LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 12.06.11
Le gouverneur de la banque centrale d'Israël, Stanley Fischer,  a créé la surprise, en annonçant, samedi, qu'il briguait le poste de  directeur général du FMI. Cette candidature s'ajoute à celle du  gouverneur de la banque du Mexique, Agustin Carstens, et vient compliquer la tâche de la ministre de l'économie et des finances française. Christine Lagarde se trouvait samedi en Arabie saoudite afin de convaincre du bien-fondé de sa candidature au poste laissé vacant par Dominique Strauss-Kahn accusé d'agression sexuelle sur une employée d'hôtel et arrêté le 14 mai à New York. Cette vacance "a  provoqué une occasion extraordinaire et inattendue, une occasion qui  peut-être ne se présentera plus jamais, de se porter candidat à la  direction du FMI, ce qu'après une longue réflexion j'ai décidé de faire", a expliqué Fischer dans un communiqué.
Fischer, qui a reçu le soutien du ministre des finances israélien , Yuval Steinitz,  a ajouté être conscient du fait qu'il s'agissait d'un processus  compliqué et semé de possibles embûches, mais que cela ne constituait  pas un obstacle à sa décision. Originaire de Zambie, Stanley Fischer,  âgé de 67 ans, M. Fisher a travaillé de 1988 à 1990 comme  vice-président et chef économiste à la Banque mondiale, avant de devenir  le premier directeur général adjoint du FMI de 1994 à 2001. Il a  ensuite "pantouflé" dans le secteur privé en devenant vice-directeur du géant financier Citigroup et président de Citigroup International,  travaillant au sein de ce groupe bancaire de 2002 à 2005. Il est  considéré comme l'un des artisans de la résistance de l'économie  israélienne lors de la crise financière  de 2008. Il a procédé à 10 reprises à des relèvements des taux  d'intérêt afin de contenir l'inflation et garantir une croissance  économique de son pays qui devrait être de 4,5 % en 2011. M. Fisher a dû  renoncer à la nationalité américaine pour devenir Israélien en janvier  2005 lorsqu'il a été désigné au poste de gouverneur de la Banque d'Israël, la double nationalité n'étant pas autorisée pour les hauts fonctionnaires.
La candidature de Stanley Fischer a pourtant plusieurs désavantage à  commencer par son âge. Les règlements du FMI fixent à 65 ans l'âge  maximum pour être élu au poste de directeur et à 70 ans l'âge maximum  pour occuper cette fonction. La nationalité israélienne de Fischer  pourrait, d'autre part, lui valoir une opposition de la part des pays  arabes. "En raison de mon expérience, je pense que je peux apporter  ma contribution au FMI, entité centrale de l'économie mondiale, et aider  l'économie mondiale après la crise", a affirmé Fischer, opposé à l'élection d'un Européen à la tête du FMI.
Fischer peut en revanche compter sur les sympathies américaines ainsi  que sur sa proximité avec le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, dont il était conseiller. Pour l'économiste Nouriel Roubini, Stanley Fischer a les qualifications requises pour diriger le FMI mais il s'est déclaré trop tard pour espérer devancer Christine Lagarde. "Stan  Fischer ferait un excellent directeur général du FMI. Mais, à ce stade  tardif, il ne dispose pas du soutien nécessaire pour réussir", ajoute-t-il. De grands journaux économiques et financiers internationaux, comme le Financial Times, le Wall Street Journal et le magazine Euromoney, l'ont récemment donné favori. Euromoney  l'a classé l'an dernier à la première place de son hit-parade des  gouverneurs de banques centrales dans le monde. Ce magazine lui a  notamment rendu hommage pour sa "prescience". Le magazine Global Finance a également fait les louanges de M. Fischer en lui décernant la note "A" en 2009 et 2010 dans son classement des gouverneurs centraux.