Michel Warschawski – Alternative Information Center
Pour
 des milliers de familles palestiniennes qui bientôt vont retrouver 
leurs êtres chers, je suis heureux, et pour la famille Shalit, je suis 
aussi heureux. Cependant, au-delà du bonheur de cette libération, il 
n’existe aucune symétrie
Dans deux jours, nous 
pourrons célébrer le retour dans leur foyer de 1037 prisonniers 
politiques palestiniens et du soldat israélien Gilad Shalit. Pour des 
milliers de familles palestiniennes qui bientôt vont retrouver leurs 
êtres chers, je suis heureux, et pour la famille Shalit, je suis aussi 
heureux. Cependant, au-delà du bonheur de cette libération, il n’existe 
aucune symétrie : les prisonniers politiques palestiniens, femmes et 
hommes, qui seront libérés sont tous des combattants de la liberté ayant
 accompli tout leur devoir politique et moral dans la lutte contre 
l’occupation coloniale israélienne. Gilad Shalit, en revanche, était un 
soldat, et un soldat de l’armée d’occupation coloniale d’Israël qui 
viole le droit international quotidiennement et commet régulièrement des
 crimes de guerre. Comme des centaines d’Israéliens l’ont fait avant 
lui, Shalit aurait dû refuser de participer à cette guerre, et il ne l’a
 pas fait.
Ceux qu’en Israël on surnomme les « ravisseurs » de 
Gilad Shalit ont fait effectivement un prisonnier de guerre et, d’après 
tous les témoignages que nous avons, il a été traité comme tel. Les 
prisonniers politiques palestiniens, quant à eux, n’osent même pas rêver
 de recevoir un traitement similaire à celui de Shalit.
Tout comme on n’abandonne pas un soldat blessé sur un 
champ de bataille, l’État a l’obligation de faire tout ce qui est en son
 pouvoir pour récupérer ses prisonniers de guerre, quel qu’en soit le 
prix. Il n’y a en cela aucun « humanisme juif de vraiment spécial » - 
comme déclaré par les médias israéliens, et alimenté par le cabinet de 
Benjamin Netanyahu, mais un acte ordinaire et accepté dans une situation
 de guerre. Ce qui n’est pas habituel, et qui est en réalité scandaleux,
 ce sont les atermoiements délibérés qui ont caractérisé les 
responsables au gouvernement du dossier Shalit. L’accord avait déjà été 
conclu avec l’aide d’un négociateur allemand et des gouvernements 
égyptien et turc il y a trois ans, mais le gouvernement israélien avait 
choisi de l’ignorer et avait fantasmé sur une opération commando, 
laquelle opération aurait sans aucun doute entraîné la mort du soldat.
Il est facile d’imaginer que si le soldat en captivité 
avait été un enfant de Netanyahu ou de Lieberman, le gouvernement aurait
 bougé bien plus rapidement et accepté l’accord mis alors sur la table. 
Non, le gouvernement n’a pas fait preuve du moindre « humanisme juif », 
mais en réalité d’un véritable manque d’humanité. Seuls, la 
détermination tranquille de la famille Shalit et le soutien qu’elle 
avait dans l’opinion ont fait bouger ce gouvernement immoral et sans 
pitié.
Autre chose encore : un gouvernement qui a transformé la
 dignité nationale en un substitut pour sa politique se doit maintenant 
de se dispenser de toutes ses déclarations arrogantes, comme dans les 
cas de la Turquie et de l’Égypte. Là aussi, il a ravalé sa fierté et 
fait exactement le contraire de ce qu’il avait promis : libérer « les 
terroristes qui avaient du sang sur les mains », pendant que le ratio 
liberté (1 contre 1037) est encore plus élevé que celui de 3 à 1050, 
dans l’échange du prisonnier Rajub en 1985.
Une question reste posée : qu’en est-il de la fin du 
siège de Gaza par Israël ? On dit que cela fait partie de l’accord avec 
le Hamas, mais Netanyahu n’a aucun mal à violer les accords ; d’ores et 
déjà, il est évident que ce ne sont pas toutes les femmes emprisonnées 
qui seront libérées, malgré la promesse israélienne. En outre, le 
prétexte avancé pour le siège de Gaza était la captivité de Gilad 
Shalit. Quel nouveau prétexte Israël va-t-il trouver maintenant ?
16 octobre 2011
Traduit de l’hébreu en anglais par AIC
Traduction de l’anglais : JPP pour l’AFPS