Mettre un visage sur la tragédie – Ranimer l’appel à responsabilisation
Par Hanan Chehata
Le 15 mars, Channel 4 (1) a diffusé  un épisode de l'émission "Dépêches" intitulé « Les enfants de  Gaza. » Il est axé sur les vies de quelques-uns des enfants qui vivent  dans la petite bande de terre palestinienne et dont les vies ont été  dévastées lorsque, il y a 15 mois, Israël a lancé son attaque militaire  sur leurs maisons, tuant beaucoup de leurs parents et proches, et  fracassant leurs déjà fragiles existences. Il montre comment ils ont  courageusement essayé de faire avec leurs pertes et leurs deuils et  comment ils ont tenté de poursuivre le cours de leurs vies, et,  simultanément, comment Israël s’est assuré que cela soit pratiquement  impossible, en raison de l’incarcération littérale des enfants dans Gaza  suite au siège israélien illégal et continu.                        
Vidéo-clip  “Les enfants de Gaza”par la réalisatrice Jezza Neumann
47’59 - en arabe, sous-titres en anglais
 Le documentaire montre comment ils ont lutté pour faire face aux  séquelles de leurs blessures physiques ainsi qu’à leurs cicatrices  psychologiques que, selon toutes probabilités, ils ne surmonteront  jamais complètement. Pour une fois, ce documentaire fut l’occasion pour  les enfants de Gaza eux-mêmes de prendre la parole et de raconter leurs  propres histoires, au lieu qu’elles soient racontées, en leur nom, par  des propagandistes qui ont un intérêt direct à la façon dont ces enfants  sont dépeints.
 Le documentaire est extrêmement émouvant et suffisant pour que les cœurs  les plus durs soient au bord des larmes. Même pour ceux qui ne se sont  pas auparavant intéressés à la politique du Moyen Orient, il sera  difficile de ne pas se lever en disant, Mais que diable se passe-t-il  là-bas ? Comment diable un pays comme Israël peut-il s’en tirer avec  autant d’inhumanité, et comment est-il possible qu’Israël semble n’avoir  aucune honte à mettre une population civile à genoux d’une manière si  brutale, au vu et au su de tous ?
 Cependant, à la fin du visionnage, une chose est absolument évidente ;  quelqu’un doit rendre des comptes pour ce que ses enfants ont traversé  et pour ce qu’ils continuent à vivre. Les meurtres de leurs parents et  de leurs frères et sœurs, sous leurs yeux, les handicaps physiques et  les blessures avec lesquels ils vivent, la destruction de leurs maisons  alors qu’ils étaient à l’intérieur et qu’ils ont été ensevelis dans les  décombres ; chaque histoire est plus déchirante que la précédente.
 Toutefois, après avoir vu ce reportage, ce serait une insulte à ces  enfants qui ont partagé leurs histoires avec nous, de nous contenter  d’écouter, de verser quelques larmes et de circuler. Que faisons-nous et  qu’allons-nous faire pour les aider ? Ils n’ont pas seulement besoin de  justice pour ce qui s’est déjà passé et pour les pertes inimaginables  qu’ils ont déjà endurées, ils ont aussi besoin d’aide, maintenant. De la  fillette qui saigne quotidiennement du nez et qui a des migraines  aveuglantes à cause de l’éclat d’obus qui est toujours dans son cerveau  en conséquence directe de la violence militaire israélienne, et  qu’Israël ne laisse pas sortir pour se faire opérer, à la jeune fille  qui vit sous une tente et qui dit qu’elle veut « mourir » parce  que « je préfèrerais être martyr plutôt que de vivre comme ça. »  Ces enfants ont désespérément besoin d’aide, et la seule façon dont ils  obtiendront cette aide est que quelqu’un se tienne devant Israël en leur  nom, l’oblige à mettre un terme à la torture persistante quotidienne  des citoyens de Gaza, et lui fasse rendre des comptes en vertu du droit  international.
