11/06/2011
Des palestiniennes attendent de recevoir une aide  humanitaire de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA),  dans le camp de Shati à Gaza, en janvier 2011.
REUTERS/Mohammed Salem
Handicapée par un déficit de 42 millions d'euros cette année, la mission des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens joue pourtant un rôle indispensable, comme le souligne son commissaire général, Filippo Grandi, en visite à Paris.
Qu'on ne s'y trompe pas, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA),  est loin d'être une administration technocratique. Avec près de 5  millions de réfugiés palestiniens à sa charge (les réfugiés historiques  et leur descendance), l'organisation se définit comme leur "fournisseur  principal de services publics" à Gaza, en Cisjordanie, mais aussi en  Jordanie, en Syrie et au Liban.    
Outre l'apport de nourriture et de médicaments, l'UNRWA, qui  existe depuis 1949, assure aujourd'hui l'éducation de plus d'un  demi-million d'enfants palestiniens - domaine qui consomme jusque 60% de  son budget. La santé, des projets de micro-financement et  l'amélioration des infrastructures sont ses autres principaux postes de  dépenses.    
Un sous-financement chronique
Avec 850  millions d'euros de budget pour la période 2010-2011, l'Office onusien  n'arrive pas à remplir complètement sa mission et accuse un déficit de  42 millions d'euros en 2011. Un trou dans les finances qui explique pour  partie l'affairement de son commissaire général, Filippo Grandi:  "Le sous-financement est une réalité, mais ce n'est pas un choix  politique des donateurs. Cette incapacité pour les Etats de pourvoir à  l'ensemble de nos besoins est malheureusement dictée par leurs  contraintes budgétaires. Nous sommes dans une situation économique  difficile."    
Filippo Grandi  a donc dû se montrer très convaincant auprès d'Alain Juppé, le ministre  des affaires étrangères, avec lequel il s'est entretenu le 9 juin. Pour  2009-2010, La France a participé à hauteur de 8.5 millions d'euros au  budget de l'UNRWA. Sur cette même période, les Etats-Unis et l'Union  européenne, les deux plus gros contributeurs, ont donné respectivement  190 et 160 millions d'euros. Et si les participations à titre privées  sont autorisées, et même encouragées, elles ne dépassent pas 6 % du  budget total de l'organisme.    
"Nous ne sommes pas une agence politique"
Pour Filippo Grandi,  à court terme et indépendamment d'une éventuelle solution au conflit  israélo-palestinien, l'UNRWA reste le "seul à pouvoir améliorer la  situation des communautés palestiniennes". Il le dit et le répète, "nous  ne sommes pas une agence politique". Ce qui ne l'empêche pas de  dénoncer les nombreux incidents mortels qui ont lieu dans la région.  Comme cette attaque lundi du camp de Yarmouk,  en Syrie, causant la mort d'au moins quatorze palestiniens. "Cette  situation d'instabilité touche par ricochet les réfugiés. On ne connaît  même pas les chiffres des récents affrontements." se désole Filippo Grandi.  
Dans la bande de Gaza, malgré des situations parfois tendues avec le Hamas,  l'organisation reconnaît une coexistence parfois un peu complexe: "Vous  savez, nous occupons beaucoup de place. Inévitablement, des tensions se  créent. Mais nous avons un avantage : nous travaillons directement avec  les gens. Notre indépendance est en général respectée par tous." Il est  vrai que sans les camps et le savoir logistique de l'UNRWA, la  situation ne serait certainement plus tenable dans l'enclave  palestinienne.    
Les effets du "printemps arabe", dans lequel l'UNRWA veut y  voir une "atmosphère de libération", se font sentir sur le terrain. Les  autorités égyptiennes ont en effet décidé de lever partiellement  l'embargo qui pesait sur la frontière avec Gaza et ouvert le poste  frontalier de Rafah. "Un vrai soulagement, au moins psychologique, s'est  exprimé chez les Gazaouis. Ceci dit, si les interlocuteurs égyptiens  sont différents, certaines préoccupations restent les mêmes" souligne  Grandi. Habitué de la politique des petits pas, fort de ses trente ans  d'expérience auprès de réfugiés de tous pays, Filippo Grandi se veut réaliste : "l'UNRWA n'a qu'une seule chance échéance politique : c'est sa propre dissolution".  
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