AFP
Dans une déclaration télévisée vendredi (31 décembre 2010), Mahmoud Abbas  a exhorté la communauté internationale à substituer un plan de paix à  un processus devenu un instrument « de gestion plutôt que de résolution  du conflit ».
Les dirigeants palestiniens  abordent 2011 déterminés à proclamer leur État dans l’année, peaufinant  leurs alternatives à des pourparlers de paix avec Israël qui se sont  révélés totalement stériles.
Symbole de ce changement de cap amorcé lors d’une réunion arabe en Libye le 8 octobre, le président Mahmoud Abbas a posé vendredi la première pierre de l’ambassade de Palestine  au Brésil, pionnier des quatre pays latino-américains qui ont reconnu  en décembre l’État palestinien sur les frontières d’avant juin 1967 [1]
Depuis, M. Abbas décline les alternatives envisagées,  s’échelonnant d’initiatives diplomatiques à des décision radicales,  telle la suspension des accords conclus avec Israël, voire la  dissolution de l’Autorité palestinienne.
Les stratèges palestiniens tablent sur une proclamation  pour septembre 2011, triple échéance à leurs yeux. Il s’agit du terme de  la période d’un an fixée pour les négociations de paix directes, ainsi  que du plan de deux ans du premier ministre Salam Fayyad pour jeter les bases d’un État, et de la date de la prochaine Assemblée générale des Nations unies.
M. Abbas a prévenu le 11 novembre qu’il considérait comme un « engagement » du président Barack Obama son évocation devant l’Assemblée générale de l’accueil au sein de instance de la Palestine comme « nouveau membre de l’ONU » en cas d’accord de paix.
Face à la réticence des États-Unis, parrain des  négociations, à reconnaître leur État, les représentants palestiniens  sollicitent une reconnaissance sur les lignes de 1967. Ils comptent  porter cette revendication devant le Conseil de sécurité, une fois  atteinte la masse critique de pays disposés à y accéder.
« Les efforts en cours pour obtenir la reconnaissance de  l’État préparent le terrain à une démarche devant le Conseil de  sécurité », a expliqué le 19 décembre le ministre des Affaires  étrangères Riyad al-Maliki.
À défaut, les Palestiniens prévoient de se retourner  vers l’Assemblée générale, habilitée à se suppléer au Conseil si  celui-ci est paralysé par le veto d’un membre permanent, en vertu d’une résolution adoptée en 1950, en pleine Guerre froide.
L’examen prochain par le Conseil d’un projet de  résolution palestinien et arabe appelant à l’arrêt de la colonisation  juive devrait permettre de mesurer la détermination des États-Unis à  exercer leur veto en faveur d’Israël.
Indépendamment de la viabilité d’un État proclamé sans  accord israélien, les Palestiniens jugent qu’une « reconnaissance  collective » par la communauté internationale aurait le mérite de poser  le principe d’une négociation pour toute modification territoriale et de  permettre à la Palestine d’évoluer sur la scène internationale comme un État à part entière.
Israël s’alarme de ce mouvement diplomatique en Amérique  latine et en Europe, où plusieurs pays ont rehaussé le niveau des  représentations palestiniennes.
« Je ne serais pas surpris si dans l’année à venir, le  monde entier, y compris les États-Unis, reconnaissait un État  palestinien », a prévenu le 26 décembre le ministre israélien de  l’Industrie Binyamin Ben Eliezer.
Si ces efforts n’aboutissaient pas, les dirigeants  palestiniens envisagent de réclamer un placement sous administration  internationale, soit par la réactivation du Conseil de tutelle de l’ONU,  chargé d’accompagner des territoires colonisés vers l’autonomie ou  l’indépendance, soit plus vraisemblablement sur le modèle du Kosovo.
Le président Abbas s’est référé à l’exemple des Palaos,  dernier État à accéder à l’indépendance par la voie du Conseil de  tutelle, en 1994, lors d’une rencontre avec les ambassadeurs arabes au Brésil, selon l’agence palestinienne indépendante Maan.
Mais l’instauration d’une administration internationale serait là encore suspendue à un éventuel veto américain.
Dans une déclaration télévisée vendredi, M. Abbas a  exhorté la communauté internationale à substituer un plan de paix à un  processus devenu un instrument « de gestion plutôt que de résolution du  conflit ».