 La tentative la plus crédible et la plus légitime de faire rendre compte  à Israël pour ce qu’ils ont fait à la population de Gaza jusqu’à  maintenant est le Rapport Goldstone pour les Nations-Unies et ce  documentaire, sans même mentionner le rapport nommément, souligne  l’importance de voir ce rapport mené à terme.
Traumatismes physiqueIsraël condamne les enfants palestiniens de Gaza à une vie de douleur, de souffrance, et, finalement, à mort.
 L’un des aspects le plus révoltant de ce documentaire est la politique  israélienne inhumaine de négation d’accès à un traitement médical pour  les enfants de Gaza. Un père et une mère sont assis au chevet de leur  fils mourant et demandent, en larmes, pourquoi Israël ne laisse pas leur  fils quitter Gaza pour qu’il puisse bénéficier de la chimiothérapie  vitale dont il a si désespérément besoin pour soigner sa leucémie. 
 Au milieu de ses larmes d’angoisse, le père demande : « Où sont les  organisations pour les droits de l’homme ? Si vous avez un animal, vous  dépensez de millions pour essayer de le soigner ! Vous dépensez des  millions. Des millions ! Mais un enfant comme lui, personne ne s’en  occupe. Pourquoi ? Ils nous ont incarcérés ici, pourquoi ? Ne  sommes-nous pas des êtres humains ? » A la fin du documentaire, nous  apprenons que le jeune garçon, comme c’était prévisible, a perdu sa  bataille contre le cancer. Il a enduré une vie de souffrances et une  mort qui aurait si facilement été évitée si Israël l’avait simplement  laissé quitter Gaza au lieu de le piéger dans la plus grande prison à  ciel ouvert du monde.
 Dans un autre cas, l’angoisse d’un père est manifeste après que, entre  les autorités égyptiennes et les autorités israéliennes, lui et son fils  malade ont vu leurs espoirs d’un traitement se lever puis être mis en  pièces aux carrefours frontaliers, où ils ont été finalement refoulés.  Israël et l’Egypte imposent un cauchemar bureaucratique aux Gazaouis, un  autre obstacle majeur à un traitement. Même dans les rares cas où  Israël accepte qu’un enfant quitte la Bande pour se faire soigner, il y a  le problème de l’obtention des permis et des documents de voyage en  ordre et même alors, lorsque tous les documents sont réunis, l’ouverture  ou la fermeture de la frontière sont laissées au bon vouloir de  l’Egypte.
 En plus de piéger les enfants souffrant de maladies mortelles à Gaza  sans perspective de traitement ou de soin, dans des centaines d’autres  cas, Israël lui-même a causé les blessures physiques des enfants et  maintenant continue de les laisser sans traitement. Dans le cas d’Amal, 9 ans, par exemple, elle raconte  comment, après l’assassinat de son frère et de son père par les troupes  israéliennes pendant l’Opération Plomb Durci, elle a été amenée par les  forces d’occupation dans une maison où d’autres civils étaient détenus.  Après l’y avoir laissée pendant 3 jours, terrifiée et en deuil, sans  nourriture ni eau, les forces israéliennes ont bombardé la maison et  elle est resté ensevelie sous les décombres pendant 4 jours près des  cadavres de deux de ses oncles (un d’entre eux avait la moitié de la  tête arrachée) et de nombreux autres civils morts ou blessés. On l’a vue  aux informations télévisées, transportée sur une civière vers  l’hôpital, demandant de l’eau. En conséquence des atrocités  israéliennes, Amal a un éclat d’obus dans le cerveau et souffre de  graves maux de tête qui l’aveuglent, de douleurs oculaires et de  saignements de nez. Dans ce qui semblait faire d’elle l’une des quelques  chanceuses, Israël avait dit qu’elle pourrait aller se faire opérer à  Tel Aviv. Mais dans ce qui semble être un jeu cruel, Israël l’a bloquée à  la frontière, disant qu’ils n’avaient de permis à son nom et ensuite,  lorsqu’elle a finalement pu être examinée par un docteur, ce fut pour  s’entendre dire qu’on ne pouvait rien faire pour elle et qu’elle devrait  apprendre à vivre avec les éclats d’obus qu’elle sent bouger à  l’intérieur de son crane.
