Archad Mohamed et Andrew Quinn  
Les  trois principaux protagonistes de la reprise des négociations directes  entre dirigeants israéliens et palestiniens, prévue jeudi à Washington,  entrent dans une année cruciale placée sous le signe d’une course  contre-la-montre.
Le président américain Barack  Obama, hôte du sommet organisé sous l’égide du Quartet, passera un test  crucial pour sa majorité démocrate le 2 novembre, lors d’élections de  mi-mandat annoncées comme incertaines.
De son côté, le président de l’Autorité palestinienne,  Mahmoud Abbas, se trouve dans une situation embarrassante, son mandat  ayant expiré de manière formelle en janvier.
Enfin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu,  dont la coalition a montré des signes de fragilité ces dernières  semaines, devra s’employer au cours des prochains mois à resserrer les  rangs, tout en donnant le change lors des négociations avec ses  interlocuteurs palestiniens.
Pour ces trois hommes, la course-contre-la montre a  commencé. Et pour cause, en se félicitant de la reprise du dialogue  direct entre dirigeants israéliens et palestiniens, la secrétaire d’Etat  américaine Hillary Clinton a jugé possible que les principaux problèmes  du conflit israélo-arabe soient réglés d’ici un an.
Mais dès le 26 septembre, les négociations initiées à  Washington passeront un test crucial. À cette date doit en effet expirer  un moratoire de dix mois sur les constructions de colonies juives en  Cisjordanie, voté en novembre par le gouvernement de Netanyahu.
Car, selon toute vraisemblance, Israël ne prolongera pas  cette disposition et les négociateurs palestiniens ont prévenu qu’ils  mettraient un terme aux pourparlers directs si jamais l’Etat juif  poursuivait ses activités de colonisation.
Selon les analystes, le scénario le plus probable serait  un assouplissement du moratoire voté à l’hiver 2009, qui permettrait  alors au gouvernement israélien d’autoriser la construction de colonies  en Cisjordanie.
COMPROMIS DIFFICILEMENT ACCEPTABLE
Car pour Netanyahu, le risque est trop grand de voir  s’effriter sa coalition et s’éloigner ses partenaires de gouvernement  très ancrés à droite, favorables à la cause des colons juifs.
Dans le même temps, un tel compromis serait  difficilement acceptable pour Mahmoud Abbas, étant donné sa situation  délicate sur le plan intérieur, où sa légitimité est contestée par une  partie des Palestiniens.
Le 25 janvier, le mandat de Mahmoud Abbas à la tête de  l’Autorité palestinienne a expiré. Et pourtant, l’Organisation de  libération de la Palestine (OLP) l’a prolongé dans ses fonctions de  manière indéfinie, en justifiant cette disposition exceptionnelle par  l’impossibilité selon elle d’organiser de nouvelles élections.
Les rivalités entre le parti d’Abbas, le Fatah, et les  partisans du Hamas, qui ont pris le pouvoir dans la bande de Gaza en  2007, empêchent en effet tout dialogue depuis cette date entre les deux  mouvements palestiniens.
Conséquence de cette fracture au sein de la société  palestinienne, Abbas n’a jamais disposé d’une assise suffisante ces  trois dernières années pour être en position de force en vue de la  négociation d’un accord de paix.
Dernier protagoniste majeur des négociations de  Washington, Barack Obama, a de son côté déjà un oeil sur les élections  de mi-mandat de novembre, où il pourrait perdre la majorité à la Chambre  des représentants et subir des pertes importantes au Sénat.
En cas de mauvais résultats, ceux-ci pourraient influer sur une éventuelle candidature à sa propre réélection, en 2012.
Mais selon un ancien ambassadeur américain en Israël et  en Égypte, Daniel Kurtzer, les efforts déployés par le chef de  l’administration américaine montrent que Barack Obama n’est pas dans une  logique "de calcul à court terme mais plutôt dans une stratégie plus  globale".
Pour l’ancien diplomate, aujourd’hui professeur à  l’université de Princetown, Obama semble avoir choisi lui-même cet  emploi du temps resserré dans les négociations au Proche-Orient, "ce qui  suggère qu’il est prêt à ce que cela empiète sur sa campagne".