Bill Van Auken - WSWS
Le massacre de l’armée israélienne qui a tué neuf civils et fait un grand nombre de blessés à bord d’un bateau transportant du matériel d’aide humanitaire dans les eaux internationales, est un meurtre de sang-froid et un crime de guerre.
Ahmet Dogan, père de Furkan Dogan [le jeune américain assassiné par l’armée israélienne] pleure son fils mort - Photo : AP
Pour des millions de personnes de par le monde, cet assaut militaire contre un convoi d’aide transportant des fauteuils roulants, du ciment, des systèmes de purification d’eau, des jouets d’enfants et des ramettes de papier - tous des articles interdits d’entrée par le blocus israélien des territoires occupés - symbolise le rôle joué par Israël et son commanditaire américain dans les affaires du monde.
Comme c’est toujours le cas après de telles atrocités, le gouvernement israélien jette la responsabilité sur ses victimes. Mercredi, dans un discours télévisé, le premier ministre Benyamin Netanyahu a décrit le convoi d’aide humanitaire comme « une flottille de militants pro-terroristes » et a loué le massacre en haute mer comme étant un acte de légitime défense de la part de commandos israéliens assiégés.
Ceux qui étaient en situation de légitime défense étaient les passagers du navire et ils avaient absolument le droit de se défendre. Le fait que neuf d’entre eux aient été tués tandis que les commandos de l’IDF (Israel Defense Force) n’ont déploré aucune victime prouve clairement qui était l’agresseur.
C’est un schéma habituel. Ce massacre en Méditerranée se produit exactement un an et demi après l’opération Cast Lead, de loin le massacre le plus grand que le régime israélien ait lancé contre le peuple meurtri de Gaza. Prétendant à l’époque, comme il le fait actuellement, agir « en situation de légitime défense », Israël avait fait pleuvoir des bombes, des missiles et le feu de chars et d’armes automatiques sur Gaza, tuant plus de 1.400 Palestiniens, en majorité des hommes, des femmes et des enfants non armés. Cette guerre inégale engagée par l’une des machines militaires les plus puissantes du monde contre une population civile sans défense avait coûté la vie à tout juste 13 Israéliens, tous des soldats à l’exception de trois d’entre eux.
Le convoi d’aide humanitaire était une riposte au blocus barbare qui assujettit à la famine, à la maladie et à la misère une population entière de 1,5 millions de personnes à Gaza.
Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), le nombre de réfugiés vivant dans une misère noire a triplé depuis le renforcement du blocus en 2007.
L’ONU a rapporté fin de 2009, que des « quantités insuffisantes de nourriture et de médicaments arrivent à Gaza, provoquant une détérioration notable de la santé physique et mentale de toute la population civile depuis le lancement par Israël de l’opération Cast Lead contre le territoire. » L’une des expressions les plus brutales de la volonté d’Israël d’affamer délibérément une population entière est le résultat de l’évaluation menée l’année dernière par l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’où il ressort que 65 pour cent des bébés âgés de 9 à 12 mois souffrent d’anémie.
Israël est en mesure d’imposer ce genre de siège médiéval ainsi que d’actes de piraterie et de meurtre non seulement du fait de sa propre puissance militaire mais aussi grâce à l’appui et au financement infaillibles de Washington. Ce dernier massacre en date ne fait que souligner que - comme dans bien d’autres cas - l’avènement du gouvernement Obama n’a pas changé grand-chose à la politique américaine.
Tout en exprimant de façon hypocrite « son profond regret des pertes de vies humaines, » le gouvernement Obama fait tout son possible pour garantir qu’Israël ne porte ni la responsabilité de ce massacre ni n’en subisse les conséquences. Il a rejeté toute critique de l’action d’Israël au Conseil de sécurité de l’ONU et a implicitement accepté la justification de ce massacre, fournie par l’Etat sioniste.