 Des enfants en colère – Israël a marqué à vie une nouvelle génération  d’enfants et créé son propre pire ennemi
 De la même manière que nous avons joué, enfants, aux « cowboys et aux  Indiens » ou aux « gendarmes et aux voleurs », les enfants de Gaza  jouent « aux Arabes et aux Juifs ». Les « Juifs » sont les méchants  parce que les enfants ont vu par eux-mêmes ce que les Juifs étaient  capables de faire. Les seuls Juifs qu’ils aient jamais rencontrés  conduisent des chars ou portent des fusils ou torturent ou assassinent  leurs proches. De plus, ils ne font aucune distinction entre un Juif et  un Israélien parce que tout Juif qu’ils aient jamais rencontré était un  Israélien, et vice versa, aussi ne peuvent-ils faire aucune distinction.  Ils jouent également à des jeux extrêmement préoccupants et très  violents de torture et d’interrogatoire dans lesquels ils jouent à tour  de rôle le tortionnaire israélien et la victime palestinienne. En  Occident, nous nous plaignons que les enfants voient trop de violence à  la télévision, puis qu’ils la mettent en scène dans leurs jeux, puis  qu’elle s’étende à la vie réelle. A Gaza cependant, la violence que les  enfants rejouent ne vient pas de scènes qu’ils auraient vu à la  télévision mais de scènes violentes de torture et d’exécutions  extrajudiciaires dont ils ont été témoins dans leur propre vie et dans  lesquelles Israël est, sans conteste, le méchant.
 Ce n’est qu’une des manifestations par lesquelles les enfants de Gaza  expriment leur colère contre Israël, mais le jeu peut s’incarner dans  l’action réelle. Les armes-jouets avec lesquels les garçons jouent dans  le monde entier deviendront de vrais fusils pour ces jeunes Gazaouis à  un moment donné et c’est ce que ces enfants attendent. Alors qu’ils  rêvent d’avoir un jour une vraie Kalachnikov, ce documentaire est le  premier de ce type à remettre la colère dans son contexte. Alors que la  propagande israélienne essaie de montrer la colère de ces jeunes enfants  palestiniens qui expriment de la haine envers Israël et essaie de  prétendre qu’Israël est la victime de cette haine et de cette  agressivité injustifiées, ce documentaire montre le contexte réel, et  plus large. Si le gamin exprime le désir d’avoir un jour son propre  fusil, c’est pour venger l’assassinat de son père par les troupes  israéliennes. Cette colère n’est pas sortie spontanément du vide. Israël  lui-même, et sa politique de brutalité et d’inhumanité, est la cause  originelle de cette haine et il continue de provoquer l’hostilité envers  lui-même. Comme l’explique un des jeunes garçons, ses sentiments sont  devenus « plus intenses. » « Aujourd’hui, je hais tout le monde. Avant,  j’aimais tout le monde. » Israël se crée son propre ennemi et utilise  ensuite cette haine inévitable comme excuse pour continuer à exercer une  punition collective sur la population civile palestinienne.
