18/03/2010
      Le gouvernement Fayyad demande  la saisie et la destruction de centaines de tonnes de marchandises.
Pour lutter contre l'essor  des colonies israéliennes, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a  lancé une campagne de boycottage de leurs produits. « Il est de notre  devoir de surveiller et saisir tous les produits venant des colonies,  conformément à la décision du gouvernement », explique Fadi Abou  al-Qourn, un officier des douanes palestiniennes à Ramallah  (Cisjordanie). « Ce travail est en train de porter ses fruits car nous  avons confisqué des centaines de tonnes de produits », assure-t-il, en  présentant des caisses de vin, d'huile d'olive et d'autres produits de  colonies juives destinés au marché palestinien. Selon M. Abou al-Qourn,  les commerçants palestiniens ont dans un premier temps refusé de  coopérer, « mais, après un certain temps, ils ont compris pourquoi ces  produits étaient visés ».
L'Autorité palestinienne, qui a lancé cette  campagne fin 2009, a placé des affiches à l'entrée de Ramallah  exhortant tous les Palestiniens à y prendre part : « Ne détruisez pas  les camps de réfugiés en construisant des colonies », proclament-elles.  Elle a également créé un site Internet en arabe et en anglais sur lequel  les produits boycottés sont décrits. De leur côté, les douanes sont  chargées de saisir tout ce qui vient des implantations israéliennes.
Près  d'un demi-million d'Israéliens vivent dans plus de 120 colonies  établies par Israël en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.  Certaines sont devenues de petites villes avec leurs quartiers  résidentiels et des zones industrielles. Les Palestiniens craignent  qu'elles n'entravent l'établissement d'un État indépendant et viable. La  campagne de boycottage lancée par Salam Fayyad, qui supervise  régulièrement la destruction de produits, fait partie de son projet  d'établir les institutions d'un État palestinien d'ici à mi-2011.
Reste  qu'il est difficile de mesurer son impact sur les colonies, dont les  produits sont principalement destinés aux marchés israélien et  étrangers. L'Union européenne a exclu les produits des colonies d'un  accord de libre-échange conclu avec Israël, mais il n'est pas facile de  déterminer l'origine des produits et séparer ceux qui viennent d'Israël  de ceux des implantations. « Le boycottage ne va pas exercer de pression  sur les colonies, mais sur les Palestiniens de Cisjordanie, ceux qui  travaillent dans les colonies », où sont employés des milliers de  Palestiniens, estime Anwar Ali Ramal, un druze propriétaire d'une usine  de meubles à Bargan, une colonie israélienne. Ces derniers sont  principalement employés dans les secteurs du bâtiment et de l'industrie,  où les salaires sont deux fois plus élevés que du côté palestinien.
De  leur côté, les colons juifs fustigent ce que les plus extrêmes d'entre  eux qualifient de « terrorisme économique ». « Les Palestiniens doivent  choisir. S'ils ne veulent pas de relations commerciales et économiques  avec Israël, alors il n'y en aura pas », martèle Uri Ariel, député de  l'Union nationale (extrême droite).
En attendant, les agents de Fadi  Abou al-Qourn continuent d'intercepter des camions, à la surprise des  chauffeurs palestiniens, habitués aux seuls contrôles de l'armée  israélienne.
Hossam EZZEDINE et Yoav LEMMER (AFP)