Amira Hass  
Au total, ce mercredi 24 février, 212  incidents liés à l’occupation ont été recensés : 4 agressions  physiques ; 39 raids de l’armée (dont un à Gaza) ; 28 arrestations ; 12  interpellations sur des check-points et dans des secteurs habités...
« L’année 2009 fut la plus  calme pour les Israéliens du point de vue sécurité et la plus violente  pour les Palestiniens du point de vue des agressions par des colons en  Cisjordanie. » Et juste au moment où il prononçait cette déclaration –  montrant l’une des absurdités qui caractérisent la situation politique –  le ministre palestinien de l’Agriculture, Ismail Daiq, recevait un coup  de téléphone du district de Jénine, l’informant que 5 puits artésiens  du village de Daan venaient d’être détruits dans la matinée. Un homme  avait été blessé au ventre en tentant de remonter la pompe pour la  sauver. Ce n’était pas une attaque de colons, mais un raid de l’armée.
Et ce n’était pas le seul évènement de routine  quotidienne pour ce mercredi 24 février. Le département des Affaires de  négociations à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)  rassemble quotidiennement les informations de tous les districts des  territoires occupés (Gaza et Cisjordanie, comme Jérusalem), pour les  publier dans un rapport quotidien du Palestinian Monitoring Group  (http://www.nad-plo.org/main.php ?view=pmg_pmg). Par souci de  convenance, le rapport classe d’abord les faits et donne ensuite les  détails par district.
Au total, ce mercredi 24 février, 212 incidents liés à  l’occupation ont été recensés. Notons par exemple : 4 agressions  physiques (en Cisjordanie et concernant des civils frappés à Naplouse et  à Jérusalem) ; un blessé (un civil touché dans un accrochage à Daan) ; 8  agressions militaires par armes à feu (dont 2 à Gaza, 2 en cours de  raids, une depuis un avant-poste militaire) ; 39 raids de l’armée (dont  un à Gaza) ; 28 arrestations ; et 12 interpellations sur des  check-points et dans des secteurs habités. Dans ces listes quotidiennes,  on trouve encore des démolitions de maisons (aucune ce mercredi), des  arasements de terres agricoles (un, à Gaza) et des travaux de  construction du mur de séparation (à 22 endroits).
Le rapport reprend également les destructions de  propriétés (7 cas, dont la destruction des puits et de récoltes ; la  fermeture de check-points (8 cas sur 5 check-points, notamment des cas  d’accès rendus difficiles) ; les check-points mobiles (« volants ») (23  ce jour-là) ; les fermetures permanentes de routes conduisant à des  villages (7 cas) ; les fermetures de grandes routes (40, dont 4 à  Bethléhem et 14 à Hébron, ainsi qu’au village de Jaba, à l’est de  Ramallah) ; la fermeture de passages frontaliers importants (4, dont le  blocus permanent de Gaza) ; les perturbations dans les écoles (3 dont le  lancement de deux grenades lacrymogènes) ; la violence des colons (un  cas, à Sheikh Jarrah) ; les manifestations (une, à Hébron). La liste  indique également les attaques palestiniennes (pas une ce mercredi).
La philosophie de ces rapports sur la situation  quotidienne est claire. Un « évènement » n’est pas qu’une fatalité, une  agression, un tir ou une démolition. C’est quelque chose qui entraîne  des dégâts durables et qui résulte de cette politique de bouclages  imposés, de construction du mur et de maintien du blocus de la bande de  Gaza. Mais même en dehors de ces éléments qui sont liés à l’occupation,  la plupart des incidents n’est pas portée à la connaissance de la grande  majorité des Israéliens.
Aucune statistique ne peut arriver à exprimer la  détresse affective et sociale qui accompagne chacun de ces évènements,  et non-évènements, tels que l’incarcération d’un million et demi de  personnes à l’intérieur de la bande de Gaza, ou le fait que des dizaines  de milliers des Gazaouis ne peuvent toujours pas reconstruire leur  maison endommagée pendant l’offensive des Forces de défense israéliennes  de l’hiver 2008/2009. Même sans le demander, on sait la raison de la  destruction des puits, dans le district de Jénine : ils avaient été  creusés « sans autorisation ». Mais le souverain qui détruit est aussi  celui qui contrôle les ressources aquifères et décide de la répartition,  inégale, de l’eau entre Palestiniens et Israéliens. Les statistiques ne  prennent pas en compte les difficultés concrètes qui découlent de cette  discrimination, ni l’affront permanent qu’elle inflige.
En 2009, Israël a détruit 225 maisons palestiniennes en  Cisjordanie et arraché 515 Palestiniens à leurs foyers, rapporte le  Bureau des Affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA -  http://ochaonline.un.org/). Des milliers de Palestiniens en zone C et à  Jérusalem vivent dans la crainte permanente que leur maison soit démolie  et d’être expulsés de leurs lieux de résidence.
Comment chiffrer la peur ? Comme cette peur qui habite  les familles de ces quelque 700 mineurs arrêtés par les FDI en 2009. La  section Palestine de Défense de l’Enfance internationale (DCI -  http://www.dci-pal.org/english/home.cfm) a représenté 218 de ces mineurs  devant les tribunaux. 40 ont été relâchés, 28 sous caution et 12 sans  conditions. 7 mineurs ont été gardés en détention administrative,  c’est-à-dire, détenus sans jugement. 192 ont été traduits devant un  tribunal, dont 23 étaient âgés de 12 ou 13 ans, et 46 de 14 ou 15 ans.  La majorité – 123 mineurs – avait 16 ou 17 ans.
Des peines inférieures à 6 mois ont été infligées à 121  de ces jeunes arrêtés (63%), alors que 31 ont pris entre 6 mois et un  an, et 32 entre un an et 3 ans. 8 des mineurs sont emprisonnés pour plus  de 3 ans.
La majorité des ces jeunes (117) ont été condamnés pour  des jets de pierres, 33 pour possession et lancement de cocktails  Molotov, 11 pour être membres d’organisations interdites, 8 pour  préméditation de meurtres, 7 pour possession et recel d’explosifs, et 16  pour possession et fabrication d’armes.
Pour l’instant, parlons des arrestations et des  jugements du système militaire, dont on dit qu’il est le moyen de faire  respecter l’ordre public, mais qui, actuellement, fait respecter  l’occupation. Mettons de côté, pour le moment, le fait que dans ces  tribunaux militaires, il est souvent recommandé au prévenu d’admettre  des délits qu’il n’a pas commis, car son temps de détention depuis le  début de sa procédure pourrait bien finir par dépasser celui de la  condamnation applicable pour l’infraction reprochée.
Mais comment faire pour quantifier la colère,  individuelle et collective, qui s’exprime dans les pierres qui sont  jetées, une colère qui est soulevée par le système judiciaire militaire  d’Israël ?
Tout élément d’information que nous donnons et qui  traite de la domination israélienne sur les Palestiniennes est  mensonger. Il veut donner l’impression de dire ce qui s’est réellement  passé du côté palestinien, et qu’en dehors de cela, tout est normal,  voire rayonnant. Mais toute nouvelle information publiée dans la presse  israélienne est le signe de ce qui manque, de ce que personne ne veut  savoir.
traduction : JPP pour l’AFPS