David Cronin
 									Israël souhaite participer aux guerres futures de l’OTAN à en  juger par la teneur d’un télégramme diplomatique diffusé cette semaine  par WikiLeaks. 								
Un  garçon se tient au milieu des décombres à l’extérieur d’une école  détruite dans la ville côtière de Zliten, à l’est de Tripoli, où un  bombardement par des avions de l’OTAN, le 8 août, a tué 85 civils dont  33 enfants et 32 femmes. Cet acte barbare illustre bien les affinités  existant entre l’OTAN et l’état sioniste...
Daté de novembre 2009, le document de l’ambassade  étasunienne à Tel-Aviv résume un briefing donné par Claudio Bisorgniero,  secrétaire général adjoint de l’OTAN, pendant sa visite en Israël.
À la sortie de l’entretien avec Avigdor Liebermann,  ministre des affaires étrangères israélien, Bisorgniero a signalé  qu’Israël souhaitait signer un Accord sur le statut des forces (SOFA),  avec l’alliance. Un tel accord prévoit les règles régissant les troupes  du pays lorsqu’ elles opèrent à l’étranger.
L’idée d’un SOFA (acronyme ridicule) entre Israël et  l’Alliance est défendue par le lobby sioniste depuis quelques années.  Moins de deux semaines avant la rédaction du télégramme, la publication  politique Europe’s World a publié un article de  Matthew Mark Horn du congrès juif américain sur les relations d’Israël  avec l’OTAN. Il a indiqué qu’un accord sur le statut des forces  permettrait à Israël de se joindre aux opérations de l’OTAN plus  rapidement qu’il ne l’a  fait jusqu’à maintenant. Horn, ancien officiel  du département de la défense US a rongé son frein quand il a fallu deux  ans de négociation avant qu’un officier Israélien ne puisse être détaché  au siège de l’opération Active Endeavour à Naples. À  l’origine, cette patrouille méditerranéenne faisait partie de la  réponse de l’OTAN aux atrocités du 11 septembre 2001 ; sa mission avait  été ultérieurement étendue pour lui permettre d’intervenir afin  d’empêcher les étrangers pauvres de naviguer  vers l’Europe.
« Question délicate »
Bisorgniero a qualifié l’idée israélienne concernant  SOFA de « délicate ». Il a laissé entendre qu’il pourrait être difficile  à l’OTAN de conclure un tel accord avec Israël à moins que des  arrangements similaires puissent être passés avec certains pays arabes.  Depuis 1994, l’OTAN a participé à un dialogue méditerranéen avec les  états voisins de l’Alliance. Outre Israël,  ces Etats comprennent  l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie et la Mauritanie.  Israël a toutefois utilisé ce forum de dialogue pour forger des liens  avec l’Alliance plus étroits que ceux de tous les autres pays. Il est  révélateur que le télégramme ne parle pas une seule fois de l’opération Plomb durci,  attaque israélienne menée contre Gaza en 2008 et 2009. L’OTAN a donné  son approbation tacite à cet acte d’agression au début de la même année.  Lorsque Gabi Ashkenazi, chef militaire israélien, qui a supervisé Plomb durci,  a visité Bruxelles en janvier, il a été invité à un dîner d’adieu pour  marquer son départ imminent à la retraite en tant que chef de « l’armée  la plus morale » du monde.
Aucun sentiment de culpabilité concernant les massacres
Sous la direction d’Ashkenazy, cette armée a tué 22  membres de la famille al-Dayah - dont deux enfants et une femme  enceinte-lorsqu’elle a bombardé la maison de la famille à Gaza au début  de 2009. Les commandants de l’OTAN se sont peut-être senti des affinités  avec Ashkenazy ce mois-ci quand ils ont essayé d’excuser un massacre  encore plus sanglant en Libye. La nuit du 8 août, l’OTAN a attaqué des  zones résidentielles de Zliten, ville du district de Misrata. Selon les  autorités libyennes, il y a eu 85 victimes dont 33 enfants et 32 femmes  selon certains rapports.
Si vous n’avez pas entendu parler de ce massacre ne vous  frappez pas ; c’est à peine s’il a été mentionné dans la presse  occidentale. Matthew Price s’est rendu sur le site de l’attaque et il a  admis avoir vu des corps de femmes et d’enfants à la morgue. Mais il a  également essayé de valider la version de l’OTAN selon laquelle la cible  frappée était légitime (selon l’expression du propagandiste Roland  Lavoie) puisque les partisans de Kadhafi s’y étaient réfugiés. « Le  front n’est pas loin » disait Price. « On peut voir des fumées blanches  monter du site où les combats ont eu lieu. Il serait logique que les  soldats aient besoin de se reposer quelque part dans la zone ». Les  commandants de l’OTAN et ses laquais dans les médias  n’éprouvent  même  pas le moindre remords d’avoir assassiné des enfants. Il serait donc  logique que l’OTAN s’assure que son flirt avec Israël conduise à un  mariage en bonne et due forme.
* David Cronin est l’auteur de Europe’s Alliance With Israel : Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011). Il a notamment écrit pour  The Guardian, The Wall Street Journal Europe, European Voice, the Inter Press Service, The Irish Times et The Sunday Tribune.  Militant politique,  il a essayé de procéder à l’arrestation citoyenne  de Tony Blair et d’Avigdor Lieberman pour crimes contre l’humanité.
25 août 2011 - The Electronic Intifada - Ce texte peut être consulté ici : 
http://electronicintifada.net/blog/... Traduction : Anne-Marie Goossens