Ameer Makhoul
Ce texte est une  lettre écrite par Ameer Makhoul, citoyen palestinien d’Israël qui a été  arrêté le 6 mai 2010  par la police israélienne. Il est accusé  d’espionnage et de trahison.
La  lettre, écrite de la main de Makhoul a été reçue par mel par sa  famille, et postée de la prison israélienne de Gilboa. Sa femme, Janan, a  confirmé à Ma’an que la lettre venait bien de son mari.
Makhoul  est un dirigeant de la communauté palestinienne de Haifa. Il est détenu  comme son collègue Omar Said.
30 mai  2010
Comme j’ai été autorisé à prendre plume et papier,  interdits ces trois dernières semaines, et comme j’ai été autorisé à ne  plus être à l’isolement total, c’est le moment d’écrireune courte lettre  de ma prison.
C’est ici l’occasion pour moi d’exprimer mes sincères  remerciements, mes salutations et ma gratitude à tous mes collègues et  amis, aux groupes de solidarité, aux organisations et aux personnes, aux  Internationaux, aux Arabes, aux Israéliens et aux Palestiniens, ceux  qui sont au pays et dans la Diaspora. Un salut tout particulier à ceux  qui ont rendu visite à ma famille et les ont soutenus après le  traumatisme qu’ils ont subi le 6 mai et depuis cette nuit là. C’est le  moment de dire à toutes les organisations de défense des droits humains,  locales et internationales, à quel point j’apprécie qu’elles aient   fait entendre fortement leurs voix.
Tout comme aux organisations partenaires d’Ittijah dans  le monde entier, qui ont soutenu mon/notre combat  pour la justice et  pour que j’aie un procès équitable afin de prouver mon innocence.
Je souffre toujours beaucoup physiquement mais  moralement c’est un sentiment superbe de savoir ce que solidarité veut  dire.
Toute mon histoire c’est que les services de  renseignements israéliens, le “Shabak,” considèrent comme vrai quelque  chose dont ils ne savent rien et sans la moindre preuve. Ils m’ont  demandé, m’ont imposé de leur expliquer dans le moindre détail comment  j’avais fait ce que je n’ai jamais fait. S’il y a pour eux un problème  logique pour terminer le puzzle, ils disposent des outils légaux pour le  remplir avec de supposées « preuves secrètes » que mes avocats et  moi-même n’avons pas le droit de connaître.
Les médias en Israël m’ont déjà jugé coupable, un  terroriste, un partisan du terrorisme. La règle du jeu ici c’est que je  suis coupable, que je prouve mon innocence ou pas. Cette opinion  collective précède le procès et les procédures judiciaires.
La violation de la preuve et de procédures judiciaires  justes est d’une importance cruciale. Le Shabak peut mentir à la cour avec ses “preuves secrètes”, en  “interdisant des rencontres avec les avocats,” en “interdisant la   publication d’information,” en “imposant l’isolement total” et d’autres  méthodes de torture sophistiquées, qui ne laissent pas de traces  directes bien qu’elles soient très dures [1]. Je pense que mon  affaire est l’occasion d’examiner ces outils en tant que moyens de  criminaliser les défenseurs des droits humains.
Je voudrais insister à nouveau sur votre soutien et  votre solidarité. J’y vois un message crucial de soutien à la victime,   pour arrêter le bras de l’oppresseur.
Merci. Continuons sur la voie de la justice, de la  dignité humaine, des droits humains et faisons en sorte qu’un procès  équitable  soit possible.
Bien à vous,
Ameer Makhoul
publié par Ma’an news
traduction et note : C. Léostic, Afps