 Comme le dit Amal, 9 ans, assise au milieu des décombres de son ancienne  maison, racontant la mort de son frère et de son père, il n’est pas  difficile d’imaginer quelle sorte de coût mental ceci aura sur elle à  l’avenir. De même, Omsyatte, 12 ans, se souvient avoir vu des  choses dont aucun enfant ne devrait jamais être témoin. Elle se rappelle  comment, pendant l’attaque israélienne sur Gaza, « soudain, le  plafond s’est ouvert et un bulldozer était dans la pièce. Nous nous  sommes mis à hurler et les briques ont commencé à nous tomber dessus.  Tandis que les chars passaient à côté de nous, nous avions très peur.  Ils ont pointé leurs canons sur nous et ont commencé à tirer… Les Juifs  le visaient [son frère Ibrahim] par un trou dans le mur et une balle l’a  touché à la taille et ses tripes ont commencé à sortir… ensuite les  Juifs se sont rapprochés d’Ibrahim et lui ont tiré une balle dans l’œil.  Alors j’ai su qu’il était mort à cause des spasmes qui le secouaient.  » Il n’est pas surprenant que, plus tard, Omsyatte dise qu’elle  souhaite être morte plutôt que de continuer à vivre sa vie, dans une  tente, en deuil, et assiègée. Son père aussi est hanté par la  culpabilité de la mort de son fils parce qu’il avait tellement peur  qu’il n’a même pas pu regarder en bas et prendre son fils dans ses bras  lorsqu’il est mort parce que les soldats israéliens, au-dessus de lui,  le menaçaient et qu’il avait peur qu’ils le tuent alors que ses enfants,  autour de lui, hurlaient. « Ces choses me tourmentent, » dit-il  en pleurant.
 Ceci ne fait que renforcer ce que des gens comme John Ging, directeur  des opérations de l’UNRWA à Gaza, dit depuis longtemps maintenant. Les  enfants de Gaza souffrent d’un grave syndrome de stress post-traumatique  (SSPT) ainsi que d’autres traumatismes liés à des souffrances  psychologiques. Des symptômes de traumatisme comme les cauchemars,  l’énurésie, l’apathie et la dépression sont très répandus aujourd’hui,  ils sont la norme absolue. Non traités et aggravés par davantage de  souffrances inimaginables tous les jours, qui sait quel type de graves  dommages psychologiques à long terme est en train d’être infligé sur ces  enfants chaque jour, volontairement et sciemment, par Israël ?
 Des professionnels qui travaillent avec les enfants de Gaza ont  également dit qu’ils ont remarqué un niveau accru de violence parmi les  enfants et que « les enfants sont confrontés à une crise  psychologique réelle après la guerre. » « Ils n’ont aucune désir,  pas même de parler à quelqu’un ou de bâtir des relations sociales. » Une  femme qui a été interviewée dit, « Je pense que si ces enfants ne  suivent pas un traitement, nous risquons de nous retrouver avec une  génération très violente. »
 Je pense qu’il est important de noter que tous les enfants de Gaza ne  jouent pas à des jeux de guerre violents. C’est simplement un élément  sur lequel le documentaire se concentre. Pour la plupart, les enfants de  Gaza sont aussi aimants, doux et gentils que les enfants de votre  propre famille. Cependant, il est important de reconnaître le rôle  d’Israël, car même un seul enfant traumatisé par Israël serait  insupportable, mais au lieu de cela, ils sont de fait en train de  détruire l’enfance de générations d’enfants palestiniens.
La destruction des vies et des moyens d’existence des pêcheurs  Avec le blocus de Gaza qui a maintenant marqué ses 1.000 jours, la  population de Gaza est fortement tributaire de ses pêcheurs. Comme  l’explique le documentaire, « Au nord et à l’est, il y a Israël, au  sud l’Egypte et à l’ouest la mer. » Ibrahim a 11 ans et sa famille pêche au  large des côtes de Gaza depuis des générations. Selon les Accords  d’Oslo, Israël doit autoriser la pêche jusqu’à 20 miles des côtes, mais,  comme l’explique Ibrahim, les Israéliens harcèlent les pêcheurs tous  les jours et lorsqu’ils sont à peine à 2 miles du rivage, ils sont  attaqués par les navires de guerre israéliens, qui leur tirent dessus,  les arrêtent fréquemment et, souvent, confisquent leurs bateaux et les  mettent en pièce. Le documentaire montre le bateau de pêche de la  famille d’Ibrahim en flammes après une attaque gratuite des forces  israéliennes. Les tirs ont réduit le moteur en morceaux et il est  maintenant irremplaçable. Comme le dit Ibrahim, « Pour moi le message  est clair. Les Juifs veulent détruire mes rêves et mes sentiments. »
Education A la suite des bombardements des écoles et du blocus qui interdit  l’importation de matériaux de construction, les enfants ont fréquemment  classe dans des écoles bombardées pleines de gravats. Cependant, ce qui  est frappant, ce n’est pas seulement que les enfants continuent de  vouloir aller à l’école, dans une situation où beaucoup d’adultes  abandonneraient tout espoir et refuseraient de sortir du lit le matin,  mais qu’ils soient si nombreux à le faire, avec tant de vigueur et de  fierté. Les uniformes qu’ils portent sont plus soignés que beaucoup ne  le sont dans n’importe quelle école primaire londonienne et ils récitent  leurs leçons avec énergie et passion.
