Marc Henry
Après l’assassinat d’un cadre du Hamas à  Dubaï, les médias critiquent la centrale d’espionnage, véritable « armée  privée », qui ne rend de comptes qu’au premier ministre.
Le Mossad : une « armée  privée » au service de Benyamin Nétanyahou. Un commentateur a dressé ce  constat pour le moins abrupt à l’occasion de la tempête médiatique  déclenchée par l’assassinat, le mois dernier, d’un responsable islamiste  palestinien du Hamas à Dubaï. Cette opération n’a pas été revendiquée  par les services secrets israéliens, ce qui n’empêche pas des médias de  s’interroger sur l’absence de contrôle sur le Mossad.
Ce service est en effet le seul à dépendre exclusivement  du chef du gouvernement. Le chef du Mossad n’a ne de compte à rendre  qu’au premier ministre. Ni le Parlement, ni les autres ministres, ni le  Conseil de sécurité nationale n’ont leur mot à dire. Le chef du  gouvernement n’est pas obligé de rendre compte à son cabinet ou à la  Knesset lorsqu’il donne son feu vert à une opération, notamment pour les  « traitements négatifs », terme en usage pour les éliminations. « Le  premier ministre peut, mais ce n’est pas une obligation, informer le  ministre de la Défense », confirme Binyamin Ben Eliezer, lui-même ancien  ministre de la Défense.
L’exemple du Shin Beth
Le premier ministre choisit également le chef du Mossad  et peut éventuellement prolonger son mandat, comme cela a été le cas à  deux reprises pour Meïr Dagan. Le danger, c’est, qu’en cas de  « problèmes », les dégâts sont loin d’être limités au Mossad. Lorsque  des agents israéliens se sont fait arrêter en Jordanie en 1996, après  avoir tenté d’empoisonner en pleine rue Khaled Mechaal, le chef  politique du Hamas, c’est tout l’accord de paix signé deux ans plus tôt  entre Israël et le royaume hachémite qui a failli être remis en cause.  Bref, le pays paie les conséquences des actes d’un organisme qui agit  sans avoir à rendre des comptes.
Pour remédier à cette situation, des commentateurs  estiment que les règlements qui régissent le Shin Beth, le service de  sécurité intérieure, devaient être appliqués au Mossad. La nomination et  l’éventuel limogeage du chef du Shin Beth sont soumis au cabinet sur  recommandation du premier ministre. Le chef de ce service, chargé de la  lutte antiterroriste en Israël et dans les territoires palestiniens  ainsi que du contre-espionnage, doit aussi présenter son bilan  périodiquement à une sous-commission spéciale du Parlement, dont les  délibérations sont secrètes. Pour le moment, le Mossad s’est refusé à se  soumettre à un tel traitement en invoquant des risques de « fuites »  pour ses agents et ses taupes. Jusqu’ici, cet argument l’a emporté.
publié par le Figaro