été frappés le plus durement par la guerre.

Pour la plupart des familles déplacées du quartier d’al-Nafaq, la pluie vient de parachever ce que l’offensive n’avait pu accomplir : elle les déplace et les paralyse, les laissant sans rien sous le vent mordant de l’hiver.
C’est l’une des nuits les plus froides que Gaza a connues en cette fin d’année, mais hélas les météorologues prévoient le pire pour les prochains jours, en particulier pour les familles habitant les basses-terres.
En principe ceux qui habitent les étages inférieurs sont le plus touchés par les pluies, et c’est là que les pompiers de Gaza envoient la majorité de leurs effectifs pour évacuer ces familles en premier. Mais celles des étages supérieurs souffrent elles aussi.
Jusqu’à présent elles avaient été épargnées par les eaux mais là elles n’auront plus la possibilité de sortir pour aller s’approvisionner en eau potable et en alimentation avant le reflux des eaux.
Le service incendie a préparé ses embarcations pour circuler dans le quartier inondé, à la recherche de ceux qui auraient pu être piégés, mais leurs ressources sont limitées. 
La municipalité n’est pas en mesure de mobiliser suffisamment de camions pour pomper les eaux dans la zone proche de la plage, ce qui veut dire que la situation va encore empirer avant que les choses aillent mieux.
Répercussions
La compagnie d’électricité a encore réduit le nombre d’heures – déjà rationné – de fourniture de courant. Les coupures visent à prévenir tous les problèmes publics liés à l’électrocution et à toutes autres répercussions possibles, mais elles entravent d’autant plus les efforts des secouristes et rendent encore plus difficile la vie de ceux qui sont piégés à l’intérieur.
Aux services des urgences de la Ville de Gaza, Sadeddin Al-Atbash a demandé à tous les commerçants d’évacuer leur magasin et leurs entreprises, craignant que des conteneurs à ordures et des eaux usées ne se répandent dans les rues et dans les quartiers avoisinants. Atbash a fait appel à tous les fonctionnaires palestiniens pour qu’ils interviennent et participent au nettoyage dans toute la bande e Gaza, mais les progrès ne seront pas rapides.
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Beaucoup de Gazaouis étaient déjà sans abri après l’agression israélienne de l’été dernier - Photo : Mohammed Asad/MEE
Comme l’explique Swerki : « L’eau, c’est irrésistible, alors qu’est-ce qu’une excavatrice de la municipalité peut faire – toute l’eau entre partout – juste de l’eau froide qui pénètre dans nos chambres à coucher ».
Les inondations sont un problème terrible à Gaza, car les autorités manquent d’équipement, d’expertise et de fonds pour s’attaquer correctement au problème. Le blocus israélien, qui dure depuis sept ans, n’a fait qu’exacerber une situation déjà affreuse car il a suspendu tous les biens vitaux pour un million huit cent mille personnes.
A ces énormes difficultés se sont ajoutées celles de la brutale agression estivale qui a causé des pertes évaluées à 5 milliards de dollars selon le Ministère du Logement et des Travaux Publics.
Mais les habitants de Gaza blâment également le gouvernement de consensus, responsable selon eux de la crise en général, et ils appellent le président Mahmoud Abbas et le Premier Ministre Rami Al-Hamdallah à agir rapidement. L’an dernier en décembre des milliers de familles gazaouies avaient été déplacées quand une vague de froid intense et des pluies torrentielles avaient inondé des quartiers entiers, y compris al-Nafaq, causant des dommages importants.
