Malgré le millier de morts palestiniens
 à Gaza, Israël avait toujours le droit, et même le devoir pour 
certains, de se défendre. Au nom de sa Sécurité octroyée par Dieu 
lui-même, il a le droit de détruire toute menace réelle ou supposée. 
Autant dire qu’Israël n’en a pas encore fini avec ses massacres ; un 
voleur ne se sentira jamais en sécurité. Pendant que les gazaouis 
tombaient comme des mouches, la Communauté Internationale Occidentale 
regardait ailleurs, ou se préoccupait du sort d’un sombre lieutenant de 
l’armée des assassins, victime lui-même de ses propres compagnons tueurs
 d’enfants. Ils acceptaient et validaient l’idée que la mort d’un 
lieutenant israélien valait bien la vie de dizaines de palestiniens, et ce, quelle que soit la balle qui l’a tué.
Nous avons vu le cynisme aller encore plus loin. Obama a dit, il y a 3 jours : « Israel
 entirely right that tunnels must be dismantled, must be done with fewer
 casualties, images of kids & women killed show cost…”. Tel un 
députe d’extrême droite de la Knesset, ce qui est important pour lui, 
c’est qu’il y ait un minimum de dommages pour l’armée israélienne et, 
surtout, éviter des images qui prouvent leurs crimes. « Tuez femmes et 
enfants, mais discrètement ».
Et puis, brusquement tout le monde 
s’éveille et, dans un bel ensemble, fait semblant de constater qu’il se 
passe quelque chose au Proche-Orient. Une école gérée par l’ONU
 bombardée ! Vous vous rendez compte… ? On ne fera croire à personne que
 Cameron, Hollande, Obama, et certains autres soient choqués le moins du
 monde parce qu’une institution internationale s’est fait bombarder. Ils
 l’ont déjà fait eux-mêmes. Il y a donc autre chose, mais quoi ? Cette 
indignation hypocrite
 (comme toutes leurs indignations) l’est d’autant plus qu’elle dit 
explicitement : un palestinien tué dans une institution internationale 
ou dans ses environs immédiats, c’est un crime, alors que s’il était tué
 au-delà de 100 mètres de cette institution, ce ne serait que justice.
Il n’est pas besoin de citer ici les 
déclarations des uns et des autres, reprises par ailleurs par tous les 
journaux, mais presque tous les grands ténors de la politique 
internationale se sont fendus de leur petite condamnation leur 
permettant de récupérer quelques point de justice et d’humanisme qu’ils 
réutiliseront, bien entendu, pour autoriser Israël à continuer son 
œuvre. Et Israël continue, en riant sous cape. ONU ou pas, femmes, 
enfants ou pas, journalistes, hôpitaux ou pas, tout ce qui se trouve 
dans Gaza est une cible potentielle, car c’est Gaza tout entier qui est 
la cible.
Le Hamas n’est qu’un prétexte pour Israël, comme il l’a toujours été. Les porte-paroles d’Israël qui peuplent les médias occidentaux
 n’ont que le mot « Hamas » à la bouche ; c’est leur fonds de commerce, 
agrémenté du qualificatif « islamiste » qui n’a plus aucun sens dans ce 
cas précis mais qu’ils continuent à exploiter jusqu’à la corde. Tout le 
monde sait que les palestiniens de gaza ne vivent pas dans un 
environnement islamiste, qu’ils ne sont différents en rien de leurs 
frères de Cisjordanie,
 mais il suffit de prononcer le mot Hamas pour que les cerveaux formatés
 imaginent une vie de charia faite de prières encadrées par des dévots 
intégristes comme en Arabie Saoudite.
Israël n’a rien à faire pour que cela 
continue. Le travail avait été fait depuis longtemps. Ils comptent sur 
nos réflexes pavloviens pour que chaque mot engendre toutes les 
associations qu’ils avaient pris soin de construire autour du mot. Ainsi
 Gaza est devenu un repaire d’islamistes et, islamistes
 = terroristes. Comme, selon les leçons qu’on nous a apprises, les 
terroristes agissent sans raison, on peut leur coller ce qu’on veut sur 
le dos, et toute action contre eux a forcément une justification.
Nous en sommes à compter les morts dont 
le nombre, plus il augmente, plus il devient malheureusement abstrait, 
alors qu’il n’aurait jamais dû y avoir un seul mort à Gaza. Nous avons 
vite oublié, du moins c’est ce qu’ils souhaitent, que l’opération en 
cours contre Gaza a été mûrement réfléchie et planifiée pour arriver là 
où nous en sommes. Nous avons également oublié que, pour la déclencher, 
il leur a fallu assassiner trois gamins innocents. Toutes ces choses-là,
 si nous pouvons les avoir oubliées, les faux indignés de l’attaque 
contre une école de l’ONU les ont parfaitement présentes à l’esprit.
On en viendrait presque à souhaiter que 
le conflit armé ne soit pas stoppé. Bien sûr il y aurait encore d’autres
 morts. Mais, même en cas d’arrêt de l’opération, nous aurons ces morts 
encore et encore, tous les deux ou trois ans. Alors, tant qu’à faire, 
autant en finir une bonne fois pour toutes. A long terme, Israël ne peut
 en sortir gagnant. Ce sera comme en 2006 au Liban.
 D’autre part, le long terme et les difficultés finissent toujours par 
faire tomber les masques. On verra alors si la « Communauté 
Internationale Occidentale » continuera à jouer sur du velours. Pour 
l’instant, Israël fait ce qu’il veut. Il enclenche les opérations quand 
il veut, obtient les trêves comme il veut, recommence quand ça lui 
chante, et ainsi de suite. Aujourd’hui, les groupes armés de Gaza ont le
 potentiel pour rendre la vie invivable pour l’armée israélienne, quels 
que soient les coups que celle-ci leur portera. Ce sera le seul moyen 
d’amener Israël à la table de la paix. Ayant plus à perdre qu’à gagner 
en cas de paix, il choisira toujours la non paix. Tout le monde a fini 
par comprendre qu’il n’acceptera la paix que contraint et forcé. Alors 
il faut l’y contraindre.