Ouri Daniel
Alors que son opinion publique applaudit,  le gouvernement israélien ne juge pas utile de démentir le rôle du  Mossad dans la mort du responsable du Hamas.
« Rien ne prouve qu’Israël est impliqué » dans  l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, le 20 janvier à Dubaï, affirme  Avigdor Lieberman, chef de la diplomatie israélienne. Il n’a pas jugé  utile de démentir qu’il s’agit d’une opération du Mossad, à laquelle son  opinion applaudit ouvertement.
Pour elle, le cadre du Hamas est avant tout « un  terroriste », qui se vantait il y a encore quelques semaines devant une  caméra de télévision d’avoir tué de sang-froid deux soldats israéliens,  en soulignant toutefois qu’« il ne s’agissait pas d’un acte  d’héroïsme ».
Pragmatiquement, les médias israéliens ont souligné ces  jours que le commando du Mossad a atteint « un objectif stratégique » en  éliminant Al-Mabhouh, qui était responsable de l’acheminement des armes  iraniennes jusqu’à la bande de Gaza. « Le Hamas aura du mal à le  remplacer. Il est durablement déstabilisé », estime ainsi Yossi Melman,  expert des services secrets du quotidien Haaretz. Et d’ajouter que le  Hamas s’interroge en outre sur la présence éventuelle d’une taupe  israélienne au plus haut niveau de sa hiérarchie, ce qui annonce  peut-être une vague d’épurations.
Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, a forcément  donné son feu vert à l’opération, car les services secrets sont  directement rattachés à son bureau [1]. Mais, au sein de la classe  politique, personne ne lui a reproché les apparentes bavures constatées à  Dubaï.
Le Mossad a très probablement pris en compte les risques  encourus. Les caméras de surveillance sont devenues incontournables  dans tous les aéroports et les grands hôtels des capitales mondiales. A  plus forte raison à Dubaï, qui a la réputation de disposer de la police  la plus sophistiquée du monde arabe.
Blason redoré
« Le jeu en valait la chandelle », estime Yédiot  Aharonot, quotidien à gros tirage. Bref, pour la grande majorité des  Israéliens, le Mossad a largement redoré son blason depuis la tentative  avortée d’assassinat, en septembre 1997 à Amman, de Khaled Mechaal, le  chef politique en exil du Hamas. A l’époque, Netanyahou était aussi aux  commandes du pays, et cet échec avait contribué à sa réputation de  personnage impulsif et irréfléchi, qui devait finalement lui coûter le  pouvoir.
Aujourd’hui, le prix politique à payer semble mineur :  les condamnations de principe des pays européens pour l’utilisation  indue de passeports et l’usurpation d’identités de certains de leurs  ressortissants [2]. « La belle affaire !  Comme si les services secrets des pays de l’UE n’en faisaient pas  autant », écrit le journal Israël Hayom. Il souligne que ces services  coopèrent étroitement avec leurs homologues israéliens, et ajoute que  « seul le langage ampoulé du Quai d’Orsay permet de conclure qu’il faut  d’urgence créer un Etat palestinien parce qu’un terroriste de la pire  espèce a été abattu ». Sans états d’âme, un officiel estime que  « l’affaire de Dubaï va très vite être oubliée, car les négociations de  paix entre Israël et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas vont  bientôt reprendre ».
[1] voir aussi la Liberté d’Algérie
Assassinat d’al-Mabhouh du Hamas Les opérations du Mossad dépendent uniquement de Netanyahu
Par : R. I./Agences
Les opérations menées par le Mossad, le service de  renseignements israélien, doivent obtenir l’aval du seul Premier  ministre, a indiqué, hier, le ministre de l’Industrie, Binyamin Ben  Eliezer, ancien titulaire du portefeuille de la Défense. “Tout dépend du  Premier ministre. Il n’est pas obligé de rendre compte au gouvernement  lorsque le chef du Mossad obtient l’autorisation d’agir. Le chef du  gouvernement peut, s’il le veut, informer le ministre de la Défense,  mais ce n’est pas une obligation”, a affirmé Ben Eliezer à la radio  militaire.
