CICR
Le  CICR continue de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin en  déployant toute une série d’activités humanitaires en leur faveur, et en  rappelant aux parties au conflit les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire. Compte rendu des activités du CICR entre juillet et septembre 2010.
La violence a fait encore  davantage de victimes civiles au cours du troisième trimestre de 2010.  Plusieurs personnes ont été tuées à proximité de la clôture séparant la  bande de Gaza d’Israël, et en Cisjordanie, des membres de groupes armés  organisés ont attaqué des colons, tuant et blessant un certain nombre de  personnes, ce qui a donné lieu à des représailles de la part des forces  armées israéliennes.
Le fait qu’une plus grande variété de biens soient à  nouveau disponibles à Gaza, grâce à l’assouplissement du blocus qui a  étouffé la bande de Gaza plus de trois ans durant, n’a pas soulagé la  population de manière sensible. Les exportations demeurant interdites et  les mouvements de populations – vers ou à partir de Gaza – strictement  restreints, le secteur privé est toujours paralysé. Le taux de chômage  reste supérieur à 35 %.
Le CICR suit de près la situation des civils sans  ressources contraints de vivre et de travailler à l’intérieur ou aux  abords de la zone tampon  délimitée par la clôture, qui pénètre de fait jusqu’à plus d’un  kilomètre à l’intérieur de la bande de Gaza. Dans le cadre d’un dialogue  confidentiel, le CICR fait part aux parties au conflit de ses  préoccupations concernant ces personnes. Il s’attache en outre  activement à ce qu’elles soient le moins possible exposées aux  hostilités et à ce qu’elles puissent accéder aux terres et vaquer aux  activités vitales que sont pour elles l’agriculture et la collecte de  matériaux de construction et des gravats, et qui constituent leur  principale source de revenus.
En Cisjordanie, le CICR a continué de recenser de  nombreux cas de violence de la part de colons israéliens, estimant les  conséquences que de tels comportements ont pour les villageois  palestiniens. Il est intervenu auprès des autorités pour veiller à ce  que les agriculteurs puissent accéder en tout temps à leurs terres,  notamment à l’intérieur et aux abords des colonies israéliennes. Le CICR  s’est aussi attaché à venir en aide aux communautés rurales vivant dans  la vallée du Jourdain, en proie au manque d’infrastructures et à des  restrictions drastiques de construction et de mouvement.
Visites aux détenus et maintien des liens familiaux
Entre juillet et septembre, les délégués du CICR ont  visité quelque 1 400 détenus dans 25 lieux de détention israéliens et  plus de 1 000 autres dans une cinquantaine de centres de détention  palestiniens. Le but de ces visites est d’observer les conditions de  détention de ces personnes et le traitement qui leur est réservé, ainsi  que de s’assurer que les garanties judiciaires dont elles bénéficient  sont respectées. À l’issue de ces visites, le CICR fait part  confidentiellement de ses conclusions et de ses recommandations aux  autorités concernées.
Le CICR joue un rôle essentiel en apportant protection  et assistance aux migrants détenus en Israël. Il s’occupe notamment d’un  millier de ressortissants étrangers n’ayant pas de représentation  diplomatique dans le pays. Pendant la période considérée, le CICR a  fourni des documents de voyage à sept migrants africains détenus, et  facilité la libération de 16 de leurs semblables, en transmettant les  documents leur permettant d’établir leur nationalité.
Au cours des mois de juillet, août et septembre, le CICR  a pris les dispositions nécessaires pour permettre à environ 30 000  Palestiniens originaires de Cisjordanie de rendre visite à leurs proches  détenus en Israël. À noter cependant que depuis juin 2007, Israël  empêche quelque 780 familles de Gaza de visiter leurs proches incarcérés  dans des prisons israéliennes. Pour compenser les effets de telles  mesures, le CICR s’est employé encore plus activement à maintenir les  liens familiaux. Il a ainsi transmis 3 000 messages écrits et 200  messages oraux entre détenus et membres de leur famille.
Les requêtes répétées du CICR auprès du Hamas afin d’obtenir la permission de visiter le soldat israélien capturé Gilad Shalit  pour vérifier ses conditions de détention et le traitement qui lui est  réservé n’ont toujours pas abouti. Le CICR s’efforce néanmoins toujours  de persuader le Hamas de permettre tout au moins que Gilad Shalit puisse maintenir un contact régulier avec les siens, comme le stipule le droit international humanitaire.