Le Gazaoui Mohammed El-Dalou, 62 ans, est un de ceux qui blâment le gouvernement, disant que ce dernier a ignoré les appels de la population l’an dernier. Selon Dalou, avant d’être au pouvoir le gouvernement d’union actuel aurait dû être au courant des besoins de Gaza et en faire une priorité. « Ceux dont les maisons ont été emportées, pas plus que ceux qui se sont noyés l’an dernier n’ont reçu aucune forme de compensation jusqu’à ce jour » dit-il. « On n’a même pas accordé de dommages pour tous les biens et toutes les marchandises perdus – et cette année les inondations vont être encore plus catastrophiques si nous n’obtenons pas une intervention immédiate. Nous sommes au seuil de l’hiver, et regardez ce qui se passe ! Imaginez quand il va pleuvoir plus fort les prochaines semaines ! » ajoute-t-il.
La crise n’est pas facile à résoudre. Ce sont des basses-terres et il est peu probable que des efforts autres qu’une planification urbaine massive puissent aider à mieux protéger la zone et à drainer l’excès d’eau. Et si al-Nafaq capte le plus d’attention, il y a d’autres parties de la bande de Gaza également inondées.
Actuellement des centaines de Palestiniens de Gaza Ville ont commencé à évacuer leur maison par crainte de nouvelles inondations. « Nous vivons d’une inondation à une guerre. La guerre et puis les inondations, alors on déménage, mais on est fatigués de se déplacer d’une inondation à une autre guerre » dit Swerki contemplant les destructions, quelques vêtements sur un bras et sa fille dans l’autre.
Avec des équipes de secours terriblement dépassées et des pluies ininterrompues, il n’y a plus vraiment le choix. Dans cette désolation un simple tuk-tuk, moto-scooter à trois roues, se fraie un passage pour apporter des matelas aux quelques endroits restés au sec où des familles se sont blotties, tentant dormir un peu. Le tuk-tuk persévère, alors que des véhicules plus gros crachotent en refusant de démarrer.
Quelques ânes trempés jusqu’aux os viennent aussi à la rescousse et font des sauveteurs de la dernière chance. Pour Swerki, la charrette tirée par un âne n’est pas vraiment l’idéal. Il y a des limites à ce qu’elle peut tracter et les roues s’enlisent dans la boue, ils paniquent aussi quand l’eau leur arrive aux oreilles. Mais ce n’est pas la première fois que Swerki doit tout faire pour sauver sa famille et quelques bricoles de l’emprise de la tempête, et il n’ignore pas que l’âne offre quelquefois la seule issue possible.
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Mohammed Omer est un journaliste palestino-néerlandais renommé, basé à Gaza.
http://www.middleeasteye.net/news/h...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM

Les assassinats par la police israélienne provoquent des troubles en Galilée

La brutalité des forces de la sécurité et le sentiment d’oppression unissent les Palestiniens des deux côtés de la Ligne Verte.

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Marche à Ramallah des Palestiniens en solidarité avec Jérusalem, le 14 novembre - Photo : AA
KAFR CANA, Galilée – Sous une tente, Rauf Hamdan recevait les marques de sympathie et de consolation de la part d’un flot continu de sympathisants venus lui présenter leurs condoléances suite au décès, une semaine auparavant, de son fils abattu dans la rue par la police Israélienne.
Il raconte à Middle East Eye : « Heureusement que les caméras de surveillance ont enregistré son assassinat, autrement, la police m’accuserait de mensonge lorsque je dis que mon fils a été tué de sang-froid. La police peut prétendre ce qu’elle veut mais la vérité est à portée de tous. »
En effet, les images de vidéosurveillance qui ont filmé l’assassinat du jeune Kheir Hamdan, 22 ans, ont fait le tour des médias sociaux et ont déclenché au cours de la semaine dernière une vague de protestations qui n’est pas près de s’apaiser dans les communautés Palestiniennes dans tout Israël.
Hamdan est aussitôt devenu le symbole de la brutalité et de l’oppression israéliennes, un point commun qui réunit les expériences de 1.5 millions de citoyens Palestiniens représentant la grande minorité d’Israël avec leurs proches dans les territoires occupés de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza.
Bien que les habitants Palestiniens soient politiquement et territorialement déconnectés, toutes ces régions bouillonnent en fait d’une rage commune et à peine refoulée qui pourrait déclencher un nouveau soulèvement, ou une Intifada.