Interrogé sur le point de savoir s’il avait été  lui-même informé d’opérations du Mossad avant leur exécution lorsqu’il  était ministre de la Défense (2001-2002), Ben Eliezer a précisé qu’Ariel  Sharon, à l’époque chef du gouvernement, “m’a associé à tout” sans  donner d’autres précisions. Ben Eliezer a par ailleurs maintenu le flou  sur la responsabilité du Mossad dans le meurtre le mois dernier dans un  hôtel de Dubaï d’un cadre du Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh. “Je ne sais pas  si c’est nous, mais l’important pour moi c’est le résultat”, s’est-il  borné à dire. “Je ne crains pas les répercutions internationales.  Personne ne s’attendait à ce que le monde réagisse calmement à un  évènement aussi dramatique (...) C’est pourquoi il faut aller de  l’avant, dans six mois plus personne n’en parlera, tout ira bien”, a  ajouté Ben Eliezer.
Le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, s’est  dit jeudi “certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière  l’assassinat” pour lequel onze personnes détentrices de passeports  européens sont recherchées. De leur côté, les médias israéliens ont  laissé clairement entendre ces derniers jours que le Mossad était bien  responsable de l’élimination d’Al-Mabhouh, un chef du bras armé du  Hamas, impliqué dans le meurtre de deux soldats israéliens et considéré  par Israël comme un maillon essentiel de la contrebande d’armes  iraniennes à destination de la bande de Gaza.
Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des  explications aux ambassadeurs d’Israël dans ces capitales sur les  passeports de leurs pays, apparemment faux, dont étaient porteurs les  membres présumés du commando. Au cours de l’interview, Ben Eliezer a  révélé avoir utilisé dans le passé au moins une fois un faux passeport  alors qu’il était colonel de l’armée. “C’est arrivé lorsque j’ai été  envoyé au nom du ministère de la Défense rencontrer (le chef chrétien  libanais) Bachir Gemayel à Beyrouth à la fin de 1975. Je me suis rendu  complètement déguisé à Beyrouth, alors que j’étais colonel. On m’a amené  à proximité des côtes libanaises et Danny Chamoun (fils de  l’ex-président libanais Camille Chamoun) est venu me chercher pour  m’amener voir Béchir Gemayel”, a raconté l’ex-ministre de la Défense. http://www.liberte-algerie.com/edit...
[2] voir aussi  radio Canada :
Assassinat de Dubaï : L’UE en colère
Lors d’une réunion à Bruxelles lundi, les ministres  des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne (UE) ont  condamné « fermement » l’utilisation, par le commando qui a assassiné le  cadre du Hamas à Dubaï le 20 janvier dernier, de passeports falsifiés  de pays membres de l’UE et de cartes de crédits « obtenus en volant  l’identité de citoyens européens ».
Le meurtre de Mahmoud Al-Mabhouh « soulève des  questions qui sont profondément dérangeantes » pour l’Union européenne,  indique un texte rendu public lundi.
Les ministres se sont gardés de viser directement  la responsabilité d’Israël, plusieurs d’entre eux faisant valoir que  rien n’était prouvé à ce jour. Cependant, ils estiment que cette  opération « ne peut pas contribuer à la paix et à la stabilité au  Moyen-Orient ».
Le ministre israélien des Affaires étrangères,  Avigdor Lieberman, a souligné par communiqué que « rien ne prouve  qu’Israël est impliqué » dans le meurtre d’Al-Mabhouh.
« Si quelqu’un avait présenté de telles  informations en dehors des articles de presse, nous aurions réagi, mais  comme il n’y a pas de faits concrets, il n’y a aucun besoin de réagir »,  a -t-il ajouté.
Les autorités de Dubaï affirment être persuadées  qu’il est l’oeuvre du Mossad, le service secret israélien.
Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy  a condamné « sans appel » « l’exécution » à Dubaï du responsable du  Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh.
« Ce ne sont pas des méthodes et rien ne peut  justifier ces méthodes [...]. Ce genre d’événement ne peut qu’attiser  les tensions et n’amène rien de positif. », a-t-il ajouté.
Le président français s’est exprimé sur cette  affaire lors d’une conférence de presse à la suite d’une rencontre à  Paris avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Dimanche, le premier ministre israélien Benyamin  Nétanyahou a été montré du doigt par le Sunday Times de Londres pour  avoir présumément donné le feu vert à l’assassinat de Mahmoud  Al-Mabhouh.
Le journal précise que Benjamin Netanyahou a  approuvé le projet d’assassinat lors d’une rencontre, début janvier, à  Tel-Aviv, avec le chef du Mossad, les services secrets israéliens.
La police de l’Émirat attribue à « 99 %, voire à  100 % » ce meurtre à un commando du Mossad.
Interpol a publié des avis de recherche de 11  personnes qui seraient liées à cette opération. http://www.radio-canada.ca/nouvelle...