Ci-dessous une Lettre ouverte  d’Israéliens adressée au groupe rock américain, Les Pixies, pour qu’il  annule son concert, prévu en Israël en juin prochain. Les signataires de cet appel soutiennent la campagne internationale de  Boycott, Désinvestissement et de Sanctions (BDS) contre Israël. Ils  expliquent ici pourquoi.
Lettre ouverte aux  Pixies
1er mars 2010
Chers Pixies,
Nous sommes un groupe d’Israéliens  militant pour les droits humains. Nous avons appris par les médias que  vous comptez donner un concert en Israël au mois de juin. Bien que  beaucoup d’entre nous soient de grands fans de votre groupe et que nous  aimerions voir votre spectacle, nous ne traverserons pas le piquet de  grève international, dont  les effectifs augmentent régulièrement, pour  venir vous voir. Le piquet de grève peut ne pas être toujours visible,  mais il existe. Êtes-vous vraiment prêts à vous produire à Tel-Aviv  alors que sous votre nez, il y a des millions d’êtres humains qui  suffoquent sous le cruel régime militaire israélien qui leur refuse les  droits humains élémentaires. S’il vous plaît, prenez le temps de lire  notre appel.
Vous savez certainement que le peuple  palestinien vit sous occupation militaire depuis 1967. Lorsque vous  viendrez vous produire en Israël, les Palestiniens auront vécu sous une  occupation brutale pendant 43 ans - soit près d’un demi-siècle, sous un  régime militaire qui a déjà emprisonné plus de 600 000 d’entre eux et  qui contrôle tous les aspects de leur vie, notamment leur liberté de  mouvement, leur liberté d’expression, de religion et de commerce, leur  accès à l’éducation, leur accès à leurs terres et souvent leur droit à  la vie !
Vous savez peut-être aussi qu’en  maintenant l’occupation militaire sur les territoires qu’il a saisis en  1967, Israël viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, la  Quatrième convention de Genève, et plus récemment, la décision du  Tribunal international de justice qui  a statué que la prétendue  « barrière de sécurité » ,construite par Israël sur les terres  palestiniennes,  est  illégale. Le mur a été construit sur des terres  agricoles volées aux Palestiniens, terres sur lesquelles des colonies  réservées aux seuls juifs se sont  construites. Ce faisant, le mur  détruit les moyens de subsistance des Palestiniens dans toute la  Cisjordanie.
Vous savez certainement aussi, qu’il y a  un an, Israël a attaqué la bande de Gaza qui vit sous un siège  paralysant et meurtrier depuis près de quatre ans. Israël a utilisé des  armes extrêmement meurtrières dans cette attaque qui  a tué environ 1400  personnes dont un tiers d’enfants. Il a utilisé des bombes au phosphore  dans des zones densément peuplées et il a détruit des milliers de  maisons. La ministre des affaires étrangères israéliennes, Tzipi Livni,  une des organisatrices de cette attaque,  a proclamé « Israël s’est   comporté comme un véritable hooligan pendant  cette récente opération,   ainsi que  je l’avais exigé. 1
Le morcellement des Palestiniens en de  petites subdivisions nécessaires à Israël pour « traiter avec eux »  (c’est-à-dire, les opprimer et les contrôler) n’a pas commencé avec la  scission entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza, ni avec que la  subdivision de la Cisjordanie en petites unités ségrégées. Ce qu’Israël  veut faire ignorer au monde  - par sa concoction du « processus de  paix » - est  le fait que cette occupation fait partie d’un programme  plus vaste de colonisation et d’oppression. Ce projet remonte aux  premiers jours de l’édification d’Israël et vise à faire face à  la  « menace démographique » pour l’État, projet que beaucoup appellent   le« régime d’apartheid israélien ». Le régime israélien vise  systématiquement tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent à  l’intérieur des frontières de 48, et qui ont la citoyenneté israélienne,  ainsi que les réfugiés qu’il a expulsés  pendant la Nakba de 1948 et la  guerre de 1967.
La plupart des réfugiés palestiniens  sont apatrides, vivent dans la diaspora, dans des pays attenants à la  Palestine/Israël, en attendant de rentrer chez eux. Beaucoup d’entre eux  vivent toujours dans des camps de réfugiés. En dépit de la résolution  194 des Nations unies qui demandait leur retour et leur dédommagement  par Israël, les réfugiés palestiniens n’y ont pas droit, et pour la  plupart, on leur refuse même le droit de pénétrer en Palestine/Israël.
Il y a 22 ans, en 1988, après l le  déclenchement de la première intifada, vous avez mentionné Gaza dans  votre nouvelle chanson « l’Euphrate » : « Stuck here out of gas/Out here  on the Gaza Strip/From driving in too fast »(bloqués ici sans  essence/ici,dans la bande de Gaza/pour être entrés trop vite). Que vous  ayez fait une métaphore ou que vous vous soyez référés aux pénuries  d’essence, nous ne manquons pas de trouver dans cette chanson un écho de  ce qui se passe à Gaza aujourd’hui. Après des années de siège  israélien, la bande de Gaza est privée plus que jamais de carburant et  d’énergie - ainsi que d’aliments, de médicaments et de beaucoup d’autres  produits essentiels. Les Gazaouis n’ont pas d’essence, pas simplement  pour se déplacer en voiture dans leur périmètre fermé, qu’ils conduisent  vite ou lentement, mais aussi pour l’électricité, les services de  santé, la cuisine et tout ce qui permet de mener une vie normale.
Toute normalisation envers Israël  signifie également que l’on permet  la poursuite de ce siège. Que vous  vous soyiez souciés de Gaza ou non, comment pouvez-vous ne pas vous en  soucier de façon aussi évidente MAINTENANT ?
Nous vous demandons instamment de  répondre à l’appel lancé par les Palestiniens et de reporter votre  spectacle en Israël afin de ne pas coopérer avec le statu quo mortel. Si  vous vous souciez de la justice pour le peuple palestinien, si vous  vous souciez du peuple israélien, s’il vous plaît ajoutez votre voix à  celles de ceux qui demandent une politique plus saine d’esprit assurant  la justice pour tous - et refusez de vous produire en Israël jusqu’à ce  que la liberté y règne. 
 Signé par : 
Ofra Ben-Artzi
Lilach Ben- David
Ronnie Barkan
Ronnen Ben-Arie
Eitan Bronstein
David Nir
Prof. Rachel Giora
Neta Golan
Iris Hefets
Dr. Dorothy Naor
Tal Shapira
Sonya Soloviov
Ofer Neiman
Deb Reich
Emily Schaeffer (Boston -Tel-Aviv)
Ayala Shani
Yonatan Shapira
Kerstin Sodergren
Jonatan Stanczak
Au nom de "BOYCOTT ! Soutien de  l’intérieur à l’appel  palestinien au boycott" 
(Traduit par Annie GOOSSENS pour  CAPJPO-EuroPalestine)
Nous espèrons que Les Pixies, qui  prévoient de se produire en France fin mai et début juin (à Toulouse les  25 et 26 mai, à Nantes le 2 juin), comprendront l’importance de cet  appel. 
CAPJPO-EuroPalestine