La maison de la famille Hamdan de Kafr Cana, une ville de 22.000 Palestiniens située au nord d’Israël, près de Nazareth, est située dans une ruelle surpeuplée, pas très loin d’une église sur le site où Jésus aurait effectué son premier miracle en transformant l’eau en vin lors des noces de Cana.
Mais à l’instar du reste des communautés Palestiniennes d’Israël, Kafr Cana semble être une communauté vivant sous un semblant d’occupation.
Terre et emplois de plus en plus rares
En dépit de l’affluence des pèlerins, Kafr Cana manque considérablement d’hôtels et de grands restaurants. Les autobus Israéliens y font une visite éclair qui n’apporte aucun avantage ou bénéfice habituel du tourisme.
Wadea Awawdy, journaliste local, a souligné que la moitié des habitants de la ville étaient âgés de moins de 18 ans. Cependant, les emplois sont rares tout comme des lots de terrain où construire une maison qui constitue généralement une condition culturelle préalable pour le mariage. Pour les résidents, cette situation est volontaire.
A Kafr Cana, l’état a mis la main sur les seules réserves foncières pour le logement et l’industrie en les réaffectant à Nazareth Illit, une ville Juive construite depuis des dizaines d’années dans le but de « judaïser » Nazareth et ses environs. « Ils possèdent une immense zone industrielle sur notre terre, » confie Awawdy. « La seule chose que nous obtenons de cette zone est la pollution provoquée par l’usine de fonderie de verre. »
A travers toute la Galilée, c’est la même image de négligence et de marginalisation qui touche les Palestiniens. Exclue d’une identité israélienne significative, cette minorité se sent de plus en plus concernée et impliquée dans la même lutte des Palestiniens à travers la Ligne Verte.
A l’entrée de la maison de Hamdan, comme dans toutes les familles palestiniennes dont un membre est tué par l’armée israélienne dans les territoires occupés, un poster du martyr est exposé montrant son visage encadré par le drapeau Palestinien..
Le passage qui conduit jusqu’à la tente du deuil est orné de photos de la Mosquée d’Al-Aqsa, un lieu saint Islamique placé souvent au centre des protestations Palestiniennes dans Jérusalem-Est occupée.
Quant au père du martyr, Rauf Hamdan, 50 ans, il a enroulé son keffieh autour du cou, le foulard rendu symbole de la résistance Palestinienne par Yasser Arafat.
Visages dissimulés
La semaine dernière, ces foulards dissimulaient les visages de quelques milliers de jeunes qui ont affronté la police à Kafr Cana et partout ailleurs pour protester contre l’assassinat de Hamdan. Cela n’a pas empêché la police d’arrêter des douzaines de jeunes.
Le keffieh a également été adopté par des milliers d’enfants palestiniens dans les écoles israéliennes au cours de la semaine passée, voulant ainsi attirer les regards sur leur mode de protestation. Mercredi dernier, un membre de la Knesset, le Palestinien Basel Ghattas a soulevé un tollé lorsqu’il s’est rendu au parlement Israélien coiffé de son keffieh.
« Israël nous considère comme ses ennemis seulement parce que nous sommes Palestiniens. Notre citoyenneté ne fait aucune différence pour les forces de sécurité, » estime Rauf Hamdan.
En effet, l’analyse de Rauf Hamdan va dans le sens d’une enquête officielle sur un incident survenu quatorze ans plutôt et où la police avait tiré des balles réelles et des balles en caoutchouc sur des manifestants désarmés en Galilée au début de la Seconde Intifada. Treize civils Palestiniens avaient été tués et des centaines blessés dans ce qui a été appelé les évènements d’octobre 2000.
