Patrick Pesnot, rendez vous avec X
Sur France Inter, retour sur l’affaire al Dura et la machination contre le journaliste Charles Enderlin qui couvrit cette mort, accusé d’avoir falsifié les faits.
Personne n’a oublié ces  images télévisées. On voit d’abord des affrontements de rue sur fond  d’échanges de coups de feu. Puis des ambulances arrivent. Il y a des  blessés, peut-être des morts. On découvre ensuite un père et un enfant cachés derrière une sorte de tonneau en ciment. Encore des coups de feu. Des cris. Derrière, sur le mur  en parpaings, on voit des impacts de balles. Le père, tout en serrant  l’enfant contre lui, fait des gestes en direction de l’endroit, devant  lui, d’où, pense-t-il, viennent les tirs. Puis on entend le bruit  caractéristique d’une rafale d’arme automatique. Le père et l’enfant  disparaissent derrière un nuage de poussière. Un instant, quelqu’un  passe devant l’objectif. Le cameraman lui demande de se baisser mais  continue à filmer. Quand l’image redevient nette, l’homme, tête  pantelante, semble blessé. Son fils gît à terre, devant lui. Il est  touché à l’abdomen. Le bras gauche est replié sous son ventre. On voit  une blessure sur l’avant-bras droit du père. L’enfant bouge brièvement  puis s’immobilise. Le père, prostré, est adossé au mur.
Cette séquence, filmée le 30 septembre 2000 au carrefour  de Netzarim dans la bande de Gaza, a été diffusée le soir-même dans le  journal de 20 h de France 2. Elle était ainsi commentée par le correspondant de la chaîne en Israël, Charles Enderlin,  je cite : "Les Palestiniens ouvrent le feu et les Israéliens ripostent.  Des conducteurs d’ambulance, des journalistes et des passants sont pris  entre deux feux. Ici, Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs  venant de la position israélienne. Mohammed a douze ans. Son père tente  de le protéger. Il fait des signes… Mais une nouvelle rafale. Mohammed  est mort et son père gravement blessé."
La diffusion de ce document, repris par toutes les télés, provoque aussitôt une intense émotion. Un enfant  est mort en direct devant une caméra. Et ces images vont être  abondamment exploitées. Et d’abord, naturellement, et de façon parfois  cynique, par le camp pro-palestinien. Mais ce qu’on ne pouvait pas  prévoir à l’époque, c’est qu’elles allaient aussi un peu plus tard  alimenter une véritable chasse à l’homme. Sur la sellette, le  journaliste Charles Enderlin auquel quelques fanatiques remettront même le prix Goebbels de la désinformation.
Dans un instant, Monsieur X explique pourquoi il a choisi cette semaine de traiter ce dossier qui semble, a priori, un peu étranger à son registre habituel.
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intro : CL, Afps