SErvice d’information des Nations unies
Le rapport met en lumière les problèmes posés par la colonisation israélienne, « dans et autour de Jérusalem-Est, en violation du droit international ».
Les mesures prises par Israël  depuis 1967 concernant la résidence des Palestiniens de Jérusalem, leur  accès à l’éducation et la santé, ainsi que leur capacité à planifier et  développer leurs communautés, ont modifié le statut de Jérusalem-Est,  violant le droit international et augmentant leur vulnérabilité, estime  un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA)  publié ce mercredi.
Intitulé « Jérusalem-Est : les préoccupations  humanitaires clés », ce rapport d’une centaine de pages estime que ces  mesures israéliennes ont « accru l’isolement de Jérusalem-Est par  rapport aux Territoires palestiniens occupés » et que si « ces facteurs  de pressions » ne sont pas traités, « la présence des Palestiniens à  Jérusalem-Est est remise en cause à long terme ».
« Dans le passé, Jérusalem-Est était, pour les  musulmans, les chrétiens et toute la population palestinienne, le centre  de la médecine spécialisée, de l’enseignement universitaire, des  activités économiques, sociales et culturelles », indique OCHA, qui  dénonce notamment « les politiques de restriction d’accès » et  « l’édification de la barrière », qui créent « la séparation physique, politique, économique, sociale et culturelle de Jérusalem-Est ».
Premier constat établit par le rapport : le droit de résidence des Palestiniens à Jérusalem-Est « n’est pas sécurisé ».
« La législation israélienne prévoit que les  Palestiniens de Jérusalem-Est sont des résidents permanents d’Israël et  non des citoyens », souligne OCHA, qui rappelle que l’octroi du statut  de résidence requiert des Palestiniens qu’ils « prouvent que le centre  de leur vie est à l’intérieur des frontières de la municipalité de  Jérusalem ». Conséquence de ces règles, « les Palestiniens de Jérusalem  qui font des séjours prolongés en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza  peuvent voir leur statut de résident annulé ». L’agence onusienne  indique que cela a été le cas de « 14.000 Palestiniens depuis 1967 ».
OCHA souligne également que la législation israélienne  ne prévoit pas le transfert du statut de résident lors des mariages.  « Un Palestinien de Jérusalem-Est qui veut vivre en ville avec sa femme  originaire de la Cisjordanie ou de la bande de Gaza, doit faire une  demande de regroupement familial », souligne son rapport, qui précise  qu’il en est de même pour les enfants.
« Des Palestiniens de Cisjordanie ou de la bande de Gaza  résident illégalement à Jérusalem-Est avec leurs épouses », « des  familles sont séparées, avec l’un des partenaires obligé de vivre hors  de la ville » et il y a des « difficultés dans l’enregistrement des  enfants quand un parent n’est pas résident de Jérusalem », regrette  l’agence, qui énumère une série de recommandations pour remédier à ces  problèmes.
OCHA demande au gouvernement israélien « d’arrêter de  révoquer le statut de résidence des résidents palestiniens de  Jérusalem-Est, de restaurer la résidence de ceux dont le statut a été  révoqué, d’octroyer un statut de résident aux couples et à leurs  enfants ».
Soulevant ensuite le problème des logements des Palestiniens à Jérusalem-Est, le rapport stipule  que « depuis 1967, Israël n’a pas réussi à fournir aux résidents  palestiniens de Jérusalem-Est une cadre de planification leur permettant  de répondre à leurs besoin de logements de base et de développement ».
Il relève en particulier que « plus d’un tiers des  propriétaires de terres à Jérusalem-Est on été expropriés pour  construire des colonies israéliennes », que « seulement 13% de  Jérusalem-Est sont consacrés aux constructions palestiniennes, dont une  grande partie sont déjà bâties ».
« Ce n’est que dans cette zone limitée que les  Palestiniens peuvent demander des permis de construire, et le nombre de  permis accordés chaque année ne répond pas aux besoins de logement »,  indique-t-il encore, soulignant « la grave pénurie de logements » à  laquelle les Palestiniens de Jérusalem-Est sont confrontés.