La Commission Or [conduite par le juge Israélien Théodore Or] avait conclu que la police Israélienne considère la minorité Palestinienne comme « un ennemi. »
Cette semaine, un des membres de cette commission et professeur émérite de l’histoire du Moyen-Orient, Shimon Shamir, a déclaré sur les ondes de la radio israélienne que le comportement de la police envers la minorité palestinienne du pays n’a fait qu’empirer au cours des dernières années.
Ceci étant, estime Awawdy, la plupart des citoyens palestiniens en conviennent, notamment en visualisant la vidéo de l’assassinat de Hamdan.
Un sac de patates
Tard dans la nuit du 7 novembre, le jeune Hamdan était à la sortie d’un magasin pour matériel électrique près de chez lui. Ses derniers moments de vie ont été filmés par des caméras de sécurité et capturés sous plusieurs angles.
Le propriétaire du magasin, Ehab Khoury, exprime son énervement et sa colère à chaque fois qu’il regarde la vidéo. A l’instar de ses concitoyens, il est indigné et outré par les séquences de la vidéo montrant Hamdan tué à bout portant après avoir été touché à la partie supérieure de son corps lorsqu’il tentait d’échapper à un fourgon de la police.
A en juger par la réaction de Khoury et les voix étouffées sous la tente où a lieu le deuil, les séquences montrant Hamdan peu après avoir été grièvement blessé, trainé sur le sol par les bras puis à l’intérieur du fourgon sont encore plus exaspérantes et plus choquantes.
« Qu’est-ce qu’il est au juste ? » s’exclame Khoury « Un citoyen ou un sac de patates ? Pourquoi n’ont-ils pas appelé une ambulance lorsqu’il était évident que sa blessure était grave ? »
La police prétend avoir tiré un coup de semonce, action démentie par les caméras montrant l’officier auteur du crime. L’une des vidéos de Khoury appuie le fait que l’officier n’avait pas tiré pour avertir et montre l’ombre de son bras levé, portant une arme. Il se tenait de l’autre côté du fourgon, hors du champ de vision de la caméra.
Cette nuit-là, une balle a brisé la fenêtre de la chambre à coucher du voisin d’Edward Khoury. C’est pour dire que ce tir de sommation s’apparente plutôt à une action menée au mépris de la sécurité des résidents vivant tout autour.
D’autres détails ont davantage enflammé les passions. La vidéo montre le fourgon de police qui passe devant la caméra pour quitter Kafr Cana, après avoir procédé, tard dans la nuit, à l’arrestation du cousin de Hamdan suite à un incident domestique. Hamdan lui-même a été aspergé de gaz poivré pendant l’arrestation.
Plusieurs seconds plus tard, Hamdan apparait sur l’enregistrement courant après le fourgon qui quitte les lieux. Tout d’un coup, le véhicule réapparait devant les caméras, ce qui laisse penser que la police a décidé de rebrousser chemin pour régler les comptes de Hamdan.
Retarder l’arrivée à l’hôpital
L’enregistrement montre le jeune tapant sur la fenêtre avec un objet que la police prétend être un couteau. Mais il s’enfuit dès que la police sort de la voiture. Selon les rapports médicaux, il a été abattu par deux balles.
Par ailleurs, le cousin rapporte que la police a roulé pendant de longues minutes loin des hôpitaux les plus proches de Nazareth avant d’opter pour un hôpital encore plus lointain, situé à Afula, rien que pour perdre des minutes cruciales qui auraient sauvé la vie de Hamdan.
« Son assassinat était prémédité, » affirme son père « La police avait quitté la zone et si elle est revenue, c’est seulement pour le tuer. »
Pour leur part, les avocats des droits de l’homme au sein de Adalah, centre juridique pour la minorité Arabe d’Israël, sont tout à fait convaincus que Hamdan a bel et bien été « exécuté. »
Les délits d’homicide commis par la police constituent un phénomène continu depuis les 13 tués en octobre 2000, estime Jafar Farah de Mossawa, un groupe de défense de la minorité Palestinienne.
