René Backmann - blog Israël Palestine
L’accord de réconciliation 
qui avait été conclu en avril dernier au Caire entre le Hamas  – qui 
contrôle la bande de Gaza – et le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie à 
travers l’Autorité palestinienne – et qui n’avait pas été appliqué, 
pourrait déboucher, dans une semaine, sur un contrat politique 
actualisé.  Et sur la constitution à court terme d’un  gouvernement 
intérimaire d’indépendants chargé de préparer des élections législatives
 et présidentielle prévues pour le mois de mai. Au printemps dernier les
 discussions pour la formation d’un gouvernement avaient achoppé sur 
l’attribution des ministères et, surtout,sur le choix du premier 
ministre.
Le président de l’Autorité palestinienne entendait 
conserver dans ses fonctions son actuel premier ministre, Salam Fayyad, 
ancien haut-fonctionnaire du FMI et de la Banque mondiale, artisan du 
redressement ou de la création des institutions étatiques 
palestiniennes, qui a la confiance de la communauté internationale. Les 
dirigeants du Hamas, qui reprochent à Salam Fayyad sa coopération – 
notamment sécuritaire – avec Israël, et qui le dénoncent comme un 
« collaborateur » ne voulaient de lui à aucun prix. Ce conflit et des 
divergences de vues sur d’autres personnalités, citées comme membres 
possibles du gouvernement d’union avaient fait capoter l’accord demeuré 
lettre morte depuis six mois.
 « Les Erdogans contre les Talibans »
Résolu à reprendre l’initiative sur le terrain politique
 après le blocage de la candidature palestinienne à l’ONU – voir mon 
blog précédent – Mahmoud Abbas juge aujourd’hui qu’aucune action 
d’envergure ne peut être entreprise tant que la question du contentieux 
entre le Hamas et le  Fatah – et son corollaire la séparation entre la 
bande de Gaza et la Cisjordanie – n’est pas réglée. C’est la raison pour
 laquelle des émissaires du Fatah et du Hamas viennent de se rencontrer 
longuement au Caire pour mettre au point un projet de protocole.
Selon un cadre du Fatah familier du dossier, les Frères 
musulmans égyptiens ont joué un rôle important dans cette négociation en
 s’efforçant de convaincre leurs « frères » palestiniens que le moment 
était venu de mettre fin à la division. Un autre responsable du Fatah 
fait observer qu’au sein du Hamas, les « Erdogan ont triomphé des 
Taliban ». En d’autres termes, les modérés auraient triomphé des 
radicaux, ce qui aurait permis d’avancer sur des dossiers clés : la 
liste des ministres, la constitution de la Commission chargée 
d’organiser et superviser les élections, les priorités budgétaires, la 
coordination, puis la fusion des forces dé sécurité des deux entités.
Une rencontre Abbas-Mechaal au Caire
Reste la personnalité du premier ministre. Lundi 
dernier, Salam Fayyad a déclaré qu’il avait toujours été favorable à la 
réconciliation et qu’il ne voulait pas être l’obstacle à la constitution
 d’un gouvernement d’union. Il proposait donc de se retirer pour 
faciliter la conclusion d’un accord. Le lendemain, un député du Fatah, 
Faiçal Abou Shahla précisait que Salam Fayyad était toujours le candidat
 de  Mahmoud Abbas.
En fait, le choix du premier ministre et le règlement 
des points encore en discussion seront à l’ordre du jour de la rencontre
 entre Mahmoud Abbas et le chef en exil du Bureau politique eu Hamas, 
Khaled Mechaal, prévue pour vendredi prochain au Caire. Le président 
palestinien qui devrait arriver dès le 23 dans la capitale égyptienne 
pourrait participer aux discussions finales sur la Commission électorale
 centrale, la constitution du tribunal électoral et la refonte des 
services de sécurité.
Pendant que les discussions sur la réconciliation entre 
Palestiniens reprenaient, les efforts du Quartette pour relancer les 
négociations de paix, interrompues depuis un an, se soldaient, une 
nouvelle fois par un échec. Aux émissaires en visite au début de cette 
semaine dans la région, les Palestiniens ont rappelé leur position : les
 négociations reprendront dès que les Israéliens mettront un terme à la 
colonisation et accepteront le principe d’un Etat palestinien dans les 
frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Israël a répondu 
en annonçant, mardi, le lancement d’un appel d’offres pour la 
construction de 800 nouveaux logements dans deux colonies de 
Jerusalem-Est, Har Homa et Pisgat Zev.
Publié sur le blog Israël Palestine, hébergé par le Nouvel Observateur.