Paul Schemm
Associated Press
Paris
En visite à Paris, le ministre  israélien de la Défense Ehoud Barak a  estimé qu'Israël devait  poursuivre l'objectif d'une relance des  pourparlers de paix malgré les  bouleversements dans le monde arabe.
Dans  un entretien à l'Associated Press, Ehoud Barak, qui a rencontré dans la  matinée le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, a  insisté sur la nécessité de relancer les pourparlers de paix au  Proche-Orient, malgré les réticences de certains membres de son  gouvernement.
 «Nous parlons d'une région qui vit un bouleversement politique, quelque  chose que nous n'avons pas connu depuis 90 ans peut-être, depuis la  chute de l'Empire ottoman», a expliqué Ehoud Barak. «Je ne peux pas dire  que leurs doutes ne soient pas un peu fondés», a-t-il dit au sujet des  réserves d'autres membres du gouvernement, «mais je crois encore, malgré  toutes les incertitudes, qu'Israël doit tenter réellement d'entrer dans  des négociations».
 Alors que le monde arabe est touché par un vent de contestation  populaire contre les régimes autoritaires, qui a provoqué la chute du  président Zine el Abidine Ben Ali en Tunisie puis la démission d'Hosni  Moubarak en Égypte, certains craignent en Israël que les nouveaux  gouvernements ne soient plus hostiles envers l'État hébreu que leurs  prédécesseurs. Ils craignent que ne soient portées au pouvoir des  organisations comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais.
 «Il est clair pour nous avec ces événements du printemps arabe que dans  certaines situations nous pourrions nous retrouver obligés de nous  défendre seuls», a expliqué Ehoud Barak.
 La dernière série de pourparlers de paix israélo-palestiniens a été  suspendue en septembre dernier, trois semaines seulement après son  lancement, à la suite de l'expiration du moratoire israélien sur les  nouvelles constructions dans les implantations de Cisjordanie.  L'Autorité palestinienne a menacé de se passer des négociations et de  demander en septembre prochain, un vote sur la reconnaissance officielle  de l'État palestinien devant l'Assemblée générale des Nations unies.
 «Je crois que cela ne sert pas les Palestiniens eux-mêmes de passer par  l'Assemblée générale de l'ONU pour produire une déclaration plus qu'une  décision, une déclaration qui pourrait causer du tort à plusieurs  égards», a jugé Ehoud Barak. «Je crois que beaucoup de hauts  responsables palestiniens voient que la bonne route, c'est de ne pas  passer par l'ONU, mais de s'asseoir à la table des négociations».
 Le président américain Barack Obama a appelé à la reprise des  négociations israélo-palestiniennes sur la base des frontières de 1967  avec un accord mutuel sur une série d'échanges de terres pour tenir  compte de la situation sur le terrain. Sur la même base, la France a  proposé récemment d'accueillir à Paris une conférence sur le  Proche-Orient pour relancer les pourparlers. Le premier ministre  israélien Benyamin Nétanyahou n'a pas encore donné sa réponse.
 Lors de son «entretien amical» avec Ehoud Barak, Alain Juppé «lui a  exposé le pourquoi de la mobilisation de la France pour relancer le  processus de paix, la nécessité d'une reprise des négociations, tout  cela à la lumière des paramètres tels qu'énoncés par le président  américain dans son récent discours», a rapporté le porte-parole du Quai  d'Orsay Bernard Valero. «Il lui a également rappelé la nécessité de tout  mettre en oeuvre pour éviter une impasse en septembre prochain», a-t-il  précisé.