L’association de défense des enfants "Defence Children International" (DCI) nous demande de faire cesser les violences israéliennes sur les enfants palestiniens. Exemple de Sameer, 12 ans, traumatisé par les soldats israéliens après avoir été arrêté dans sa maison familiale du village d’Azzun en Cisjordanie et emmené à 2 H du matin. Il y a des associations comme l’ACAT ou Amnesty qui ont la possibilité de porter plainte contre ces tortures en France. Pourquoi ne le font-elles pas ?
Nom : Sameer S.
Date de l’arrestation : 29 juin 2011
Date de la déposition sous serment : 6 juillet 2011
Age : 12 ans
Lieu : Azzun, Cisjordanie occupée
Chef d’accusation : jets de pierres
« Il était environ 2 h du matin, j’étais en train de dormir quand j’ai été réveillé par des coups sur la porte extérieure » raconte Sameer. « Quelqu’un cognait fort sur la porte et je ne savais pas pourquoi. Je me suis levé, suis allé dans le salon et j’y ai vu mes parents et mes frères et sœurs. Nous avions très peur ». Le père de Sameer est allé ouvrir la porte. « A peu près 5 minutes plus tard, j’ai entendu mon père qui disait : "Fais descendre les garçons au rez-de-chaussée et garde les filles à l’étage". J’étais si effrayé que j’ai commencé à avoir des frissons. Avec mon frère, nous sommes descendus au rez-de-chaussée, avec ma mère aussi, et nous avons vu environ six soldats avec mon père. J’ai eu très peur des soldats qui s’étaient couvert les visages de noir, on ne voyait que leurs yeux. L’un d’eux n’avait pas camouflé son visage et il tenait un appareil photo numérique. » Les soldats se sont mis à parler au père de Sameer en hébreu qui traduisait. Les garçons ont eu l’ordre de lever les mains et le soldat les a pris en photo.
« Le soldat qui parlait avec mon père a sorti un papier de sa poche et s’est mis à le consulter, et il a vérifié l’identité de mon père. "Où est Sameer ?"a-t-il demandé. J’avais alors très peur mais pour autant je ne pensais pas qu’ils allaient m’emmener. Il a parlé à mon père en hébreu et il m’a désigné en disant : "Bau, bau," ce qui veut dire, "viens ici", en hébreu. A ce moment, j’ai réalisé que c’est moi qu’ils voulaient. J’étais si choqué et terrorisé que je ne pouvais sortir un seul mot. Mon père m’a réconforté et m’a dit de ne pas avoir peur. Pendant ce temps, deux soldats m’ont saisi par les bras et m’ont sorti de la maison. Ils sont tous sortis de la maison en fermant la porte derrière eux. J’ai vu qu’il y avait plus d’une quinzaine de soldats autour de la maison, dans la cour et près de la porte d’entrée. Deux soldats m’ont bandé les yeux et ils m’ont lié les mains dans le dos, avec un cordon en plastique. Les soldats discutaient entre eux en hébreu. »
Sameer a ensuite été emmené vers un véhicule sur le plancher duquel ils l’ont fait assoir. Environ quinze minutes plus tard, le véhicule est arrivé à un endroit inconnu. Ils ont sorti Sameer du véhicule et l’ont fait asseoir sur le sol. « Pendant ce temps, j’entendais des chiens qui venaient vers nous » se rappelle Sameer. « Ca m’a fait très peur d’entendre les chiens approcher. Les soldats se parlaient en hébreu, et je ne comprenais pas. J’ai senti que les chiens se rapprochaient et j’ai crié : "Les chiens, les chiens", en essayant de m’écarter, mais je ne pouvais pas à cause de mes mains toujours liées dans mon dos. J’en ai entendu d’autres qui criaient : "Laissez-les plus loin". J’ai crié : "Laissez les chiens plus loin, nous ne vous avons rien fait". J’étais pétrifié parce que les chiens pouvaient sauter sur moi à tout moment. Ca a continué comme ça pendant environ 20 minutes, pendant lesquelles je n’ai pas arrêté de pleurer et de crier. D’autres criaient aussi. Il y avait des soldats et des soldates qui rigolaient en se parlant en hébreu » dit Sameer.
