Gilles Paris 
          
Pour
 qui l’ignorerait encore, Salah Hamouri est un Palestinien disposant 
également de la nationalité française qui est détenu en Israël.
Accusé d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP -lire la note ci-dessous [1]-
 considéré comme une organisation terroriste par Israël) et d’avoir 
préparé un attentat contre le chef spirituel du parti ultra-orthodoxe 
sépharade Shass, le rabbin Ovadia Yossef, le jeune homme avait accepté, 
sur le conseil de son avocate israélienne, la militante des droits de 
l’homme Léa Tsemel, un marchandage proposé par la justice militaire 
israélienne, qui manifestement manquait de preuves pour étayer cette 
dernière accusation.
Ce marchandage consistait en un plaider coupable assorti
 d’une condamnation à sept ans de prison au lieu des quatorze 
envisageables compte tenu des chefs d’accusation.
Le cas Salah Hamouri a a suscité une forte mobilisation 
en France de la part du Parti communiste tout d’abord et des Verts. Un 
comité de soutien a été créé dont l’action a longtemps consisté à mettre
 en regard la mobilisation des autorités françaises pour le soldat 
israélien Gilad Shalit détenu à Gaza, disposant également de la 
nationalité française, et leur passivité, selon ce comité, par rapport 
au prisonnier franco-palestinien.
Les autorités françaises s’en sont défendues (même si le
 ministre de la défense, Gérard Longuet, a été pris en défaut 
d’ignorance récemment sur ce point) assurant qu’elles menaient 
discrètement le siège de leurs homologues israéliens. Un activisme peu 
payant : en 2009, une libération anticipée, possible selon les textes, a
 été refusée au détenu. Aujourd’hui, ceux qui militent en faveur du 
Franco-palestinien s’indignent de la prolongation de sa détention 
jusqu’au 12 mars 2012, alors qu’ils assurent, en s’appuyant sur un 
document du Comité international de la Croix-Rouge, (qui a accès au 
jeune détenu, de même que ses parents, contrairement au cas Shalit), que
 l’emprisonnement doit s’achever le 28 novembre, lundi.
Parmi les conjectures avancées par ces militants figure 
en bonne place le passage de Salah Hamouri, jugé par un tribunal 
militaire, au régime de l’administration pénitenciaire israélienne 
"ordinaire" qui rallongerait mécaniquement sa peine. Cette hypothèse 
renvoie à un article passionnant de Stéphanie Latte-Abdallah dans un 
ouvrage collectif consacré au "mur" érigé en Cisjordanie par Israël pour
 empêcher les infiltrations de Palestiniens et que nous avons déjà 
évoqué ici.
Dans cet article consacré aux prisonniers palestiniens, 
la chercheuse montre justement comment la suppression d’un régime 
spécifique pour ces détenus participe de l’effacement de la frontière, 
de part et d’autre de ce "mur", qualifié de "leurre", en ce qu’il adapte
 l’occupation israélienne plus qu’il ne la limite.
[1]
  le FPLP est une organisation de gauche historique de l’OLP et dont le 
chef actuel, Ahmed Saadat, purge en Israël une peine de prison à 
perpétuité pour l’assassinat du ministre israélien du tourisme Rehavam 
Zeevi, dans un hôtel de Jérusalem-Est. Cette opération avait été 
organisé en représailles à l’assassinat par Israël du chef du FPLP, Abou
 Ali Mustapha, à Ramallah, au tout début de la seconde intifada, à un 
moment où le FPLP n’était pas aux avants-postes de la lutte armée.
Source Comité de soutien Salah Hamouri
publié le 26 novembre 2011 sur le blog du Monde "Guerre ou Paix
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