EMHRN  
La  loi anti-boycott interdit aux organisations et aux citoyens israéliens  de participer au « boycott de l’Etat d’Israël », et même, dans certains  cas, d’accepter de participer à un boycott.
L’UE doit sans équivoque condamner cette loi
APRODEV, le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de  l’Homme(REMDH), Front Line, l’Observatoire pour la Protection des  Défenseurs de Droits de l’Homme – programme conjoint de l’Organisation  mondiale contre la Torture (OMCT) et de la Fédération internationale  pour les Droits de l’Homme (FIDH) – et le Quaker Council for European  Affairs tiennent à exprimer leur inquiétude concernant la « Loi pour la  prévention des dommages envers l’Etat d’Israël provoqués par un boycott –  2011 » (loi anti-boycott). Cette loi, adoptée le 11 juillet 2011 par la  Knesset, par 47 voix contre 38, constitue une nouvelle attaque contre  la liberté d’expression et d’association en Israël.
La loi anti-boycott interdit aux organisations et aux  citoyens israéliens de participer au « boycott de l’Etat d’Israël », et  même, dans certains cas, d’accepter de participer à un boycott. La  définition du « boycott de l’Etat d’Israël » ne concerne pas seulement  l’Etat d’Israël et ses institutions, mais aussi toute zone qui dépend de  son contrôle, ce qui inclut donc les colonies israéliennes des  territoires palestiniens occupés (TPO), établies en contravention du  droit international.
La loi définit l’appel au boycott de l’Etat d’Israël  comme un « dommage civil », qui peut par conséquent entraîner des  dommages et intérêts. Toute personne qui en appelle publiquement au  boycott risque d’être poursuivie par la cible concernée et condamnée à  une amende, même si aucun dommage effectif n’a été causé à la partie  menacée d’un boycott.
Cette loi autorise aussi le gouvernement à révoquer les  exemptions d’impôts et autres droits et bénéfices dont profitent les  personnes ou les groupes israéliens, de même que les institutions  académiques, culturelles et scientifiques qui reçoivent une aide de  l’Etat, s’ils se prononcent en faveur d’un boycott. Dans un grand nombre  de cas, cela signifie pour les institutions concernées qu’elles ne  seront plus éligibles pour des aides publiques extérieures, y compris de  l’Union européenne, dont une grande partie est largement dépendante.
En outre, les entreprises et les industries israéliennes  (y compris les succursales israéliennes des sociétés étrangères)  risquent d’être pénalisées par cette loi si elles refusent de traiter  avec des entreprises situées dans les colonies (par exemple, si elles  signent une clause de ce genre dans un contrat conclu avec des associés  palestiniens). Indépendamment des mérites effectifs de la tactique du boycott, les  tentatives faites pour l’empêcher limitent considérablement la liberté  d’expression, dans la mesure où elles visent les expressions publiques  non violentes d’opposition aux politiques israéliennes. Elles affectent  aussi la liberté d’association, dans la mesure où elles exposent les  organisations qui s’engageraient dans une campagne publique contre les  colonies et autres violations des droits de l’Homme à des sanctions  juridiques et financières et à de coûteuses demandes de compensation de  la part des organisations des colonies.
Cette nouvelle loi constitue une tentative inacceptable  de réduire au silence les organisations de société civile en Israël, et  de limiter gravement leurs activités. Elle s’inscrit dans le cadre d’une  campagne qui cherche à priver de leur légitimité les activités des  organisations de la société civile israélienne, en particulier celles  qui défendent les droits humains fondamentaux des Palestiniens dans les  TPO et qui dénoncent l’occupation et ses conséquences. La loi viole les  traités internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par  l’Etat d’Israël, notamment le Pacte international sur les droits civils et politiques, et s’inscrit  donc en faux par rapport aux principes fondamentaux de la démocratie.
Nous exprimons notre solidarité et notre ferme soutien  aux 53 organisations de société civile en Israël qui ont conjointement  signé une lettre adressée au président de la Knesset, M. Reuven Rivlin,  en février 2011, pour protester contre cette proposition de loi [1].  C’est la deuxième loi adoptée par la Knesset, en moins de six mois, qui  vise à restreindre les activités de la société civile indépendante  d’Israël.
Nous saluons avec satisfaction l’inquiétude manifestée  dans un premier temps par Madame Ashton, Haut représentant de l’Union  européenne. Toutefois, conformément aux directives de l’UE sur les  défenseurs des Droits de l’Homme, nous demandons instamment à l’UE et à  ses Etats membres :
[1] voir Coalition of Women for Peace http://www.coalitionofwomen.org/?p=...