Après 20 minutes, Sameer est emmené dans un centre de santé ; là on lui pose certaines questions sur sa santé. Après, on lui remet un bandeau sur les yeux et ses liens en plastique sont remplacés par des menottes métalliques avec les mains devant. Sameer est alors mis à terre pendant environ une heure et demie. « J’avais très froid » dit Sameer. Après être resté assis à terre pendant plus d’une heure, Sameer est mis dans un autre véhicule et emmené à la colonie Ariel pour interrogatoire.
« J’ai été mis dans une pièce qui faisait 3 mètres sur 3 » se rappelle Sameer. « Ils m’ont débandé les yeux une fois entré dans la pièce. Il y avait un homme, en civil, assis derrière l’un des bureaux. Il était petit, chauve et dodu. Il m’a ordonné de m’asseoir sur une chaise en bois devant lui. Il y avait deux autres hommes, en civil aussi, dans la pièce. "Tu a lancé des pierres sur la route de contournement près de la porte " m’a dit l’homme petit une fois que j’ai été assis. "Non, je n’ai pas fait cela" je lui ai répondu. "Où étais-tu le jour de la Nakba ?" qu’il m’a demandé. "J’étais chez moi parce que mon père ne m’avait pas autorisé à quitter la maison" je lui ai dit. Il parlait l’arabe couramment. " Je vais te frapper si tu ne me dis pas la vérité et si tu n’avoues pas avoir lancé des pierres" m’a dit l’interrogateur. "Je n’ai jeté aucune pierre et je ne vous ai rien fait" lui ai-je dit en tremblant de peur. Il s’est levé, s’est approché de moi et il m’a giflé dans la figure et dans le cou. "Tu vas tout avouer" qu’il a crié. Il m’a alors donné des coups de pied alors que j’étais toujours assis sur la chaise les mains attachées devant. "Si tu n’avoues pas, je te frappe encore plus et je te jette par la fenêtre" a-t-il dit. Il m’a alors attrapé par la chemise et m’a dit qu’il allait me jeter par la fenêtre. La pièce avait une grande fenêtre. J’étais terrorisé mais je n’ai pas avoué. "Je ne vous ai rien fait et je n’ai pas jeté de pierres" je lui ai dit. Il s’est mis alors à parler avec les autres hommes en hébreu. Ils ne m’ont plus rien dit. Ils m’ont juste laissé dans la pièce et sont sortis » se souvient Sameer.
Sameer se rappelle ensuite avoir signé des papiers rédigés en arabe et en hébreu sans les avoir lus. Ils l’ont sorti de la pièce et l’ont fait assoir dans un couloir. Il était environ 14 ou 15 h. Ils ont ensuite détaché Sameer, lui ont retiré son bandeau et donné à manger. Environ une heure plus tard, une voiture est arrivée et l’a conduit à Qalqilya. Il a été remis à la police palestinienne et libéré.
« J’ai toujours peur des soldats et je n’arrive plus à dormir la nuit. Je suis anxieux et toujours traumatisé par ce qu’il s’est passé. C’était la première fois que je passais par une expérience où j’ai eu aussi peur. J’ai peur maintenant de l’obscurité. Je continue de croire que les soldats vont revenir et m’arrêter » raconte Sameer.
Depuis janvier 2009, l’association DCI-Palestine à elle seule a recensé 40 cas d’enfants du village d’Azzun qui ont été détenus par les forces israéliennes, la plupart du temps soupçonnés d’avoir jeté des pierres. Et ces cas ne représentant qu’un petit échantillon du nombre total de cas impliquant l’arrestation d’enfants d’Azzun.
Voir l’appel urgent UA 4/11 - « Les enfants d’Azzun » - http://www.dci-palestine.org/sites/...
http://www.dci-palestine.org/docume...
(Traduction : JPP)
CAPJPO-EuroPalestine
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