Les habitants du Golan occupé ne peuvent que rarement  franchir la zone démilitarisée contrôlée par l’ONU pour se rendre en  Syrie proprement dite, ce qui limite considérablement leurs possibilités  de maintenir un contact direct avec leurs familles. En sa qualité  d’intermédiaire neutre, le CICR a facilité le passage en Syrie  proprement dite de plus de 150 étudiants et de quelque 700 pèlerins  druzes, à partir du Golan occupé, entre juillet et septembre.
Soutien aux services de santé défaillants
Ces derniers mois, les hôpitaux ont fait face à une  pénurie préoccupante de carburant servant à alimenter leurs générateurs,  ce qui a provoqué des coupures d’électricité allant de quelques heures à  une journée et mis gravement en danger la vie  de certaines personnes, en particulier des patients dialysés.  Contraints de fermer leurs salles d’opération et leurs blanchisseries,  les hôpitaux de Gaza ont ainsi limité leur activité aux services  d’urgence.
La difficile coopération entre le ministère de la Santé à  Ramallah et les autorités de Gaza ont eu des conséquences fâcheuses sur  l’approvisionnement en médicaments et matériel médical de première  nécessité. Face à pénurie chronique de plus de 170 différents articles,  c’est le CICR qui, s’efforçant de parer au plus urgent, approvisionne  régulièrement les hôpitaux de Gaza. Il leur fournit par exemple un  produit utilisé à des fins d’imagerie radiographique, des médicaments  pour soigner les déficiences cardiaques d’origine congénitales du  nourrisson et des pièces détachées destinées à l’entretien des  équipements médicaux. En juillet et en août, le CICR a ainsi distribué  près de 76 tonnes de médicaments et de matériel médical, permettant aux  hôpitaux de Gaza d’opérer en urgence près de 11 000 personnes.
« Nous devons intervenir pour répondre aux besoins les  plus pressants des établissements de santé, leur impossibilité de se  procurer les médicaments et le matériel médical nécessaires ayant des  conséquences directes sur la santé et la vie  des personnes », explique Morven Murchison, coordonnateur des  programmes de santé du CICR. En septembre, après de années de tentatives  infructueuses, le CICR a finalement obtenu l’autorisation d’introduire  des électrodes à Gaza. Les pénuries chroniques de ce genre d’articles,  indispensables pour surveiller le rythme cardiaque des malades du cœur, a  gravement nui à la qualité des soins donnés à cette catégorie de  patients.
Le centre d’appareillage orthopédique et de prise en  charge de la poliomyélite a continué de pourvoir aux besoins des  personnes ayant besoin de prothèses ou d’orthèses : 775 patients ont été  traités durant le troisième trimestre de cette année. Parallèlement, le  CICR a terminé la construction de deux nouveaux étages ajoutés au  bâtiment abritant le centre.
Aide aux personnes démunies
Le CICR a employé plus de 870 chômeurs gazaouis dans le  cadre de projets « travail contre nourriture » pour l’entretien ou la  remise en état d’infrastructures, ainsi que des personnes handicapées  pour des travaux de peinture et de nettoyage de bâtiments. Dans le domaine  agricole, le CICR est intervenu pour venir à bout d’une infestation  d’insectes qui menaçait la production de tomates et, partant, les moyens  de subsistance des personnes qui les cultivaient. Les filets endommagés  de quelque 700 serres ont ainsi été réparés, ce qui a permis d’empêcher  les insectes de pénétrer et de s’attaquer aux cultures.
En Cisjordanie, le CICR a aidé des milliers de personnes dont la vie  s’est vue bouleversée par l’installation de colonies et la construction  de la barrière de Cisjordanie – qui empiète largement sur le territoire  palestinien – à maintenir ou améliorer leur accès aux terres agricoles.  À cet effet, il s’est employé à remettre en état citernes et systèmes  d’irrigation situés sur des terrains desquels les propriétaires  s’étaient retrouvés coupés par la barrière, veillant en outre à ce  qu’ils puissent y accéder à nouveau plus aisément.
