Franck Weil-Rabaud
Le président français n’a pas repris à son  compte, ce lundi 22 février, l’idée de son ministre des Affaires  étrangères, Bernard Kouchner de reconnaître un Etat palestinien avant  même le règlement de la question des frontières avec Israël. Il a assuré  que la France souhaite garder l’équilibre entre son appui donné à la  création d’un Etat palestinien et l’apport de garanties nécessaires à la  sécurité d’Israël. Pour Nicolas Sarkozy, sans accord entre les deux  parties, une proclamation unilatérale serait vide de sens.
Deux présidents au diapason  mais sans aucune possibilité de sortir de l’impasse. Voilà en résumé  l’esprit de la rencontre entre Mahmoud Abbas et Nicolas Sarkozy. Le  président palestinien a confirmé que la France restait l’un de ses plus  fidèles soutiens dans la quête d’un Etat indépendant et viable. Le chef  de l’Etat français a rappelé que la création de cet Etat était un  préalable à une paix durable. Mais les deux présidents ont dû  implicitement reconnaître que l’absence de négociations directes entre  Palestiniens et Israéliens rendait cette perspective toujours aussi  éloignée.
Nicolas Sarkozy a laissé entendre qu’il comptait évoquer  son projet de conférence internationale sur le Proche-Orient avec son  homologue américain fin mars à Washington. Mais le gouvernement  américain, qui a proposé de servir de relais entre les parties dans le  cadre de discussions indirectes, ne voit pas d’un très bon œil la  proposition française. Elle a donc peu de chance de voir le jour,  d’autant qu’Israël n’a guère montré d’enthousiasme à cette idée.
Reste la possibilité évoquée par Bernard Kouchner que la  France reconnaisse un Etat palestinien proclamé de manière  unilatérale [1]. Mais là, Mahmoud Abbas  comme Nicolas Sarkozy ont souligné que cette éventualité était  largement prématurée. En attendant, l’Etat palestinien, que la feuille  de route souhaitait voir naître en 2005, est toujours virtuel.
[1] voir aussi Pierre Barbancey :
Mahmoud Abbas cherche les clés du dialogue
En visite à Paris, le président palestinien veut  pointer le rôle que pourrait jouer l’Europe alors que Paris évoque une  éventuelle reconnaissance d’un État palestinien avant même la  négociation sur les frontières.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud  Abbas, est arrivé hier à Paris. Il doit s’entretenir aujourd’hui avec  Nicolas Sarkozy, alors que la situation au Proche-Orient est toujours  délicate. Si Abbas a accepté le principe de discussions indirectes avec  Israël sous l’égide des États-Unis, il réclame des garanties de la part  de Washington. Il n’a en revanche pas renoncé à son exigence d’un gel  complet de la colonisation israélienne avant de reprendre des  discussions de paix directes avec les Israéliens.
Visite de François Fillon à  Damas et à Amman
Pour les pays occidentaux, le blocage entretenu par  l’attitude israélienne ne facilite pas leur stratégie régionale alors  que tout est fait pour isoler l’Iran. François Fillon était ainsi à  Damas et à Amman ces derniers jours. Bernard Kouchner, dans une  interview au Journal du dimanche, estime de son côté  : « On peut  envisager la proclamation rapide d’un État palestinien, et sa  reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la  négociation sur les frontières. » Selon lui, « si à la mi-2011, le  processus politique n’a pas mis fin à l’occupation, j’ai fait le pari  que l’état d’avancement des infrastructures et des institutions  palestiniennes créera une telle pression qu’Israël sera contraint de  renoncer à l’occupation ». Le premier ministre palestinien, Salam  Fayyad, a pour sa part déclaré son intention de donner naissance à un  État palestinien « dans les faits et sur le terrain » en 2011, quelle  que soit l’avancée des discussions avec Israël. Les Palestiniens  demandent que leur futur État soit fondé sur les frontières d’avant la  guerre israélo-arabe de juin 1967, les seules reconnues par la  communauté internationale, avec comme capitale Jérusalem-Est, à majorité  arabe, occupée et annexée par Israël. Une perspective que refuse  Israël. « Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du  conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu.  Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus  intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible », a  rapidement rétorqué un responsable israélien. Tel-Aviv veut éviter  d’être acculé.
C’est sans doute ce qui explique l’opération menée  contre un responsable du Hamas à Dubai, Mahmoud Al Mabhouh, qui a été  assassiné. L’affaire fait d’autant plus de bruit que les membres du  commando ont utilisé des passeports occidentaux, dont un français. Le  chef même du groupe était en possession d’un faux document tricolore.  Selon un journal britannique, qui cite des sources proches du Mossad,  les services de renseignements israéliens que tout accuse, le premier  ministre Netanyahou aurait donné son feu vert à l’opération.
Mandat d’arrêt contre les  membres du commando
Interpol a lancé un mandat pour tenter d’arrêter  les 11 membres du commando. Pour le chef de la police de Dubai, qui  s’est dit « certain à 99 %, sinon à 100 % » que le Mossad est derrière  l’assassinat, « ce n’est plus une affaire locale, mais c’est une affaire  de sécurité qui touche des pays européens ».
Une affaire qui ne peut que mettre un peu plus de  difficultés dans la reprise des discussions entre Palestiniens et  Israéliens. Pendant ce temps, l’occupation se poursuit. Israël vient  même d’ajouter à la liste de « l’héritage national » le tombeau des  patriarches situé à Hébron, et la tombe de Rachel, à l’entrée de  Bethléem, c’est-à-dire en territoire palestinien.
Pierre Barbancey, publié par l’Humanité http://www.humanite.fr/article27613...
publié par RFI