samedi 25 juin 2011

La Flottille II se prépare à lever l’ancre pour Gaza

samedi 25 juin 2011 - 17h:10
Bego Astigarraga - Al Jazeera
La Flottille de la Liberté II, composée de dix navires transportant un millier de militants provenant d’une vingtaine de pays se prépare à naviguer en direction de Gaza.
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La « Flottille de la liberté II - Restez humains », a été nommée ainsi en l’honneur du militant pacifiste italien Vittorio Arrigoni, assassiné en avril à Gaza.
Alors que la Flottille de la Liberté II, composée de dix navires transportant un millier de militants provenant de 20 pays, se prépare à lever l’ancre pour la bande de Gaza sous blocus, les autorités israéliennes intensifient leurs menaces.
Le gouvernement israélien a fait pression sur les autres pays du bassin méditerranéen d’où les bateaux doivent prendre la mer à la fin de ce mois - bien que la date exacte et le lieu n’aient toujours pas été révélés pour des raisons de sécurité.
Israël a prévenu des diplomates étrangers à Tel Aviv d’être prêts à « assumer les conséquences », indique un communiqué publié par l’association espagnole Rumbo a Gaza [naviguer jusqu’à Gaza].
Le quotidien israélien Haaretz a révélé que l’armée israélienne a réalisé un exercice de grande envergure pour les tireurs d’élite des commandos spéciaux et qu’elle se prépare à intercepter la flottille. [...]
Le bateau qui va transporter 50 personnes venues d’Espagne [dont le journaliste Bego Astigarraga] a été baptisé Gernika et transportera à Gaza une interprétation libre par des artistes du Pays Basque, du célèbre tableau de Pablo Picasso peint en 193, après que les forces fascistes allemandes et italiennes aient bombardé le village basque de Gernika (ou Guernica) dans le nord de l’Espagne.
Avertissement officiel
Le gouvernement espagnol a évité de faire des déclarations à propos de la Flotille. Mais le ministre des Affaires étrangères Trinidad Jiménez a déclaré que le meilleur moyen d’aider la bande de Gaza était la pression diplomatique, et non pas l’envoi de flottilles.
« Nous vous déconseillons fortement de prendre part à l’initiative Rumbo Gaza, en raison du grave danger auquel les participants à la flottille pourraient être confrontés », dit un avertissement publié sur ​​le site Web du ministère.
Israël a commencé à resserrer sa mainmise sur la bande de Gaza après que le Hamas ait remporté les élections palestiniennes en janvier 2006, et a imposé un blocus complet les années qui ont suivi, en particulier après la meurtrière offensive militaire Cast Lead lancée fin 2008.
Israël fait valoir que le blocus est nécessaire pour des raisons de sécurité, tandis que les groupes de défense des droits humains expliquent que le siège revient à appliquer une punition collective sur les 1,5 million d’habitants du territoire, principalement des civils. Ce siège est de plus illégal au regard du droit international.
Les autorités israéliennes ont préparé des camps pour y incarcérer les participants à la flottille, qui peuvent donc être enlevés et jetés en prison pour avoir violé le blocus.
« L’an dernier, 15 jours avant de partir, nous savions que si la communauté internationale n’agissait pas, un massacre aurait lieu et il a fini par se produire, » a dit le militant Manuel Tapial, coordinateur de l’initiative espagnole Rumbo Gaza et un des participants à la flottille de 2010.
Dans les premières heures de la matinée, le 31 mai 2010, des commandos israéliens ont tiré à l’arme à feu sur le premier bateau de la « Flottille de la Liberté I », le Mavi Marmara, assassinant neuf personnes et en blessant plus de 50 qui étaient à bord .
Le reste des 600 passagers avait été arrêté et emprisonné sans accusation pendant une journée et demi en Israël avant d’être déportés.
Droit international
Il n’y a aucune base légale pour qu’Israël intercepte les navires et les empêche de livrer des fournitures humanitaires, affirment les experts en droit international.
