Irin
Dans un contexte de faiblesse économique,  de hausse du chômage et de détérioration des installations  d’électricité, d’assainissement et de santé, la santé des habitants de  Gaza continue à se dégrader, d’après un récent rapport de l’Organisation  mondiale de la santé (OMS). Par contraste, la situation s’est  légèrement améliorée en Cisjordanie.
Dans un contexte de faiblesse  économique, de hausse du chômage et de détérioration des installations  d’électricité, d’assainissement et de santé, la santé des habitants de  Gaza continue à se dégrader, d’après un récent rapport de l’Organisation  mondiale de la santé (OMS). Par contraste, la situation s’est  légèrement améliorée en Cisjordanie.
Voir ici un diaporama sur la vie à Gaza Du fait du blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, 98 pour cent des  activités industrielles ont cessé depuis 2007, et le territoire est  confronté à des pénuries aigues de carburants, de liquidités, de gaz de  cuisine et d’autres produits de base.
« Nous disons à tout le monde de ne pas construire des  murs tout autour de Gaza. C’est ce que nous disons haut et fort », a dit  à IRIN Filippo Grandi, Commissaire général de l’Agence des Nations  Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). « Si Gaza est encerclée de  toutes parts par des murs, elle ne peut qu’exploser. C’est presque une  loi de la physique. Et cela serait une catastrophe pour tout le monde  autour – pour les Egyptiens, pour les Israéliens, et pour la région dans  son ensemble. »
D’après lui, le plus important est de continuer à  négocier avec les Israéliens pour obtenir que le plein accès à  l’approvisionnement soit accordé dans la légalité – via des points de  passage, et non via des tunnels illégaux.
Interdiction des importations
L’interdiction des importations de matériaux de  construction a non seulement empêché la reconstruction de quelque 6 400  maisons détruites ou gravement endommagées par l’opération militaire  d’Israël à Gaza en 2008-2009, mais aussi la construction d’environ 7 500  maisons pour faire face à l’augmentation de la population. Quelques 3  500 familles sont encore déplacées.
« La position israélienne est qu’ils doivent être  absolument sûrs que tout ce qui entre dans Gaza via les points de  passage du côté israélien sera utilisé à des fins civiles ou  humanitaires », a dit M. Grandi, de l’UNRWA. « Les Nations Unies ont  développé des outils considérables pour surveiller [les importations],  et nous les avons soumis aux Israéliens pour approbation. S’ils veulent,  nous pouvons apporter toutes les garanties du monde. Notre problème est  que malgré toute cette assistance, nous ne pouvons pas importer. »
Les problèmes de santé liés à l’eau sont répandus dans  la bande de Gaza à cause du blocus et de l’opération militaire  israélienne à Gaza, qui a détruit les infrastructures d’eau et  d’assainissement, dont notamment des réservoirs, des puits, et des  milliers de kilomètres de canalisations.
« Gaza n’est pas un camp de réfugiés dans une zone  isolée. C’est une ville d’un million et demi d’habitants, avec les  besoins d’un environnement urbain développé habitué à certains  standards. Elle a besoin d’un certain niveau d’entretien. C’est le cas  [dans le domaine de] l’approvisionnement en eau et de l’assainissement.  Nous sommes très inquiets à ce sujet, et les Egyptiens et les Israéliens  devraient l’être aussi. Tout le monde devrait être inquiet car l’eau  contaminée n’a pas de frontières », a dit M. Grandi.
Une crise de l’électricité se poursuit à Gaza, où le  réseau n’est capable de couvrir que 70 pour cent de la demande, car la  centrale électrique de Gaza manque de carburant faute d’argent pour en  acheter davantage, et parce que le manque de pièces détachées provoque  des pannes techniques.
Par contraste, l’économie de la Cisjordanie semble  enregistrer une croissance depuis le début 2009, en partie grâce à une  forte mobilisation des bailleurs, mais aussi parce qu’Israël a réduit  les restrictions de mouvement sur ce territoire, et parce qu’une  amélioration de la situation de sécurité a favorisé la confiance des  investisseurs et dynamisé l’activité économique.
Chômage, pauvreté
Dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), le  chômage était de 31,4 pour cent au troisième trimestre 2009, ce qui  représente une légère baisse par rapport à la même période en 2008, bien  que le chômage des jeunes se soit maintenu à 67 pour cent. En mai 2008,  seulement une femme sur sept travaillait, et 70 pour cent des familles  vivaient avec moins d’un dollar par jour, d’après le rapport de l’OMS.