Mossawa a identifié 35 cas de citoyens Palestiniens ayant été tués dans des conditions similaires depuis l’an 2000 par les forces de sécurité, y compris les incidents récents de Kafr Cana. C’est seulement dans trois cas que les officiers ont été reconnus coupables, mais les tribunaux ont veillé à prononcer des courtes peines à leur encontre.
« Qu’elles soient en Israël ou dans les territoires occupés, les forces de sécurité utilisant des balles réelles peuvent compter sur l’impunité lorsqu’elles tuent des civils, » souligne Farah.
Il ajoute que si la police utilise des balles réelles contre les civils, c’est parce qu’elle a obtenu « le feu vert » de la part du ministre de la police, Yitzhak Aharonovitch qui, quelque jours seulement avant l’assassinat de Hamdan, avait déclaré que les terroristes « doivent être condamnés à mort » plutôt qu’arrêtés.
Ouverture d’une enquête ? Les citoyens demeurent sceptiques
Le procureur-général Yehuda Weinstein a insisté sur l’ouverture d’une enquête par Mahash, une commission du ministère de la justice. Toutefois, la minorité Palestinienne dans sa quasi-totalité ne s’attend pas à ce que l’enquête soit approfondie et consciencieuse.
« Je ne fais pas du tout confiance à Mahash et je ne pense pas qu’elle réussisse à aller au fond des choses pour dévoiler la vérité, » avoue Rauf Hamdan.
Ce scepticisme est partagé par les avocats des droits de l’homme. Un rapport récent de Adalah a noté que Mahash a classé sans suite, entre 2011 et 2013, 93% des plaintes, y compris des cas où il y a eu des violations manifestes des règlements de police.
Avant cela, Mahash avait été accusée de ne pas avoir proprement enquêté dans l’affaire des agents de police responsables de l’assassinat des 13 manifestants en octobre 2000. Aucun d’entre eux n’a jamais été inculpé.
Et puis, il est des signes qui révèlent que la police s’attend cette fois-ci encore au même traitement indulgent. Le Commissaire National, Yahanan Danino, a rejeté les critiques portées contre le traitement de Hamdan par la police en les qualifiant d’ « infondées » et d’« irresponsables. »
A ce titre, il faut dire que la préoccupation de la minorité palestinienne n’est pas limitée à la brutalité de la police uniquement, car la réaction politique est tout aussi troublante et inquiétante.
Dans cette perspective, Rauf Hamdan rappelle qu’aucun responsable du gouvernement n’est venu à la tente ni n’a daigné présenter des condoléances. Bien au contraire, les responsables dans le gouvernement se sont servis de la mort de Hamdan pour s’interroger encore une fois sur le statut de la minorité en tant que citoyens.
Le premier ministre Israélien, Benjamin Netanyahu et son ministre de l’économie, Naftali Bennett ont tous les deux suggéré que Hamdan était un « terroriste, » plaçant sa lutte avec la police au même niveau que les récentes attaques palestiniennes contre des civils israéliens.
Déplacement à Gaza
Plus inquiétant encore, Netanyahu a exploité la vague de colère en Galilée pour confirmer la méfiance et la suspicion grandissante de la minorité palestinienne envers les autorités israéliennes qui ne voient pas d’avenir peur eux dans un état juif.
Netanyahu a demandé au ministre de l’intérieur d’enquêter sur les manifestants de Kafr Cana et ailleurs, et de leur retirer leur citoyenneté. Il les a également exhortés à « rejoindre l’Autorité Palestinienne ou d’aller à Gaza…Israël ne placera pas d’obstacles sur leur chemin. »
Le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a également sauté sur l’occasion pour relancer la promotion de son plan consistant à redéfinir les frontières israéliennes dans le but d’expulser un quart de million des citoyens palestiniens. Il a déclaré : « Il est clair que la solution doit intégrer l’échange du territoire et de la population. Nous ici et eux là-bas. »
Pour Ahmed Tibi, membre de la Knesset, Netanyahu « a franchi la ligne jaune » en faisant de telles observations. Ce point de vue est partagé par le quotidien libéral Haaretz qui l’a accusé dans un éditorial « d’exposer son visage nationaliste au public. »
Depuis le début de l’année, Netanyahu et son gouvernement ont intensifié leurs efforts pour museler les représentants de la minorité palestinienne, qu’ils soient membres du parlement ou dans d’autres instances.
