Blogs Diplo, Alain Gresh, samedi 29 mars 2014
Même le Front national n’a pas osé proposer un plan d’expulsion 
des Français arabes. Le ministre des affaires étrangères israélien si. 
M. Avigdor Lieberman a demandé à ses services juridiques d’étudier la
 possibilité d’un transfert des citoyens arabes israéliens. Cet 
homme, que n’importe quelle démocratie européenne classerait 
à l’extrême droite et qui, s’il était ministre d’un pays européen, 
serait boycotté par ses homologues, n’est, dans la configuration 
israélienne actuelle, même pas le ministre le plus à droite d’Israël. 
"Lire « Une extrême droite qui n’exècre pas l’islam dans Le Monde 
diplomatique d’avril 2014."Il est 
surpassé, si l’on peut dire, par le parti de Naftali Bennett, le Foyer 
juif. C’est ce gouvernement-là que François Hollande ménage, c’est 
cet Israël-là dont il « chante l’amour ».
Dans un éditorial publié le mercredi 26
 mars, le quotidien Haaretz donne quelques précisions sur les 
agissements de Lieberman et exprime une indignation que l’on n’a 
entendue ni dans les médias ni au sein du gouvernement français :
« Le ministère des affaires étrangères a préparé un avis juridique 
autorisant le transfert des régions israéliennes du Triangle et de 
Wadi Ara à majorité arabes à un Etat palestinien, si un tel Etat voyait
 jamais le jour. Dans son avis, rapporté hier par Barak Ravid dans 
Haaretz, le conseiller juridique du ministère Ehud Keinan écrit que ce 
serait légal selon le droit international, sous certaines conditions.
(…) Le simple fait que le ministère des affaires étrangères discute 
du transfert d’une partie de la population à l’extérieur des 
frontières de l’Etat d’Israël pour des raisons ethniques et 
nationalistes est inacceptable dans son principe.
Le fait qu’un ministère soit engagé dans la promotion d’un plan 
d’échange de population, ce qui signifie le transfert, en raison de 
leur appartenance ethnique, de centaines de milliers de citoyens du
 territoire israélien souverain à la souveraineté d’un autre pays, 
envoie un message extrêmement grave à la population arabe 
d’Israël — environ un cinquième de la population totale du pays. Le 
ministre des affaires étrangères, et maintenant son ministère, disent 
aux citoyens arabes de l’Etat d’Israël qu’ils ne sont pas les 
bienvenus, et que leur citoyenneté est temporaire et conditionnelle.
(…) Le plan de Lieberman, comme l’avis émis par le conseiller 
juridique de son ministère, a un seul but : transformer Israël en un 
Etat ethniquement et religieusement pur. Par conséquent, l’objectif
 de ce plan ne peut pas être décrit autrement que comme un nettoyage 
ethnique — même s’il n’est pas réalisé par la force des armes.
Le plan et l’avis juridique qui l’autorisent doivent être rangés 
immédiatement dans les tiroirs. La minorité arabe continuera à faire 
partie d’Israël, et l’Etat doit faire tout ce qui est en son pouvoir 
pour les intégrer, au lieu d’essayer de les en faire sortir. »
Le gouvernement français osera-t-il dire la même chose à ses amis israéliens ?