Ils excellent dans l’art des joutes oratoires, 
trois jeunes sud-africains de confession juive, férus du débat d’idées, 
ont été submergés sous une avalanche de menaces et d’insultes après 
avoir pris la pose, revêtus de Keffiehs, en signe de leur farouche « opposition aux violations des droits de l’homme commises contre le peuple palestinien ».
En lice dans les championnats du monde de débat 
qui avaient pour cadre la Thaïlande, les frères Musker et leur 
co-équipier, Joshua Broomberg, ces trois champions de la pensée critique
 et de l’expression des idées partis fièrement défendre les chances de 
leur pays sur une scène où la prise de parole n'est pas muselée, sont 
restés sans voix devant les messages haineux à leur encontre qui ont 
inondé les réseaux sociaux, certains culminant dans des appels au 
meurtre à faire froid dans le dos : "Ces garçons doivent être tués comme les enfants de Sderot, ils ne méritent pas de respirer!",
 ont lu, pétrifiés, les trois étudiants, dont le sens de la répartie a 
été fortement émoussé par un tel déchaînement de violences verbales.
Ne craignant pas d’immortaliser leur prise de 
position en faveur de Gaza dévastée et ensanglantée, bien que juifs, ces
 amateurs du langage châtié et du débat contradictoire n’imaginaient pas
 essuyer une salve de critiques assassines, réalisant que leur marque de
 solidarité envers le camp des damnés de la terre était considérée comme
 une traîtrise impardonnable pour nombre de leurs coreligionnaires et la
 légion de pro-sionistes qui font de ce monde une poudrière.
"Pour ces merdes qui soutiennent les 
Palestiniens ... Moi ... Poczynski, né en Argentine et soldat de Tsahal,
 j'espère que ces trois-là ne viendront jamais dans mon pays [Israël] 
parce que je leur tirerai dessus avec mon M16, et je viderai tout mon 
chargeur sur eux ! », a signé un internaute israélien hors de lui, 
tandis que d’autres posts du même tonneau maudissaient cordialement ces 
trois empêcheurs de ravager Gaza en rond.
Une pétition appelant à créer les conditions d’un 
débat serein au sein de la communauté juive d’Afrique du Sud au sujet de
 la Palestine a volé à la rescousse des frères Musker et de Joshua 
Broomberg, recueillant plus de 2000 signatures au cours de la seule 
après-midi du 11 août, tandis que David Hornsby, le doyen de 
l’Université de Wits, spécialisée dans les sciences humaines, a apporté 
tout son soutien aux trois jeunes gens pris dans une spirale 
passionnelle effrayante, à l’aune d’un bellicisme israélien qui a commis
 l’innommable.
"Je suis fier de votre position de principe 
... malgré le risque évident encouru par votre position au sein de la 
communauté. Continuez votre bon travail! ", tel est le message 
réconfortant écrit par ce dernier sur Twitter, contrebalançant 
heureusement le flot d’intimidations, d’injures, et de mots d’ordre 
pousse-au-crime qui a déferlé sur le Net.
Regaillardis par ces témoignages de sympathie, les
 jeunes sud-africains venus croiser le fer pour le meilleur en Thaïlande
 ne se sont pas laissés abattre par une contre-pétition au titre 
évocateur « La préoccupation sioniste », exigeant leur renvoi de 
l’Université et leur rétrogradation sur-le-champ. 
Les accus rechargés et leur éloquence ayant 
retrouvé de sa vigueur, les trois courageux débatteurs ont pris leur 
plus belle plume pour répondre avec intelligence à tous les messages au 
vitriol : "Débattre est une forme d’engagement dans le 
monde qui nous entoure, et l'enseignement de la pensée critique et la 
valeur du discours sont essentiels à nos yeux.  En outre, nous 
reconnaissons que différents points de vue existent et sont forgés par 
un raisonnement légitime. Nous saluons et encourageons l’expression de 
toutes ces opinions. Cependant, l'intimidation, la colère, 
l'intimidation, les menaces et l'hostilité étouffent et mettent en péril
 ce discours sensé. Nous exhortons le plus grand nombre à reconnaître 
que ces différentes opinions existeront toujours, et à se comporter 
d'une manière civilisée qui leur permettent de voir le jour sans que 
ceux qui les expriment ne prennent peur, ne soient harcelés, menacés et 
persécutés."
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