Mario Correnti - Nema News
          Jérusalem -  Les militants et sympathisants du Hamas  sont désormais la cible d’arrestations, d’intimidations et même de  tortures dans ce qui semble être le nouveau précepte des actions menées  par les forces de sécurité de l’Autorité Nationale Palestinienne (ANP).         
Milices  supplétives de l’AP de Ramallah à l’entraînement - Indépendamment du  gel du soit-disant "processus de paix" entre Ramallah et l’occupant  israélien, la collaboration des milices du Fatah avec les forces sioniste n’a jamais cessé - Photo : AFP
En septembre dernier, 12 associations et groupes pour la  protection des droits de l’homme et des libertés civiles dans les  Territoires Occupés avaient dénoncé le recours à la torture par la  police secrète dans les centres de détention, en application des ordres du Président Abu Mazen et du Premier Ministre Salam Fayyad.
Le 20 octobre dernier, Human Rights Watch (HRW) a  demandé à l’ANP d’enquêter sur les cas alarmants de tortures, subies par  deux hommes arrêtés en Cisjordanie et soupçonnés d’avoir des liens avec  le mouvement islamiste.
Dans ce contexte, Joe Stork de HRW a affirmé qu’Abu Mazen  et Fayyad sont au courant de ce qui se passe. Ils doivent ainsi mettre  un terme à l’impunité et engager une procédure judiciaire contre les  tortionnaires.
D’après plusieurs sources, les prisons de l’ANP renfermeraient quelques centaines de militants et de sympathisants du Hamas, dont la plupart n’ont jamais eu de procès. Pour Fayyad et Abu Mazen, ces personnes auraient été arrêtées pour avoir « transgressé la loi ».  Cependant, on ne partage pas cet avis en Cisjordanie où règne la  conviction que ces personnes se sont trouvées en prison uniquement pour  leurs opinions politiques.
En fait, (depuis que le Hamas a pris le pouvoir à  Gaza->http://www.info-palestine.net/article.php3 ?id_article=2078] en  juin 2007, l’ANP a réorganisé, en Cisjordanie, ses forces de sécurité  grâce, faut-il le souligner, aux fonds spéciaux financés par les  Etats-Unis et sur la base d’un programme élaboré par le général américain Keith Dayton qui a récemment quitté ses fonctions.
Les troupes d’élite de l’ANP qui ont été formées durant les trois dernières années,  généralement par des experts jordaniens, semblent avoir comme objectif  principal la distinction entre militants réels ou présumés du Hamas, d’une part, et l’intimidation des sympathisants du mouvement islamiste, d’autre part.
C’est pourquoi, beaucoup de palestiniens, qui ont requis  l’anonymat, affirment qu’il s’agit d’une activité intensive du  renseignement de base.
Par ailleurs, interrogés récemment par l’agence de presse Reuters,  certains étudiants universitaires ont évoqué la présence d’une forte  activité « d’espionnage » au sein des universités pour repérer les  jeunes proches du Hamas. Parmi les gens interviewés, certains reconnaissent avoir été torturés et battus durant leur arrestation.
Dans le camp adverse, l’ANP déplore, pour sa part, les conditions auxquelles sont confrontés les militants du Fatah à Gaza. Il a été rapporté que les affiliés au parti d’Abu Mazen ne jouissent pas de leur entière liberté. En effet, outre les arrestations et les détentions, le Hamas  avait, en particulier durant l’offensive israélienne Plomb durci  (décembre 2008-janvier 2009) assassiné ou blessé « aux jambes » des  partisans du Fatah.
Toutefois, bien que beaucoup de ces accusations aient  été effectivement confirmées par les enquêtes menées par des centres  pour les droits de l’homme, Gaza n’a pas enregistré des arrestations et  des détentions en masse contre des militants du Fatah. Le problème le  plus épineux dont souffre réellement Gaza reste les restrictions  imposées à la liberté de presse et d’expression.
A ce titre, il convient de souligner le recours à la force par la police du Premier Ministre Ismail Haniyeh contre de nombreuses manifestations organisées par la gauche palestinienne et par des groupes islamistes antagonistes du Hamas.
Cependant, il faut reconnaître que les restrictions  imposées à la liberté de presse et d’expression ne sont pas du ressort  de Gaza uniquement. Même en Cisjordanie, gouvernée par le Premier  Ministre Salam Fayyad, généreusement sponsorisé par les USA et l’Union  Européenne, la condition de la liberté de presse et d’expression n’est  pas enviable.
C’est ainsi que peu à peu, l’ANP est en train de  s’apparenter à plusieurs régimes arabes autoritaires de la région où les  services de sécurité sont les seuls à décider si ou quand un citoyen ou  une organisation ont la possibilité de s’exprimer et d’agir en toute  liberté, et où, à l’instar de l’Egypte, de la Jordanie, de La Syrie ou  de la Tunisie, les mouvements islamistes sont autorisés ou interdits  d’opérer en fonction des exigences politiques locales et  internationales.
Il est donc tout à fait clair que l’ANP, à travers le Président Abu Mazen et le Premier Ministre Fayyad, peinera à atteindre son objectif qu’est l’anéantissement du Hamas  en Cisjordanie. En effet, même si le mouvement islamiste vit dans  l’ombre et agit rarement en public afin d’éviter les répliques de l’ANP,  il ne faut pas nier que sa popularité, acquise lors de sa victoire aux  élections de 2006 même en Cisjordanie, bastion du Fatah, est encore imposante.
C’est pourquoi, les derniers sondages qui donnent un net avantage au Fatah et à Abu Mazen  dans cette phase des élections législatives et présidentielles sont à  prendre avec les pincettes. Pour rappel, la situation était similaire  lors des élections de 2006 quand, à quelques jours du vote, les sondages  donnaient la victoire au Fatah. Les urnes en disaient autrement et les résultats étaient en faveur du Hamas.
Ainsi, il est évident que la plupart des personnes  interrogées, par crainte d’actions punitives de la part des services de  sécurité de l’ANP, préféreraient garder confidentielles leurs véritables  intentions de vote et avouer n’appartenir à aucun parti ou force  politique.
Dans cette optique, l’analyste politique Hany al Masri explique que le Hamas  jouit d’un consensus et d’un appui aussi bien dans les Territoires  Occupés que dans d’autres pays. Il précise que même si la popularité du  mouvement venait à s’éroder, elle ne sera, sans doute pas, annihilée.
30 octobre 2010 - Nema News - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://www.osservatorioiraq.it/modu...Traduction de l’italien : Niha