samedi 25 juin 2011

Flottille pour Gaza II, embarquement imminent

publié le samedi 25 juin 2011
Elise Barthet

 
Deux bateaux français participent à l’opération... J’embarquerai sur l’un d’eux et m’efforcerai de livrer sur ce blog du Monde.fr le récit de l’expédition.
Un an après l’arraisonnement meurtrier d’un premier convoi humanitaire au large d’Israël, une nouvelle flottille internationale s’apprête à faire route vers Gaza pour tenter de briser le blocus imposé à l’enclave palestinienne. Contrairement à l’année précédente, deux bateaux français participent à l’opération.
Le premier de ces navires, le "Louise Michel", se trouve actuellement en Grèce. Le second, le "Dignité-Al Karama" a appareillé ce matin de l’Île-Rousse, en Corse. J’embarquerai sur l’un d’eux et m’efforcerai de livrer sur ce blog du Monde.fr le récit de l’expédition.
UNE CAMPAGNE LANCÉE EN OCTOBRE 2010
Ce projet, baptisé "Un bateau français pour Gaza", n’aurait pu se concrétiser sans les 600 000 euros de fonds collectés au cours de la campagne lancée en octobre sous l’impulsion conjuguée de la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine et du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.
Près de 70 organisations (associations, partis politiques et syndicats) ont pris part à la mobilisation. De Lille à Marseille en passant par Strasbourg, Toulouse ou Alençon, militants et conférenciers ont sillonné le pays. Trois semaines de tournée en février. "Ça a été un vrai succès", témoigne Julien Rivoire, membre du Nouveau Parti anticapitaliste et du comité de coordination de la campagne. "On arrivait sur les marchés en camion avec une sono, des banderoles, des tracts et une tirelire. A Toulouse, au Mirail, on a récolté 600 euros en deux heures. C’était pendant les révolutions tunisienne et égyptienne. Il y avait un climat particulier, les gens se disaient ’c’est possible de faire changer les choses’".
EFFET BOULE DE NEIGE
Porté par cet élan, la mobilisation fait boule de neige, dépassant rapidement les cercles militants traditionnels. Manifestations, expositions, projections de film ou lâcher symbolique de bateaux en papier... Ce sont finalement plus de 1 500 événements qui sont organisés à travers la France. Les dons affluent. "On était loin d’imaginer que le mouvement prendrait une telle ampleur", se félicite Maxime Guimberteau, chargé de la communication d’"Un bateau français pour Gaza".
"J’ai l’impression que cette campagne a réveillé les gens. Une vraie ferveur s’est substituée au fatalisme qui avait gagné beaucoup d’anciens militants engagés dans le mouvement pro-palestinien", observe Alain Bosc, membre de la Cimade et du comité de coordination d’"Un bateau pour Gaza". Très relayée au sein des associations, l’initiative a également été accueillie avec enthousiasme dans les quartiers populaires et notamment "auprès des familles françaises d’origine arabe, sensibles à la question palestinienne et au sort des habitants de la bande de Gaza".
90 % DE DONS DE PARTICULIERS
De nombreuses structures chrétiennes comme le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire) ou les Chrétiens de la Méditerranée ont également mobilisé leurs réseaux. Un appel, lancé notamment à l’initiative de l’archevêque de Sens-Auxerre et des évêques de Troyes et de La Rochelle, a été envoyé dans tous les diocèses, pour encourager les fidèles "à faire une place particulière dans leur prière personnelle et en communauté pour que la deuxième flottille de la liberté puisse atteindre ses objectifs au service de la paix".
Résultat : sur l’ensemble des 600 000 euros collectés, 90 % des dons viennent de particuliers. D’après les organisateurs, "la plupart des gens ont participé à hauteur de 5, 10 ou 50 euros". S’y ajoutent les contributions des organisations signataires, les subventions de plusieurs collectivités locales et un versement de la fondation "Un monde par tous". Tous les chèques de soutien ont été libellés à l’ordre du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui a ouvert un compte spécial pour les centraliser. "Tout s’est fait dans la transparence, assure le collectif. Nous n’avons pas accepté d’argent de pays ou d’associations étrangères."
46 PERSONNES SUR LES BATEAUX FRANÇAIS
Les sommes récoltées ont été affectées à l’achat des deux bateaux, à la constitution des équipages, et aux dépenses de communications. "Affréter les navires, c’est ce qui a été le plus difficile au bout du compte, reconnaît Alain Bosc. On n’est pas des armateurs, on a connu quelques déboires."
Finalement, 46 personnes sont attendues à bord. Au côté des militants des différentes associations engagées dans la campagne, embarqueront plusieurs personnalités du monde politique ou associatif, comme Olivier Besancenot (NPA), le député communiste du Havre, Jean-Paul Lecoq, la députée européenne Nicole Kiil-Nielsen (EELV), le marin breton Jo Le Guen, ou encore Julien Bayou, du collectif Jeudi Noir.
publié sur le blog du Monde "A bord de la flottille"