Au troisième trimestre 2008, 51 pour cent des  Palestiniens vivaient au-dessous du seuil de pauvreté (56 pour cent à  Gaza et 48 pour cent en Cisjordanie), et 19 pour cent dans une pauvreté  extrême.
Au deuxième semestre 2008, un tiers des ménages de  Cisjordanie et 71 pour cent des ménages de Gaza recevaient une aide  alimentaire ; l’alimentation représentant environ la moitié des dépenses  totales des ménages, les familles étaient très vulnérables aux  fluctuations des prix alimentaires. En mai 2008, 56 pour cent des  habitants de Gaza et 25 pour cent des Cisjordaniens étaient considérés  comme étant en situation d’insécurité alimentaire par les Nations Unies.  A Gaza, la malnutrition chronique a augmenté ces dernières années,  atteignant 10,2 pour cent.
La situation se dégrade au moment même ou l’UNRWA –  chargée d’aider, de protéger et du plaidoyer en la faveur de quelque 4,7  millions de Palestiniens réfugiés en Jordanie, au Liban, en Syrie et  dans les TPO – prévoit un déficit de 25 pour cent dans son budget de  base. « L’UNRWA est une très grande machine qu’il faut alimenter, et  malheureusement, bien que les dons que nous recevons augmentent, en  réalité ils n’augmentent pas assez pour couvrir les besoins », a dit  M. Grandi.
Santé
De manière générale, les services de santé se sont  améliorés en Cisjordanie au cours de l’année dernière, grâce à  l’allègement des restrictions de mouvement et aux efforts du ministère  de la Santé palestinien, avec le soutien des bailleurs et d’autres  parties prenantes. Cependant, l’impact de la « barrière de séparation »  israélienne et les difficultés d’accès aux hôpitaux à Jérusalem Est,  auxquels près de 50 pour cent des patients orientés par le ministère de  la Santé étaient adressés en 2009, restent problématiques.
A Gaza, le blocus israélien affaiblit le système de  santé, limitant la disponibilité des fournitures médicales et la  formation du personnel médical, et empêchant que les patients dans un  état grave ne soient transférés hors de la bande de Gaza pour recevoir  un traitement spécialisé.
L’opération militaire israélienne de 2008-2009 a  endommagé 15 des 27 hôpitaux de la bande de Gaza et détruit 43 de ses  110 établissements de santé de base, dont aucun n’a été réparé ni  reconstruit à cause de l’interdiction des importations de matériel de  construction. Environ 15 à 20 pour cent des médicaments essentiels sont  fréquemment en rupture de stock, et les établissements manquent de  pièces détachées essentielles pour de nombreux équipements médicaux,  d’après le rapport de l’OMS.
En raison de cette situation, le taux de mortalité  infantile, qui avait connu une baisse régulière au cours des dernières  décennies, s’est stabilisé ces dernières années, et pourrait même avoir  augmenté à Gaza, où il est environ 30 pour cent plus élevé qu’en  Cisjordanie. La diarrhée aqueuse, la diarrhée sanglante aiguë et  l’hépatite virale sont les principales causes de morbidité parmi les  maladies infectieuses recensées dans la bande de Gaza.
En général, on ne dispose d’aucune donnée fiable sur la  mortalité et la morbidité maternelle.
« Très souvent, les journalistes me demandent si je  définis la crise de Gaza comme une crise humanitaire, et voici ce que je  leur réponds : cela va bien au-delà de l’humanitaire. C’est beaucoup  plus grave », a dit M. Grandi. « On peut répondre à une crise  humanitaire en apportant des médicaments et de la nourriture ; [ce qui  se passe à Gaza] est beaucoup plus grave. C’est avant tout une crise de  l’économie – les gens sont très pauvres. C’est une crise des  institutions, et c’est une crise des infrastructures. Il faudra des  années pour résoudre [ces problèmes]. »
Le rapport de l’OMS, publié le 13 mai, est  l’aboutissement d’une mission d’établissement des faits visant à évaluer  la situation sanitaire et économique des TPO, en réponse à la  résolution WHA62.2, adoptée lors de la 62ème Assemblée mondiale de la  santé, qui a notamment demandé qu’Israël « lève immédiatement le  bouclage du territoire palestinien occupé, en particulier la fermeture  des points de passage de la Bande de Gaza occupée, qui est à l’origine  de la grave pénurie de médicaments et de fournitures médicales ».