Rappelant que « les autorités israéliennes ont démoli  environ 2.000 maisons à Jérusalem-Est depuis 1967, dont 82 en 2010 »,  OCHA met en avant  le fait que « de nombreux habitants n’ont pas d’autre choix que de  construire illégalement et de faire face aux risques de démolition, de  déplacement, et de sanctions, notamment des amendes onéreuses, la  confiscation du matériel de construction, voire des peines de prison »
Dans ses recommandations, l’agence réclame donc l’arrêt  des démolitions des habitations palestiniennes et la recherche d’une  solution permettant de « légaliser » les constructions sauvages,  entreprises sans permis de construire. Selon elle, l’une des priorités  réside aussi dans la planification et le zonage de Jérusalem-Est, « pour  répondre aux besoins des communautés palestiniennes à Jérusalem-Est ».
Le rapport met ensuite en lumière les problèmes posés par la colonisation israélienne, « dans et autour de Jérusalem-Est, en violation du droit international ».
« Elle constitue les plus grandes colonies de peuplement  dans le territoire palestinien occupé, avec une population d’environ  200.000 personnes en plus à Jérusalem-Est », souligne-t-il, avant  d’indiquer que « quelque 80% de tous les colons de Cisjordanie vivent  dans un rayon de 25 km autour de Jérusalem ».
OCHA ajoute encore que la superficie des territoires  pris pour la construction des colonies correspond à autant de superficie  en moins disponible pour les ressources, le développement et les  constructions des Palestiniens de Jérusalem-Est. Il précise aussi que  les terres et les biens confisqués aux Palestiniens, ou dont ils ont été  expropriés, créent « des colonies au milieu de zones résidentielles  palestiniennes ».
« L’impact de cette activité de colonisation dans les  territoires palestiniens comprend des restrictions sur l’espace public,  sur la croissance résidentielle et la liberté de mouvement », poursuit  encore le Bureau  des affaires humanitaires de l’ONU, avant de réclamer « le gel de  toutes les constructions de colonies à Jérusalem-Est », « l’arrêt des  expulsions des habitants palestiniens » et « la restitution des  propriétés confisquées par des organisations de colons ».
Enfin, dernier point soulevé par le rapport, le mur de séparation construit par Israël. Pour les rédacteurs du rapport, « dans la zone de Jérusalem, la barrière constitue la séparation entre Jérusalem-Est et le reste de la Cisjordanie, en violation de l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice ».
S’il rappelle que le gouvernement israélien a approuvé  la construction de ce mur à l’été 2002, « pour empêcher les kamikazes de  Cisjordanie d’entre en Israël », OCHA souligne surtout que « le tronçon  de 142 km qui traverse le district de Jérusalem, suit la ligne verte  sur seulement 4 km et s’enfonce jusqu’à 14 km par endroit en  Cisjordanie ».
Principale conséquence relevée, « la barrière redessine  effectivement la réalité géographique du Grand Jérusalem », en intégrant  toutes les colonies du côté israélien de la barrière, « tout en  séparant dans le même temps, les quartiers palestiniens et les faubourgs  de Jérusalem-Est les uns des autres ».
« La barrière sépare également les communautés rurales  de leurs terres dans l’arrière-pays de Jérusalem, entravant l’accès des  agriculteurs à leurs terres et entrainant une baisse de leur production  agricole et de leurs moyens de subsistance ». En conclusion, OCHA  recommande donc au gouvernement israélien de « se conformer à l’avis de la Cour  internationale de justice sur la barrière », selon lequel le tracé de  celle-ci serait illégal au regard du droit international, « d’assurer un  accès sécurisé à l’école à Jérusalem-Est pour les élèves et les  enseignants du reste de la Cisjordanie » et de « veiller à ce que les  hôpitaux spécialisés de Jérusalem-Est soient accessibles à tous les  patients palestiniens et au personnel du reste de la Cisjordanie et de  la bande de Gaza ».