 Il y a toutefois deux éléments inhabituels sur lesquels les écoles de  Gaza semblent se concentrer. Le premier est que de nombreux cours  comprennent des sessions de conseils destinées à aider les enfants à  accepter leurs pertes et ainsi, au lieu de peindre des arcs en ciel ou  des robots, leurs dessins recréent les scènes de l’assassinat israélien  de leurs proches. Ils dessinent des jets de combats F16, des bombes  décorées du drapeau israélien et des chars israéliens bombardant les  maisons dans lesquelles ils ont grandi.
 Le second est que les cours qui ont pour thème les droits de l’homme  enseignent aux enfants, après avoir été attaqués et victimes d’Israël, à  s’élever au-dessus de ce traumatisme et à ne pas assimiler les actions  d’Israël avec les enfants israéliens qui ne sont pas, eux non plus, en  mesure de contrôler la situation autour d’eux.
Pourquoi ? Un thème central qui se répète tout au long du documentaire est la  question constante des enfants, pourquoi ? « Pourquoi attaquent-ils  Gaza ? ». Un jeune garçon demande, « Qu’est-ce que nous leur  avons fait ? Les avons-nous blessés ? Les avons-nous tués ? ».  Tandis que Mahmood  mime le meurtre de son  père devant la porte d’entrée de sa maison, il montre la trace de sang  séché sur le sol qui tâche toujours l’endroit où son père gisait, 15  mois après que les Israéliens l’aient assassiné et dit « Mon père  était fermier, il n’a lancé ni roquettes ni bombes. Qu’a-t-il fait pour  mériter ça ? Et mon frère Ahmad, un enfant de quatre ans ? »
 Le jeune Mahmood est assis sur les décombres de sa maison et dit « Cette  maison était un objet, elle n’avait rien fait. Elle ne transportait pas  de Kalachnikov, ni rien d’autre. Alors pourquoi l’ont-ils détruite  comme ça ? » « Ils n’ont pas laissé une pierre debout, ni une  personne, ni un arbre. Ils n’ont rien laissé. Tout ce qui reste, c’est  le sable. S’ils avaient pu, ils l’auraient emporté aussi. »
 Omsyatte s’interroge de même sur le meurtre de son frère, « Je me  demande, pourquoi ont-ils fait ça ? Pourquoi lui ont-ils tiré dessus ?  Qu’avait-il fait ? Il ne portait pas d’arme. Pourquoi lui ont-ils tiré  dessus ? C’était un enfant innocent de neuf ans. » 
 Amal, neuf ans, les yeux baissés, nous dit qu’elle a vu son père et son  frère assassinés sous ses yeux. « Ils m’ont privée de mon père et de  mon frère, et ils m’ont blessée, pourquoi ? »
 Qu’Israël réponde à ces enfants. Nous ne pouvons pas leur dire pourquoi  ces horribles choses leur sont arrivées parce qu’il n’y a aucune  justification au monde. Cependant, le gouvernement israélien a déclaré  que l’Opération Plomb Fondu avait été un grand « succès », alors qu’il  réponde aux enfants. Notre boulot, c’est de faire que ça arrive. Israël  doit être tenu pour responsable de ce qu’il a fait et qu’il fait  toujours à ces enfants innocents. Le droit international doit être mis  en marche pour qu’on puisse, un jour, faire rendre compte à Israël, et  lui demander, pourquoi ?