La criminalité d’Israël et le rôle de fervent défenseur joué par Washington ont une longue tradition. Cela vaut la peine de rappeler une autre attaque perpétrée par Israël contre un navire dans les eaux internationales et qui se produisit il y a 43 ans. Lors de cette attaque, 34 marins à bord de l’USS Liberty avaient été tués par le napalm, les missiles et le feu de mitrailleuses israéliens, 171 autres marins avaient été blessés - le pire bilan enduré par la marine américaine dans un acte d’hostilité depuis la Deuxième guerre mondiale.
Le Liberty, navire de renseignement, avait été attaqué au large de la Péninsule du Sinaï le 8 juin 1967 en pleine Guerre des six jours. Tandis qu’Israël qualifiait cette attaque d’« erreur » tragique, de nombreuses preuves émergèrent que l’Etat sioniste avait attaqué le navire parce qu’il voulait empêcher Washington d’épier ses communications. Des interceptions de messages contredisaient catégoriquement les affirmations de Tel Aviv selon lesquelles ils avaient agi en situation de légitime défense et révélaient qu’Israël voulait cacher la preuve de son intention d’agression au moment précisément où il s’engageait à prendre Gaza, la Cisjordanie et le Golan, tous ces territoires qui à ce jour encore subissent une occupation illégale.
Une grande partie des critiques formulées à l’égard de l’attaque de cette semaine contre le convoi d’aide humanitaire, y compris au sein même d’Israël, font état d’une opération « bâclée », d’un recours excessif à la force et d’un échec complet des relations publiques. Mais il ne s’agit pas là de l’action d’un gouvernement qui perd la tête. La politique du régime de Netanyahu est orientée vers une base socio-politique bien définie, composée d’extrémistes religieux, de colons de droite et des couches politiquement les plus réactionnaires au sein de la société israélienne. Son orientation est incarnée par le passé et l’idéologie fascistes de son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.
Le gouvernement israélien, profondément réactionnaire et se trouvant dans une crise politique profonde, est de plus en plus poussé à agir comme un pyromane à échelle mondiale, proférant des menaces de nouvelles guerres contre la Syrie et le Liban et, selon un article paru cette semaine dans le Times de Londres, expédiant des sous-marins équipés de missiles nucléaires dans les eaux au large de l’Iran.
Le soutien inconditionnel et l’aide annuelle d’environ 3 milliards de dollars accordés par Washington à Israël - et poursuivis par Obama - représentent un danger mortel pour la population du monde entier.
Ce n’est pas juste une question de régime voyou particulier, mais de descente dans la criminalité des affaires du monde et de la désagrégation de tout semblant de loi internationale, avec le principal défenseur d’Israël montrant l’exemple.
Le gouvernement Obama poursuit deux guerres d’agression initiées sous le gouvernement Bush tout en maintenant intact l’appareil d’Etat policier de détentions illégales, de détentions secrètes (rendition) et de torture. Ce gouvernement a à présent remporté le titre infâme d’acteur numéro un des assassinats ciblés (« targeted killings ») à partir de drones de la CIA qui ont tué « beaucoup de centaines de gens » au Pakistan, selon un rapport des Nations unis publié mercredi. Le rapport condamne Washington pour s’être arrogé le « droit de tuer sans devoir rendre de comptes. »
Le comportement des Etats-Unis et d’autres gouvernements, comme s’ils étaient l’incarnation étatique d’un groupe criminel Meurtre SARL, les actes de terrorisme d’Etat et de piraterie tels ceux commis par Israël cette semaine, et les menaces continues de nouvelles agressions ont créé une atmosphère mondiale qui ressemble de plus en plus à la situation existant à la veille de la Deuxième guerre mondiale.
Ces évolutions sont poussées par la crise mortelle du capitalisme mondial et ne seront inversées ni par des manifestations ni par le pacifisme. Ce n’est qu’en unifiant la classe ouvrière, y compris à la fois les travailleurs juifs et arabes du Moyen-Orient, dans une lutte commune pour mettre fin au système capitaliste que l’on pourra éviter un nouvel embrasement mondial.
4 juin 2010 - World Socialist Web Site - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.wsws.org/francais/News/2...
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