A l’heure où une nouvelle, ou plutôt énième formule, de négociations est lancée pour un règlement de la question palestino-israélienne, biens des faits et des témoignages viennent mettre en doute la possibilité d’un succès en raison de facteurs propres à l’idéologie sioniste. De plus en plus, une extrême droite rigoriste vient imposer sa loi. Il suffit de citer quelques chiffres et faits. Selon un sondage effectué par l’Association israélienne pour les droits civiques (ACRI), 75 % de la population juive d’Israël refuserait d’habiter le même immeuble qu’un Arabe, 50 % estiment que les Arabes ne méritent pas d’avoir les mêmes droits que les autres citoyens. Deux tiers des jeunes sont persuadés que les Arabes sont moins intelligents, pas instruits, sales et violents. Ce racisme est donc « descendu des bancs du gouvernement jusque dans la rue », comme l’ont souligné des leaders de la population arabe en Israël. Non seulement il est soutenu par cette majorité israélienne, mais la droite israélienne fulmine contre tout appel à une reconnaissance de l’autre, même lancé par des juifs européens de gauche. Certains d’entre eux, parmi lesquels l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit et l’historien Zeev Sternhel, ont présenté, le 3 mai dernier à Bruxelles, un « appel à la raison » pour la paix au Proche-Orient, critiquant sévèrement la politique actuelle du gouvernement israélien. « Notre appel est un cri que nous poussons pour la paix au Proche-Orient avant qu’il ne soit trop tard », a affirmé Michèle Szwarcburt, présidente du Centre communautaire laïc juif de Belgique et signataire de l’appel.
      «      Nous aimons      Israël de tout      notre cœur,      nous       voulons qu’il y      ait un      Etat juif,      Israël, et       qu’il vive en paix avec      ses voisins.      Mais nous      pensons que        le temps joue      contre la       paix », a-t-elle      dit en       dénonçant la poursuite       des implantations en Cisjordanie       et dans les       quartiers arabes de      Jérusalem-est. Les      promoteurs de      cet appel      également       baptisé JCall (d’European       Jewish Call for Reason) « ne      sont attachés      à aucun      parti, ni       en Europe, ni en      Israël », a       précisé David Chemla,      président de la      branche       française du      Mouvement la      paix. Or, la      droite en       Israël a fulminé      contre       cet       appel à la raison. A      titre       d’exemple, la députée      Miri Regev,      du parti      Likoud (droite)      du premier       ministre, Benyamin       Netanyahu, a       estimé inadmissible que       les signataires      préconisent des      pressions       sur Israël pour      geler la       colonisation. A l’extrême      droite, le       député Aryeh      Eldad (Union      nationale, 4      sièges sur       120), a dénié aux      signataires « le      droit de       s’immiscer dans les       affaires intérieures      israéliennes », « tout      droit de veto »      sur la       politique d’Israël. «      Ce ne      sont pas des      gauchistes de salon et des      communistes qui      dicteront à      Israël       sa       ligne de conduite », a-t-il      affirmé,       qualifiant les signataires       de « naïfs et d’imbéciles ». Des      réactions qui      ne       surprennent pas mais qui      témoignent de      ce      durcissement      israélien qui      laisse peu      prévoir un       règlement fondé      sur       l’existence de deux      Etats. Au       centre-droit, le      député Oriel      Schneller       du parti      Kadima (opposition, 28      sièges) a       déploré que « des      groupes       juifs de par le monde portent       atteinte à la      solidarité       juive avec Israël ».      L’émergence de      cet      appel       européen dans la      foulée du      JStreet       américain, un groupe de      pression       juif de gauche, constitue      selon lui       « un phénomène      dangereux,       même si les      signataires       peuvent avoir de      bonnes intentions ».      Or, ces      signataires se      soucient       plutôt d’une      viabilité de      l’Etat       d’Israël.       Ils       sont partisans de la solution de «      deux Etats       pour deux       peuples (israélien et      palestinien) » et      inquiets de la «      délégitimation      d’Israël ».       Ils       estiment que «      l’alignement      systématique      sur la       politique du      gouvernement      israélien       est dangereux, car      il va      à       l’encontre des intérêts      véritables de      l’Etat       d’Israël ».
      Comment      s’attendre, avec de      telles convictions,      que l’on      puisse       espérer parvenir      à un       règlement       équitable ? De      toute façon,      ce      sont de       telles réactions      à un appel       qui équivaut      à un       conseil qui confirment      ce       durcissement qui s’ancre      profondément en      Israël et rend      l’espoir d’un      règlement       bien lointain.      D’ailleurs,       ce petit passage      suivant       tiré d’un article et d’un reportage      d’Adam Horowitz      du site mondoweiss.com      est       significatif. Un reportage dans       la zone la plus centrale avec un      trafic       conséquent à      Jérusalem-Ouest, un des propos      recueillis       : « Dans      ce bas-monde, les      Palestiniens      ne sont       pas de vrais      êtres       humains. Coopérer avec       les Arabes       est       une traîtrise.      Barak      Obama doit      s’écarter des affaires      israéliennes.      L’implantation      illégale des colonies en      Cisjordanie       est nécessaire pour      garantir       l’Etat juif ».
Ahmed      Loutfi