 (1) Channel 4 (Channel Four, en français Chaîne 4) est une  chaîne de télévision britannique du service public. (NdT)
« Children of Gaza » : la réalisatrice  Jezza Neumann parle du tournage du documentaireChannel4.com
 Tandis que mon dernier séjour touchait à sa fin, ce fut dur de dire  au-revoir aux enfants qui nous avaient ouvert leurs cœurs et leurs  pensées, à moi et mon assistant producteur, Khalid.
 Pendant que j’attendais à Erez mon visa de sortie, j’ai pu réfléchir sur  le temps que j’avais passé à Gaza. J’y étais arrivée peu après la  guerre, pour trouver une population en état de choc. J’ai passé la  première semaine à rencontrer des ONG et des familles, à écouter  histoire après histoire, tragédie après tragédie, avec une étrange lueur  d’espoir.
 Ce fut pendant cette période que Khalid et moi avons rencontré les  quatre enfants présentés dans notre documentaire. Pendant mon séjour à  Gaza, toutes les familles nous ont ouvert leurs maisons, m’offrant une  connaissance particulière de la vie dans la Bande de Gaza. J’ai été  invité à manger avec les familles et j’ai passé du temps avec elles les  vendredis, créant un lien entre elles et nous. Je suis aussi allée à la  Mosquée avec Mahmoud et j’ai passé du temps dans les écoles de tous les  enfants.
 J’étais là pour témoigner des moments tristes de leurs vies – la  première visite d’Omsyatte à la tombe de son frère, Amal et Mahmoud  errant dans leur maison détruite à la recherche de petits morceaux de  souvenirs heureux, et l’angoisse d’Ibraheem lorsque le bateau de son  père a été détruit. Mais j’étais aussi là pour témoigner de quelques  moments de bonheur – Omsyatte participant à une tentative de record du  monde de cerf-volant, Ibrahim le jour où le bateau a pu reprendre la  mer, et Amal et Mahmoud lorsqu’ils sont allés à un camp d’été des  Nations Unies.
 Les enfants ont commencé à aller de l’avant du mieux qu’ils ont pu et  essaient de laisser derrière eux les souvenirs de la guerre, mais leur  vie quotidienne est emplie de rappels constants. La plus grande partie  de Gaza gît toujours sous un tas de sable et de gravats. Les pluies  d’hiver ont provoqué des fuites et des inondations chez Omsyatte et Amal  et le blocus signifie que beaucoup de produits sont difficiles à se  procurer. Il y a une pénurie de gaz de cuisine constante. Les coupures  d’électricité sont quotidiennes et il est très difficile d’étudier le  soir.
 Pour Ibraheem et sa famille, la marine demeure une menace permanente.  Une fois, alors que nous filmions dans un petit bateau, la marine  israélienne s’est approchée et la crainte était visible sur le visage de  notre marin tandis que nous faisions route aussi vite que possible vers  la plage.
 Avant de quitter Gaza, j’ai organisé un barbecue près de la tente  d’Omsyatte pour tous les enfants. Nous y avons emmené toutes les  familles et nous avons passé une journée formidable, à jouer au football  et à manger des shawarma. C’était la première fois que j’avais tous les  participants d’un film en même temps et ce fut une expérience  magnifique, que je chérirai toujours.
 A Erez, j’ai eu mon accréditation de sécurité en un quart d’heure et je  suis partie. J’ai de la chance, je vais où je veux quand je veux. Khalid  et les enfants, cependant, sont coincés à Gaza, avec peu d’espoir  d’expérimenter une liberté de vie que je considère si souvent comme  acquise.
Comment aider Pour faire un don pour les enfants de ce film, et pour toute information  sur la manière de les aider, eux et les autres, visiter le site en  ligne : Children of Gaza fund.
En France, Comité de Bienfaisance et de Secours aux  Palestiniens.http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13610&type=analyse&lesujet=Crimes%20de%20Guerre