Dans un       nouveau défi aux tentatives de relancer des négociations de       paix, au point mort depuis de longs mois, la municipalité       israélienne de Jérusalem vient d’approuver un projet       controversé dans le secteur oriental de la ville, qui       prévoit la destruction de 22 habitations palestiniennes et       la construction de 1 000 autres logements dédiés aux colons       israéliens. Le projet dit du « Jardin du roi » en hébreu (une       référence aux jardins du roi Salomon) doit être construit       sur un terrain de 22 hectares dans le quartier arabe de       Silwan, où des familles de colons juifs se sont installées       au milieu de 12 000 Palestiniens.       
      Pour       justifier sa décision, la municipalité avance que les       habitations palestiniennes concernées ont été construites       sans autorisation israélienne. Or, il est pratiquement       impossible pour les habitants palestiniens de Jérusalem-Est       d’obtenir des autorités israéliennes de permis de       construction ou d’agrandissement de leurs habitations.      
      En mars       dernier, sous la pression de la communauté internationale,       notamment des Etats-Unis, le premier ministre israélien       Benyamin Netanyahu avait obtenu que le maire de la ville,       Nir Barakat, gèle le projet de construction du « Jardin du       roi », pour éviter des troubles dans la Ville sainte et de       nouvelles frictions avec Washington au sujet de la       construction à Jérusalem-Est, occupé et annexé depuis 1967.       En mars, l’annonce de la construction de 1 600 logements       dans un quartier juif de Jérusalem-Est avait provoqué une       grave crise diplomatique avec Washington, au moment où le       vice-président Joe Biden effectuait une visite en Israël.       Malgré cet engagement israélien, la commission de       planification urbaine de la municipalité avait donné la       semaine dernière son feu vert au réaménagement de Silwan.      
      Réagissant       aux critiques de Washington sur le projet, Benyamin       Netanyahu s’est empressé de publier un communiqué expliquant       qu’il n’avait pas le pouvoir d’intervenir dans la gestion de       la municipalité ! Or, la construction du projet a été       confiée à l’Autorité de Développement de Jérusalem (ADJ),       qui relève de l’Etat et de la municipalité. De son côté, le       porte-parole israélien de Jérusalem a insisté sur le fait       que le projet avait pour objectif « d’améliorer la qualité       de vie » (sic) à Silwan. 
      Ces       élucubrations israéliennes ne tiennent évidemment pas debout       et sont trahies par des documents officiels. Dans un       document présenté au gouvernement en septembre 2008, l’ADJ       annonçait que l’objectif était de créer une « série de parcs       entourant la Vieille ville » dans le but de « renforcer       Jérusalem comme capitale d’Israël ». Pour l’ONG israélienne       anticolonisation Ir Amim (la ville des peuples), le projet       s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de judaïsation de       Jérusalem-Est, considéré par la communauté internationale       comme un territoire occupé, avec la création de neuf parcs       bibliques autour de la Vieille ville, de nature à la vider       de ses habitants palestiniens et à la couper du reste de la       Cisjordanie. Ce programme démontre la volonté de l’Etat       hébreu de renforcer sa mainmise sur Jérusalem-Est au risque       d’anéantir toute chance de paix, les Palestiniens aspirant à       en faire la capitale de leur futur Etat.
Dr Hicham  Mourad