« Le tracé de la barrière de Cisjordanie – qui pénètre  profondément en territoire palestinien – et les zones de sécurité mises  en place à l’intérieur et à proximité des colonies israéliennes ont  privé des milliers de fermiers palestiniens d’accès direct à leurs  terres », explique Ian Byram, coordonnateur des programmes de sécurité  économique à Jérusalem. « Beaucoup d’entre eux ne peuvent plus du tout  cultiver leurs champs. Les projets que nous menons ont pour but de faire  revivre les terres qui ont été partiellement ou totalement  abandonnées. »
Les Palestiniens vivant dans la veille ville d’Hébron  sont soumis à des restrictions de mouvement du fait de la présence de  colonies israéliennes et de la violence des colons. Selon une étude  menée par le CICR en mai et juin derniers sur le revenu des ménages,  80 % de la population vit toujours sous le seuil  de pauvreté. Aussi l’institution continue-t-elle de distribuer chaque  mois des colis de vivres à plus de 6 300 personnes dans le besoin.
Approvisionnement en eau et amélioration de l’assainissement
Le CICR continue d’aider le service des eaux palestinien  à approvisionner par conduites les communautés de Cisjordanie. Cinq  projets de ce genre ont ainsi été partiellement ou totalement menés à  bien au cours des trois derniers mois, ce qui a permis à quelque 130 000  personnes d’être mieux approvisionnées. En plus de faciliter  l’approvisionnement, ces projets contribuent également à réduire le coût  de l’eau pour les communautés qui, autrement, devraient se faire  ravitailler par camion.
Dans la bande de Gaza, les travaux de rénovation de la  station de traitement des eaux usées de Rafah sont entrés dans leur  phase finale. À terme, les eaux traitées par la station seront employées  à des usages agricoles, notamment à l’irrigation des vergers. En outre,  grâce à ces travaux, 150 000 habitants de Rafah bénéficient désormais  de meilleures conditions d’assainissement.
Renforcement de la capacité des Sociétés nationales à intervenir en temps de crise
Le CICR travaille en étroite coopération avec le  Croissant-Rouge palestinien afin de renforcer ses capacités et l’aider à  mettre en place des systèmes plus performants pour répondre aux besoins  en période de crise. Ces derniers temps, ses efforts ont porté  essentiellement sur des procédures et des pratiques basées sur les  enseignements tirés de situations qui se sont présentées dans la bande  de Gaza. Le CICR continue également à soutenir les services médicaux  d’urgence du Croissant-Rouge palestinien, qui ont répondu à près de 13  000 appels dans le territoire palestinien occupé entre juillet et  septembre.
La Société nationale israélienne, le Magen David Adom, a organisé, avec le soutien financier du CICR, sa formation annuelle à la gestion des situations d’urgence impliquant un afflux massif de blessés. Plus de 1 000 jeunes volontaires ont ainsi été formés à prodiguer des soins vitaux.
Promotion du droit international humanitaire
Dans le but de promouvoir le respect du droit  international humanitaire, le CICR a maintenu un dialogue continu avec  les diverses autorités, les forces et les factions armées, ainsi qu’avec  les membres influents de la société civile de toutes les parties  concernées.
De juillet à septembre, 1 500 membres des services  palestiniens de sécurité ont été sensibilisés à l’action du CICR et aux  normes des droits de l’homme applicables au maintien de l’ordre, tandis  que 320 membres des forces armées et de police israéliennes ont  participé à des séances d’information sur les activités et le mandat de  l’institution. En outre, 200 militants palestiniens appartenant à  plusieurs groupes armés ont suivi cinq ateliers portant sur le CICR, le droit international humanitaire et les premiers secours.
Le programme « Explorons le droit humanitaire » lancé  par le CICR dans le but de sensibiliser les élèves de l’enseignement  secondaire aux règles et principes de base du droit international  humanitaire sera confié au ministère palestinien de l’Éducation à  Ramallah et aux autorités de facto de Gaza en 2011. Un forum et des concours ont été organisés durant l’été à l’intention d’élèves de 270 établissements proposant ce programme.
Afin de mieux faire respecter l’action de la Croix-Rouge  et du Croissant-Rouge et d’obtenir un meilleur accès aux personnes  ayant besoin de protection ou d’assistance, les collaborateurs du CICR  ont organisé 55 ateliers de formation et séances d’information. Plus de 2  000 chefs religieux, étudiants, professionnels de la santé,  journalistes et représentants d’organisations non gouvernementales y ont  pris part entre juillet et septembre.