Edition  du        22  mai 2010 
Pour beaucoup de Libanais, la résolution 425 adoptée en 1978 par  le Conseil de sécurité de l’ONU, et ordonnant le retrait sans condition  des troupes israéliennes du territoire libanais, n’a jamais été  appliquée intégralement.
Israël maintient en effet une  présence militaire dans ce qu’on appelle « Les Fermes de Chabaa », non  loin des frontières syrienne, israélienne et libanaise. Un triangle qui  constitue aujourd’hui un abcès de fixation, mais aussi une occupation et  une menace sur la souveraineté du Liban qui refuse justement d’étendre  le déploiement de son armée aux frontières internationalement reconnues.  C’est en ces termes qu’est appréhendée la relation entre ce pays et son  voisin, un rapport basé sur la mystification et la menace. Tout  d’abord, Israël et ses relais entendent faire croire qu’il y a eu  effectivement retrait du Liban en 2000, et encore diront-ils, il s’agit  d’un retrait unilatéral comme s’il s’agissait d’un geste de bonne  volonté, laquelle n’existe pas du tout.  Et pour cause, et comme vient de le rappeler le Premier ministre  libanais, Saâd Hariri, qui entame demain une visite officielle aux  Etats-Unis, Israël menace le Liban d’une nouvelle agression, comme il le  fait à l’approche de chaque été. Il n’est pour cela que de se rappeler  l’été 1982 et celui de 2006. Le prétexte, cette fois, c’est l’arsenal  supposé du Hezbollah qui aurait réceptionné des missiles Scud. Ce qui  semble totalement invraisemblable puisque cela ne passerait pas  inaperçu. Et cela, d’autant plus que la FINUL (Force d’interposition des  Nations unies au Liban), toujours présente depuis la fameuse agression  de 1978, s’en serait rendue compte. Et d’ailleurs, ses rapports disent  le contraire. Mais rien ne semble arrêter Israël engagée dans sa  stratégie du pire. Israël a fondé son existence par rapport à une  menace, que lui seul parvient à définir et identifier en fonction de ses  intérêts et de la conjoncture. Il en est ainsi du Hezbollah que les  Libanais considèrent comme un mouvement de résistance.
Stratégie du pire
C’est pourquoi, les plus hautes instances de ce pays, estiment que son armement, que l’ONU tentait de lui retirer dans le cadre d’une résolution très controversée, est celui de la résistance. Que sera alors l’été qui s’annonce ? C’est la question que se posent les Libanais qui craignent une nouvelle attaque d’Israël, une manière pour celui-ci de maintenir le statu-quo, autrement dit, repousser sinon casser le processus de paix actuel, aussi timide soit-il. Personne, à vrai dire, ne prend au sérieux les prétextes israéliens, mais le contraire est vrai s’agissant des menaces qu’il profère. Et le Liban a toujours été depuis 1948, la cible de ces attaques, surtout depuis l’échec en 1983 du projet d’accord séparé. Il reste qu’Israël a toujours convoité la partie méridionale du Liban, avant même son existence. Les dirigeants du mouvement sioniste qui ne voulaient pas se satisfaire de la promesse de Lord Balfour en 1917, avaient demandé en 1919 aux participants de la Conférence de Versailles de faire en sorte que les frontières du futur Etat israélien soient repoussées d’une vingtaine de kilomètres plus au nord, en territoire libanais afin d’inclure une région riche en eau. Voilà le nouvel enjeu du Proche-Orient. Et il explique beaucoup de situations.Par