NouvelObs
C’est ce qu’affirme le mouvement  palestinien lui-même, en réponse aux allégations du chef de la police de  Dubaï, persuadé du contraire.
Le Hamas n’a pas été infiltré  par le Mossad. C’est du moins ce qu’a soutenu dimanche 21 février le  mouvement islamiste palestinien lui-même. Les services de renseignements  israéliens sont pourtant susceptibles d’une telle infiltration, avant  l’assassinat d’un des cadres du Hamas dans un hôtel de Dubaï, comme l’a  laissé entendre le chef de la police de l’émirat. "Le Hamas rejette  toutes les accusations et affirme que le fait que Mahmoud al-Mabhouh ait  été suivi par des agents du Mossad ne signifie pas que le mouvement est  infiltré" par le Mossad, peut-on lire dans un communiqué du groupe  palestinien à Damas. Le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, a  quant à lui indiqué, dans l’édition de dimanche du quotidien émirati  Al-Bayane, qu’une personne du proche entourage de la victime avait  informé le commando qui l’a assassiné le 19 janvier de ses mouvements.  Mahmoud al-Mabhouh, l’un des fondateurs de la branche militaire du  mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza, a  été retrouvé assassiné dans sa chambre d’hôtel de Dubaï le 20 janvier.
"Nos preuves sont multiples"
Le chef de la police a en outre conseillé au Hamas de  mener "une enquête interne pour dévoiler la personne à l’origine des  fuites sur les déplacements précis de Mabhouh". Il s’est dit "certain à  99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l’assassinat". Le  communiqué du Hamas souligne que "la coopération et les contacts directs  avec (la police) de Dubaï concernant l’assassinat de Mahmoud al-Madbouh  seraient plus utiles que les déclarations de presse hâtives". "Le Hamas  mène toujours une enquête sur le crime perpétré et espère coordonner  ses actions avec (la police) de Dubaï", poursuit le communiqué. Dhahi Khalfan a indiqué dimanche que des passeports "diplomatiques"  avaient été utilisés par le commando responsable de l’assassinat. "Il y a  des informations que la police de Dubaï ne veut pas rendre publiques  pour le moment, notamment en ce qui concerne des passeports  diplomatiques utilisés par des membres du commando", a-t-il encore  déclaré dans Al-Bayane, organe du gouvernement local. La police de Dubaï  a annoncé que les membres du commando qui ont tué le Palestinien  Mahmoud Al-Mabhouh le 19 janvier détenaient des passeports britanniques,  irlandais, français ou allemand [1]. Dans l’enquête, "la coopération avec la Grande-Bretagne, la France,  l’Irlande et l’Allemagne va bon train", a fait savoir le chef de la  police, dans Emarat Al-Youm, un autre quotidien de Dubaï. "Nos preuves  sont multiples" et "les questions soulevées par la police de Dubaï ne  peuvent pas être ignorées par les pays concernés par l’affaire". "Ce  n’est plus une affaire locale, mais c’est une affaire de sécurité qui  touche des pays européens", a-t-il encore commenté dans le quotidien  Al-Ittihad, organe du gouvernement local de l’émirat voisin d’Abou  Dhabi.
Renseignement sous l’égide du  Premier ministre...
Le ministère émirati des Affaires étrangères a convoqué  dimanche les ambassadeurs des pays de l’UE pour leur signifier sa  "profonde inquiétude concernant le mauvais usage des privilèges"  accordés à "certains pays amis", dont les ressortissants n’ont pas  besoin de visa pour entrer aux Emirats. De leur côté, Londres, Dublin,  Paris et Berlin ont récemment demandé des explications aux ambassadeurs  d’Israël dans ces capitales sur les passeports utilisés par le commando.  Mais le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Dany Ayalon a  affirmé samedi qu’"Israël ne s’attend pas à une crise avec les pays  européens (...) car Israël n’a aucun lien avec ce qui s’est passé".
Dhahi  Khalfan a d’autre part qualifié de "mensonges"  des informations de la presse israélienne selon lesquelles le commando  avait effectué durant les trois derniers mois deux séjours à Dubaï,  préalablement au meurtre. "La dernière visite des meurtriers a eu lieu  il y a près d’un an", a-t-il assuré. La presse israélienne a donc laissé  entendre que le Mossad était bien responsable de l’élimination de  Mabhouh. Le ministre de l’Industrie Binyamin Ben Eliezer a pour sa part  indiqué dimanche que les opérations du service de renseignement  dépendaient du Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Et le journal  britannique Sunday Times de rapporter, citant des sources proches du  Mossad non identifitées, que Benyamin Netanyahu a rencontré les membres  du commando, au quartier-général du Mossad à Tel-Aviv, avant qu’ils ne  se rendent à Dubaï pour tuer Mabhouh.
[1] voir aussi
Meurtre à Dubaï : un membre présumé du commando a disparu
Un homme soupçonné d’avoir participé à l’assassinat  d’un des cadres du Hamas dans un hôtel de Dubaï a mystérieusement  disparu en Israël.
Un homme soupçonné d’avoir participé à l’assassinat  à Dubaï d’un cadre de la branche armée du Hamas sous l’identité de  Michael Bodenheimer a mystérieusement disparu en Israël, rapporte lundi  22 février le quotidien israélien Yediot Aharonot.
Son nom figurait encore la semaine dernière sur la  plaque d’entrée d’un immeuble de bureaux à Herzliya, au nord de  Tel-Aviv, selon une enquête du journal populaire.Mais le nom de Michael  Bodenheimer a disparu dimanche et il s’avère que la société qui avait  loué le bureau dans cet immeuble discret est fictive, a constaté le  quotidien, qui publie des photos à l’appui de ses dires.
Volatilisé
Depuis que l’affaire a éclaté, l’homme est  introuvable. Un dénommé Michael Bodenheimer avait obtenu en juin dernier un passeport  allemand valide, a indiqué de son côté le magazine allemand Der  Spiegel.
Ce passeport a été délivré à Cologne (ouest de  l’Allemagne) à un homme affirmant s’appeler Michael Bodenheimer, qui  avait présenté un passeport israélien émis à la fin 2008, toujours selon  Der Spiegel. Il s’était prévalu du droit à un passeport allemand en disant résider à  Cologne et en présentant un extrait de mariage de ses parents dont la  famille avait été persécutée par les nazis.
Deux Michael Bodenheimer
En revanche, les médias israéliens ont retrouvé la  semaine dernière un autre Michael Bodenheimer, un homonyme de  nationalité israélienne et américaine vivant à Bnéi Brak, un faubourg de  Tel Aviv. Ce Michael Bodenheimer, un ultra-orthodoxe, père de famille  nombreuse, a catégoriquement démenti tout lien avec cette affaire. Il ne présente aucune ressemblance avec l’autre Bodenheimer dont la  photo d’identité a été publiée par la police de Dubaï.
Des passeports européens
La police de Dubaï a révélé que les membres du  commando qui ont tué le Palestinien Mahmoud Al-Mabhouh le 19 janvier  détenaient pour six d’entre eux des passeports britanniques, pour trois  des passeports irlandais, auxquels s’ajoutent un passeport français et  un passeport allemand. L’Allemagne a demandé jeudi au chargé d’affaire israélien à Berlin des  explications sur cet assassinat, selon un communiqué du ministère des  Affaires étrangères. Le meurtre a été imputé de par le monde au Mossad, le service secret  israélien. Israël maintient officiellement le mutisme, excipant de l’absence de  preuves, mais les médias israéliens accréditent l’hypothèse du Mossad.
(Nouvelobs.com avec AFP)