« Israël n’a de compétence que sur ses eaux territoriales de 12 miles nautiques, et ni les eaux au large des eaux de Gaza, ni les eaux internationales ne sont sous son autorité », a déclaré Juan Soroeta, professeur de droit international à l’Université du Pays Basque.
« Aucune résolution de l’ONU n’autorise le blocus de Gaza », a déclaré Soroeta. « Au contraire, c’est un acte illégal, une mesure unilatérale imposée par la force par Israël dans le contexte d’une occupation tout aussi illégale du territoire palestinien. »
La résolution 1860 du conseil de sécurité, adoptée le 8 janvier 2009, appelle à « la fourniture et la distribution sans entrave dans tout Gaza de l’aide humanitaire, y compris les aliments, les fournitures médicales et en énergie ».
Mais les rapports des organisations humanitaires internationales travaillant sur le terrain confirment que cette exigence n’est pas remplie.
« Nous avons demandé à plusieurs reprises à nos gouvernements et aux organismes internationaux d’envoyer des observateurs afin d’inspecter les navires et les cargaisons humanitaires ainsi que les passagers qu’ils transportent, tant au port qu’en mer, mais personne n’a encore répondu à cette proposition », a déclaré Tapial.
Le Mavi Marmara avait prévu de prendre part à Flottille de la Liberté II, mais son propriétaire, la Fondation turque d’aide humanitaire (IHH), a déclaré que les réparations des dommages causés l’année dernière n’étaient pas terminées et que le navire n’était pas en état de faire le voyage.
Il y a eu des spéculations quant à savoir si cette décision n’avait pas à voir avec des négociations secrètes entre la Turquie et Israël.
Mais le fait que la flottille soit maintenue sape l’argument selon lequel la campagne a été organisée par l’IHH, une organisation caritative islamique qu’Israël dénigre en disant qu’elle a des liens avec le terrorisme.
« Confiants dans le succès »
En même temps, en Israël, « un débat public a lieu sur ce qu’il convient de faire, certains disant qu’il faut nous laisser passer parce que nous sommes des civils transportant uniquement de l’aide humanitaire, alors que le blocus, selon Israël, ne concernerait que de la contrebande d’armes », a dit Tapial.
Indépendamment de ces difficultés, la Flotille de la Liberté II - Restons Humains - ainsi nommée en l’honneur du militant pacifiste italien Vittorio Arrigoni assassiné en avril à Gaza - a pour objectif de livrer des matériaux de construction, des fournitures médicales et du matériel pédagogique.
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés Palestiniens (UNRWA) « nous a informés dans une lettre qu’ils ne pourraient pas réceptionner nos livraisons, de façon à ce qu’Israël ne puisse pas les accuser les d’être impliqués dans le conflit », dit également Tapial.
« Mais si nous l’amenons sur place, je suis sûr que le matériel sera bien reçu et distribué équitablement, » at-il ajouté.
Les 10 000 tonnes d’aide humanitaire transportées par la première Flotille de la Liberté ont été confisquées par l’Israël, ainsi que les effets personnels des passagers et tout l’équipement des journalistes qui étaient à bord.
Rien n’a jamais été restitué [ni effets personnel, ni produit transporté], véritable « butin dans la meilleure tradition de la piraterie », a déclaré l’avocat espagnol Enrique Santiago - qui a été impliqué dans la préparation des plaintes déposées contre l’Israël suite à l’assaut sur la flottille dans les eaux internationales.
Le soutien international à la deuxième flottille n’a fait que se développer, avec le renfort de milliers de personnalités à travers le monde, comme les lauréats du prix Nobel pour la Paix : Rigoberta Menchú du Guatemala, Mairead Maguire d’Irlande Du Nord, Jody Williams des Etats-Unis et Chirine Ebadi d’Iran.
Ces éminents militants pour la paix et la défense des droits de l’homme ont invité le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à pousser les gouvernements des pays concernés à prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de leurs citoyens participant à la mission humanitaire.
24 juin 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/indept...
Traduction de l’anglais : al-Mukhtar
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