Gabrielle Lefèvre
          Des entreprises complices de crimes de guerre, crimes contre  l’humanité, coupables de pillage, de recel et de blanchiment         
Ont été décrites les fournitures d’armes, de technologies de contrôle et de surveillance par des sociétés comme Elbit,  Edo ITT, G4S, apportant indéniablement une aide aux crimes de guerre  commis par l’occupant israélien, notamment lors de l’opération « plomb  durci » lancée contre Gaza, et une assistance technologique au contrôle  et à l’enfermement des populations civiles palestiniennes en équipant  les check points, les prisons.
De nombreux experts ont analysé aussi le système  bancaire et financier qui soutient le processus de colonisation  illégale : prêts et investissements immobiliers, financements de  commerces et de moyens de transport à la destination exclusive des  Israéliens et interdits aux palestiniens. Les cas de la banque  belgo-française Dexia et les activités du groupe français Veolia ont  ainsi été condamnées par le tribunal. La complicité des institutions  européennes, déjà condamnées lors de la session de Barcelone, a été  rappelée par le financement de programmes européens de recherche  technologique sur les armements profitant à Israël. Ce pays est ainsi  financé, non seulement par de larges aides militaires américaines mais  aussi par des financements européens, et des entreprises d’armement se  vantent de produits testés sur les populations palestiniennes et  libanaises lors des conflits de Gaza et du Liban.
La destruction et l’exploitation des ressources  naturelles et agricoles ont été analysées par des experts dont certains,  des Palestiniens, n’ont pas été autorisés par l’occupant à se rendre à  Londres mais qui ont fourni leur témoignage par vidéos. Ainsi,  Caterpillar dont les bulldozers détruisent non seulement des maisons de  Palestiniens mais des terres et exploitations agricoles, Ahava qui  exploite illégalement les ressources de la Mer Morte et produit des cosmétiques dans une colonie, Carmel Agrexco  qui vend des produits agricoles dans le monde entier sous label  israélien alors qu’il s’agit de ressources naturelles palestiniennes,  sur des terres volées aux Palestiniens, avec de l’eau ressource  précieuse interdite aux Palestiniens... Furent évoquées les conditions  de travail proches de l’esclavage réservées aux Palestiniens privés de  droits syndicaux et de rémunération minimale, soumis à des drastiques  restrictions de déplacement à cause du Mur de séparation et spoliés de  leurs terres qu’ils ne peuvent plus cultiver.
Le verdict
Dans ses conclusions, le Tribunal affirme la complicité  d’entreprises avec des violations israéliennes des lois internationales  avec les colonies illégales, l’érection du mur de séparation, le blocus  illégal de Gaza et les opérations militaires israéliennes contre les  Palestiniens et notamment l’opération contre Gaza constituent des crimes  de guerre et des crimes contre l’humanité. Malgré les nombreuses  condamnations, Israël continue à violer ce droit avec la complicité  d’entreprises.
Le tribunal a noté l’échec des Etats à faire cesser ces  violations continues ce qui amène les mouvements citoyens à se tourner  vers des actions de boycott, désinvestissement et sanction (BDS). Il  s’agit donc de protéger ces citoyens dans leurs actions.
Quant aux entreprises mises en cause, seules trois ont présenté une défense. Les autres n’ont rien argumenté. Parmi celles-ci, le tribunal épingle G4S, Elbit Systems, Caterpillar, Cement Roadstone Holding, Dexia, Veolia Transport, Carmel Agrexco,  entre autres, comme coupables de complicité avec les crimes de guerre,  crimes contre l’humanité, de pillage, et ces agissements sont  susceptibles de poursuites judiciaires .
Le tribunal entend donner ainsi une aide aux citoyens qui veulent faire respecter le droit international et le droit  humanitaire par des actions militantes et en justice. Ses conclusions  entendent offrir la garantie d’impartialité en se basant sur un cadre  légal international bien précis qui est marginalisé par les Etats et les  entreprises. Et fournir un cadre légal dans lequel des gouvernements,  des entreprises peuvent être amenés à changer leurs politiques et  agissements voire de lancer des poursuites au civil et au pénal contre  eux. Cela pourrait aider les entreprises à y réfléchir à deux fois avant de poursuivre certaines activités.
Le tribunal souligne enfin que la sécurité d’Israël sera  assurée lorsque les Palestiniens auront la reconnaissance de leurs  droits. Stéphane Hessel insista sur le fait que la création d’Israël est  la réponse à l’événement le plus horrible du siècle passé et que ce  pays puisse vivre en paix et déployer ses potentialités est son souhait  le plus sincère, mais il regrette de constater que cet Etat ne suit pas  la bonne direction.  Le souhait du Tribunal est de l’aider. Afin que cet  Etat comme membre de la communauté internationale respecte ses lois,  ajoute Mairead McGuire. Et  pour que les entreprises comprennent  qu’elles aussi doivent respecter ces règles afin de rétablir le droit.
La prochaine session de ce tribunal aura lieu en 2011 en Afrique du Sud afin d’examiner si Ie crime d’apartheid est applicable à Israël.
 22 novembre 2010
Source : par courriel de l’ABP (Association belgo- palestinienne)