Au mois de mars dernier, le seuil électoral a été augmenté pour atteindre le niveau qui empêchera les partis palestiniens d’être représentés dans le prochain parlement. Pendant ce temps, Netanyahu s’est servi des manifestations organisées en marge de l’assassinat de Hamdan pour réitérer ses plans visant à proscrire le Mouvement Islamique, la faction politique extra-parlementaire la plus populaire de la minorité.
Farah a noté que les affrontements qui ont éclaté entre la police et la minorité palestinienne se produisaient plus régulièrement et prenaient de l’intensité. « Autrefois, ces crises survenaient une fois dans les dix ans ou plus. Aujourd’hui, elles sont devenues très répétitive. Nous avons assisté aux confrontations de l’été dernier en réponse à l’attaque israélienne contre Gaza, et voilà qu’après quelques semaines seulement, elles reprennent de plus belle. »
Il y a une grande méfiance envers la police et les politiciens, mais Farah estime qu’il est peu probable que la colère se traduise pour le moment par une Intifada. « Le leadership ici y est opposé, » souligne-t-il. « En dépit de l’atmosphère hostile qui règne dans le parlement, les tribunaux, les médias Israéliens et chez le public, il existe encore un penchant pour le recours à des solutions passant par les voies politiques et juridiques. »
Awawdy, le journaliste de Kafr Cana est cependant plus pessimiste. « Ce gouvernement nous considère, au pire, comme ses ennemis, et au mieux, comme des invités dont les droits peuvent leur être retirés à n’importe quel moment. Si les choses continuent ainsi, l’explosion ne saura tarder. Le vent souffle dans ce sens, on peut clairement le sentir. »
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Jonathan Cook a reçu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Ses derniers livres sont Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair (Zed Books). Voici l’adresse de son site : http://www.jkcook.net.
http://www.middleeasteye.net/in-dep...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha

Les missiles iraniens donnent l’avantage au Hezbollah dans la guerre de dissuasion contre Israël

En annonçant avoir fourni au Hezbollah des missiles sol-sol Fateh-110 de pointe, Téhéran a donné encore plus de « cauchemars à l’armée israélienne » comme l’a écrit le quotidien israélien Yediot Ahronoth samedi. De quel type de missiles s’agit-il et quel est leur impact sur ce que les Israéliens appellent la « rupture de l’équilibre » ?

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Document publié le 25 août 2010 par le ministère iranien de la Défense, montrant le tir d’essai d’un missile sol-sol Fateh 110 - Photo : AFP/Ministère iranien de la Défense/Vahid Reza Alaei
Le modèle le plus avancé des missiles Fateh-110, le Fateh-110-D1 est un missile de quatrième génération qui a été dévoilé en 2012. Le Fateh-110-D1 est remarquable de vitesse et de précision. Il a une portée de 300 km, est équipé d’une ogive de 500 kilos et on peut augmenter sa portée en lui adaptant une ogive plus légère. Le missile est aussi équipé d’un nouveau système de ciblage qui lui donne une précision sans faille.
La quatrième génération de Fateh-110 est plus puissante et plus avancée que les trois précédentes. Elle carbure au combustible solide ce qui permet un lancement rapide qui nécessite peu de préparation. Elle a un système de ciblage d’une grande précision et elle ne dévie pas de sa route quelles que soient les conditions atmosphériques. En d’autres termes, cette génération de missiles est caractérisée par un tir rapide et moins de préparatifs avant le tir.
