Mohammed Larbi - El Watan
Les Palestiniens refusent d’attendre longtemps une réponse du Conseil de sécurité à leur demande de siège. Une première réunion – de consultation – est prévue aujourd’hui. Mahmoud Abbas disait, samedi, s’attendre à une réponse rapide.
Les Palestiniens des Territoires occupés ont accueilli hier, comme il se doit, Mahmoud Abbas qui revenait du siège des Nations unies, à New York, où il a déposé, vendredi dernier, la demande de siège pour l’Etat palestinien indépendant. Les Palestiniens savent depuis longtemps que la démarche en question était difficile, mais ils ne pouvaient pas savoir que le contexte et le jeu des alliances allaient la rendre compliquée, avec des menaces de représailles à peine voilées. Comme celle qui consiste à couper les vivres aux Palestiniens.
C’est pourquoi le geste des Palestiniens, hier, visait surtout à saluer un acte de résistance auquel Mahmoud Abbas ne pouvait se montrer insensible… C’est pourquoi, très probablement, Mahmoud Abbas a réaffirmé qu’il ne reprendrait pas les négociations avec Israël sans « un arrêt complet » de la colonisation israélienne.
Chaque mot est ici bien pesé. Il renvoie à la substance même de la négociation et de son déroulement, les Palestiniens étant depuis des années appelés à accepter tantôt un « moratoire », tantôt un « gel », l’un et l’autre impliquant une limite dans le temps. C’est cela, le piège des négociations vidées de leur contenu par Israël, pressé depuis des années de geler au moins sa politique de colonisation et que lui a refusé de faire. Et d’ajouter qu’« il n’y aura pas de négociations sans légitimité internationale ni un arrêt complet de la colonisation israélienne », clarifiant la position palestinienne, d’autant que le Quartette, qui avait appelé vendredi à une reprise des négociations, n’a pas posé de conditions préalables, à la grande satisfaction des Israéliens.
Refusant de s’inscrire en deçà des lignes tracées dans la demande d’adhésion de l’Etat palestinien, M. Abbas considère ainsi que toute reprise des négociations devrait être basée sur les lignes du 4 juin 1967, c’est-à-dire délimitant un futur Etat de Palestine qui comprendrait la Cisjordanie, la bande de Ghaza et El Qods-Est, dont les Palestiniens veulent en faire leur capitale. Quant aux Israéliens, ils ont déjà posé une condition préalable en déclarant que le calendrier fixé par le Quartette à fin 2012 « n’est pas sacré », ce qui constitue déjà une fin de non-recevoir. Ce que le Quartette ne peut ignorer ou passer sous silence pour des négociations supposées imminentes.
En tout état de cause, les Palestiniens refusent d’attendre longtemps une réponse du Conseil de sécurité à leur demande de siège. Une première réunion – de consultation – est prévue aujourd’hui. Mahmoud Abbas disait, samedi, s’attendre à une réponse rapide. « Nous parlons de semaines, pas de mois », a assuré le président palestinien. L’ambassadeur du Liban auprès des Nations unies, qui préside pour ce mois le Conseil de sécurité, a annoncé que l’instance onusienne se réunira aujourd’hui pour examiner la demande palestinienne, mais aucune date pour le vote n’est encore connue.
Un haut responsable du Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas, a, quant à lui, déclaré que « les Palestiniens vont attendre deux semaines pour que le Conseil de sécurité examine la demande d’adhésion ». Cette fois, les Palestiniens font face à leur propre opinion. Celle-ci le leur a bien rendu, en considérant comme autant d’actes de résistance le parcours effectué en très peu de temps.