Yves Jardin
Article écrit en breton puis traduit en  français par l’auteur, militant internationaliste en Cornouaille  bretonne.
Quand il est question des Palestiniens, l’on vous parle  assez souvent des attentats qu’ils commettent contre les civils  israéliens. Mais cette image que beaucoup de gens gardent en tête ne  correspond plus à la réalité. Il n’y a plus pour ainsi dire d’attentats  contre les civils israéliens commis par les Palestiniens. C’est une  lutte non-violente qui se développe contre la colonisation israélienne.
Dans plusieurs villages de Cisjordanie, la lutte est  menée sans armes et sans violence, avec l’aide d’Israéliens et de  volontaires internationaux. Elle est effectuée contre la construction du  Mur et contre la spoliation des terres par les Israéliens. Cette lutte  populaire est menée depuis 2005 par les villageois de Bil’in.
Manifestation tous les vendredi
Il y a une manifestation contre le Mur tous les  vendredi. Il permettra la confiscation d’une moitié des terres du  village au profit de la colonie israélienne voisine de Modiin Illit.  Tous les vendredi l’on trouve une nouvelle façon de manifester. Les gens  de Bil’in sont parvenus à l’emporter : leurs droits ont été reconnus  par la Cour Suprême israélienne. Elle a ordonné que soit modifié le  tracé du Mur. Jusqu’à présent, la sentence, prononcée à la fin de 2007,  n’avait pas été honorée. Mais les bulldozers israéliens sont maintenant  en action pour que soient rendus au village 140 des 232 hectares qui  étaient sur le point d’être volés.
La lutte non-violente de Bil’in est maintenant connue  dans le monde entier. Elle a valu au village de recevoir, en décembre  2008, la médaille Carl von Ossietzky, décernée par la Ligue  Internationale des Droits de l’Homme à ceux qui luttent de façon  exemplaire sans violence.
Bil’in parmi d’autres
Bil’in n’est pas le premier village à utiliser la lutte  non-violente. Ni le seul à le faire. L’exemple de Bil’in a été repris  par plusieurs villages de Cisjordanie (Ni’ilin, Al Ma’sara, Nabi Saleh,  Jayyous…). En avril 2009 a été créé un comité de coordination pour  réunir onze sites, où le peuple lutte de façon non-violente.
La réponse de l’Etat d’Israël
Les Israéliens répriment cette lutte de façon de plus en  plus brutale. En vérité le gouvernement israélien a peur de cette  nouvelle façon de lutter. En décembre 2009, la journaliste israélienne  Amira Hass écrivait dans « Haaretz » : « ce qui est dangereux  -(pour  les Israéliens)- avec la lutte populaire, c’est que l’on ne peut plus la  qualifier de terroriste ». Les manifestants sont attaqués par les  soldats israéliens qui tirent parfois à balles réelles ou avec des  grenades sur des gens désarmés. Plusieurs personnes ont été tuées ou  blessées grièvement. Depuis l’été dernier, les soldats envahissent les  villages au milieu de la nuit pour terroriser les gens, tirés de leur  maison, et pour les obliger à céder. Les responsables de la lutte, les  organisateurs des manifestations sont emprisonnés. Des hommes, des  femmes et des enfants sont humiliés publiquement.
Des Palestiniens chassés de leur  maison
A Jérusalem-Est, les Palestiniens sont expulsés de leur  maison par des Israéliens qui prennent leur place. Il y a peu, une  famille a ainsi été mise dehors, à Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Elle  s’est ensuite installée dans une tente, mais celle-ci a été détruite par  la police israélienne. A Cheikh Jarrah, il y a maintenant  des gens qui  luttent de façon non-violente contre le vol des logements par des  Israéliens. Ceux-ci veulent que Jérusalem ne soit plus peuplée que par  des Juifs. Depuis le début du mois de janvier, une manifestation est  organisée tous les vendredi, à l’exemple de Bil’in.  A Cheikh Jarrah  aussi les manifestations sont réprimées de façon très brutale. Le 22  janvier, il y avait environ mille manifestants. Parmi eux il y avait  surtout des pacifistes et des communistes, des Musulmans et des Juifs,  des Palestiniens et des Israéliens. Ont pris part aussi à la  manifestation Avraham Burg (ancien président de la Knesset, la Chambre  des Députés israélienne) et Yossi Sarid (ancien ministre). La  manifestation n’en a pas moins été attaquée très violemment. Une  vingtaine de personnes ont été arrêtées.                   Yves Jardin
Il est possible de soutenir cette lutte non-violente.  L’on peut prendre sa plume et écrire au ministre français des Affaires  étrangères ou à l’ambassadeur d’Israël en France, pour demander que les  personnes arrêtées soient libérées et pour que soit mis fin aux menées  des Israéliens contre des gens manifestant de façon non-violente.
(Légende des photos : on a célébré au début de l’année  le cinquième anniversaire de la lutte du village de Bil’in, où doit  passer le mur construit par le gouvernement israélien)
article publié dans le journal “Bremañ”  (Maintenant)