Le missile peut attendre la vitesse de Mach 3,7, soit 4,533 km à l’heure. Cela signifie qu’un missile équipé d’une ogive de 500 kilos peut atteindre le Ministère de la Guerre et le Quartier Général israélien de HaKirya, à Tel Aviv, en deux minutes et en moins d’une minute, s’il est équipé d’une ogive de 300 kilos.
Sept missiles Fateh-110-D1 rendraient inopérant tout le système de défense anti-missiles de Tel Aviv en moins d’une minute. Un missile de la nouvelle génération est capable d’atteindre l’installation électrique israélienne la plus importante, celle de al-Khudaira (Hadera) au nord de la Palestine occupée, en moins d’une minute, en riposte à une attaque israélienne sur des installations électriques libanaises. Pour reprendre une expression chère aux Israéliens, cela renverrait Israël et ses citoyens à « l’âge de pierre ».
Du point de vue d’Israël, le fait que le Liban possède de tels missiles « rompt l’équilibre ». Ces missiles garantissent au Liban une capacité de destruction égale à celle d’Israël en temps de guerre et représentent une force de dissuasion qui empêche Israël de mener des attaques de grande ampleur contre le Liban en dehors des périodes de guerre. Les règles qui régissent les hostilités entre deux guerres ne sont pas claires. Mais cela ne fait pas de doute que la présence de ces missiles aux mains du Hezbollah, ajouté à ses autres atouts, donne l’avantage à celui-ci et oblige Israël a réfléchir à deux fois avant d’attaquer le Liban.
Le système de quatrième génération Fateh-110 n’est qu’un des nombreux moyens de dissuasion que le Hezbollah a opposé à Israël pour le dissuader d’attaquer le Liban toutes ces dernières années. Même une attaque limitée entraînerait une confrontation d’envergure. Cette arme, ajoutée aux autres, a protégé le Liban, son peuple et ses infrastructures. Sans elle, Israël n’aurait pas épargné le pays.
Cela signifie-t-il pour autant que Tel Aviv n’attaquera pas le Liban ? Pas du tout. La dissuasion mutuelle n’empêche pas les guerres, elle diminue simplement leur probabilité. Israël n’attaquera pas le Hezbollah tant que sa puissance militaire et sa détermination sont suffisantes pour l’en dissuader. Mais si le Hezbollah montrait le moindre signe de faiblesse, Israël n’hésiterait pas à l’attaquer aussitôt. C’est ce qui est arrivé dernièrement, quand Israël a cru que le Hezbollah était trop occupé avec la Syrie pour pouvoir riposter à ses attaques. C’est le problème de la dissuasion mutuelle, on peut faire des « erreurs de calculs ».
Alors, un conflit de grande envergure est-il peu probable ? Je suis tenté de répondre : oui... mais... « Oui » parce que la dissuasion mutuelle fonctionne par le fait même que chaque camp étant capable de détruire l’autre, aucun des deux n’a envie de déclencher une guerre qui l’anéantirait aussi. Et « mais » parce que la situation est explosive et que chaque camp a ses lignes rouges et est décidé à riposter si ses lignes rouges sont violées. Israël va-t-il faire une autre erreur de calcul ? La balle est dans son camp.
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet

Voulant stopper la résistance, le Shin Bet passe au peigne fin les réseaux sociaux palestiniens

Les services de renseignement israéliens intensifient actuellement leur surveillance des réseaux sociaux utilisés par les Palestiniens, en particulier les jeunes vivant dans Jérusalem occupée.

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Les jeunes Palestiniens révoltés - ici dans le camp de réfugiés de Shuafat dans Jérusalem sous occupation - sont la cible première des services de renseignement des forces d’occupation - Photo : Reuters
Cette initiative a pour but d’identifier ceux qui sont prêts à mener des opérations individuelles de résistance. Selon le journal Yedioth Ahranoth d’Israël, cette tâche incombe à l’agence de sécurité intérieure [espionnage et renseignement] du Shin Bet.
Le journal a noté que le Shin Bet cherche à entraver les opérations individuelles de résistance de cette manière parce qu’il ne peut pas utiliser les mêmes méthodes que celles destinées à empêcher les opérations exécutées par des cellules de la résistance organisée.
Toutefois, l’agence de sécurité a admis que ses chances d’être en mesure d’empêcher des opérations de cette manière sont minces, contrairement aux opérations de groupes constitués qui nécessitent beaucoup de planification et d’interaction - et souvent par téléphone - et sont donc plus faciles à contrôler en utilisant les technologies les plus avancées.
Le commentateur militaire de Yedioth Ahronoth, Ron Ben-Yishai, a révélé que les chefs de l’armée et du renseignement israéliens sont préoccupés par les pressions subies par l’Autorité de Ramallah et venant de l’opinion publique palestinienne pour arrêter la collaboration répressive avec Israël.
Cette collaboration a permis à Israël de stopper un certain nombre d’opérations de la résistance. Ben-Yishai a noté que les Palestiniens considèrent la résistance à Jérusalem comme une réponse « naturelle et nécessaire » au agressions contre la mosquée Al-Aqsa par des groupes juifs d’extrême-droite.
Il suggère que l’on peut ainsi expliquer un ralentissement récent dans les contacts entre les agences répressives de l’Autorité de Ramallah et leurs alter-ego israéliens.
Ben-Yishai a souligné par ailleurs que les Palestiniens dans leur très large majorité ne soutiennent absolument pas la coopération répressive avec Israël. Les Palestiniens pensent en effet que les agents palestiniens sont des espions travaillant pour les Israéliens, vu qu’ils essaient d’entraver les actions de la résistance contre l’occupation.
Les agences de sécurité israéliennes confirment de leur côté que l’opinion publique palestinienne a eu un impact négatif sur les services de sécurité de l’Autorité de Ramallah et sur leur volonté de mettre fin à la détérioration de la situation sécuritaire [du point de vue des Israéliens] en Cisjordanie occupée.
Cependant, deux anciens chefs du Shin Bet ont estimé que l’utilisation de la force ne mettra pas fin à la résistance et que la solution réside dans un accord politique pour mettre fin au conflit.
Dans un article publié par le journal israélien de droite Makor Rishon, Ami Ayalon, le directeur du Shin Bet entre 1996 et 2000, a déclaré que l’étape la plus importante qui doit être engagée est de relancer des négociations sérieuses menées sur la base d’un accord israélien pour la création d’un État palestinien. Il a également averti que si les Palestiniens ne constataient aucun progrès ni aboutissement, cela poussera à poursuivre leur résistance.
Ayalon a appelé à des mesures sur le terrain pour augmenter le sentiment de sécurité des colons juifs dans Jérusalem occupé en déployant des milliers de soldats, policiers et agents de renseignement dans la ville, ainsi qu’en plaçant des gardes dans les établissements publics pour réduire la capacité d’attaque des Palestiniens.
Le directeur du Shin Bet de 2005 à 2012, Yuval Diskin, croit que les dirigeants israéliens de droite trompent leurs citoyens en prétendant que l’insurrection et une troisième intifada à Jérusalem peuvent être arrêtées par le seul usage de la force.
S’exprimant dans Yedioth Ahronoth, Diskin déclare : « Étant celui qui a fait face à la première Intifada puis à l’Intifada Al-Aqsa, et comme quelqu’un qui a dirigé des opérations et a participé à des guerres, je dis que la logique défendue par la droite [israélienne] d’utiliser toujours plus de force pour affronter la résistance palestinienne n’est pas crédible. »
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Saleh al-Naami est un réfugié palestinien qui vit dans le camp d’al-Maghazi dans le centre de la Cisjordanie. Il est titulaire d’une maîtrise en études politiques à l’Université de Jérusalem, et il prépare actuellement un doctorat. Son site : http://www.naamy.net/
https://www.middleeastmonitor.com/b...
Traduction : Info-Palestine.eu