Pendant       la dernière décennie, un nouvel Etat a vu le jour et       jouissait d’une indépendance totale et d’une reconnaissance       internationale sous différentes formes. Il s’agit du Timor       oriental qui a obtenu son indépendance en se séparant de       l’Indonésie, en vertu d’une résolution du Conseil de       sécurité. A un moment où le petit Etat du Kosovo, lui, n’a       pas connu le même sort et ne s’est pas établi selon une       résolution du Conseil de sécurité à cause de l’opposition de       la Russie. Cependant, le Kosovo a imposé son indépendance       comme un fait accompli à travers une reconnaissance       internationale, émanant des Etats-Unis et de l’Union       européenne. Ces derniers ont soutenu le Kosovo dans son       indépendance et son détachement de la Serbie, car ils y ont       vu le dernier moyen pour préserver les droits des minorités       albanaises musulmanes. Une reconnaissance qui lui a permis       d’organiser les premières élections législatives il y a       quelque temps.
            Aucun de ces deux modèles ne peut malheureusement       s’appliquer au cas palestinien.
            Le premier n’est pas réalisable à cause de l’objection des       Etats-Unis et des pays qui détiennent le droit de veto au       Conseil de sécurité et qui s’élèvent contre toute résolution       qui proclame l’Etat palestinien unilatéralement sans accord       préalable avec la partie israélienne. D’autant plus qu’il       est bien connu que ce veto octroie à un pays occupant le droit d’accepter ou de refuser l’indépendance de l’Etat       occupé.
            Le deuxième modèle qui est cautionné à l’unanimité par la       direction palestinienne consiste à imposer l’Etat       palestinien comme un fait accompli au sein de la communauté       internationale. N’oublions pas de mentionner dans ce       contexte que la Ligue arabe, qui réunit 22 pays arabes,       reconnaît l’Etat de Palestine depuis les années 1980. Il en       va de même pour l’Organisation de la Conférence Islamique       (OCI) regroupant 57 Etats musulmans à travers le monde. Même       chose pour l’Organisation de l’unité africaine et le       Mouvement du non-alignement qui touche à sa fin. Enfin,       certains pays de l’Amérique latine ont commencé à       reconnaître l’Etat palestinien, comme l’Argentine, le       Brésil, la Bolivie, le Venezuela et d’autres.
            Nous pouvons donc dire que le nombre de pays qui       reconnaissent l’Etat palestinien dépasse les 100, sur 192.       C’est un nombre qui dépasse bien sûr les pays ayant reconnu       l’indépendance du Kosovo. Donc pourquoi ne pas considérer la       Palestine comme un Etat indépendant dans le cadre de la       légitimité internationale ?
            La réponse nous vient tout simplement des Etats-Unis et de       l’Union européenne. La superpuissance qui est les Etats-Unis       avec leur poids diplomatique international pose toujours       comme condition à la reconnaissance de l’Etat palestinien un       règlement qu’Israël ne veut pas mener à terme.
            Tant que les Etats-Unis brandiront leur veto face à l’Etat       palestinien, sa reconnaissance comme faisant partie de       l’ordre mondial demeurera en suspens.
            Le premier ministre palestinien, Sallam      Fayyad, tente de mettre sur pied       un certain nombre d’institutions en prélude à       l’établissement d’un Etat. En effet, la création ou       l’absence des institutions n’a jamais été une condition sine qua non à un Etat dans sa quête pour l’indépendance.       D’autant plus que de nombreux Etats ont mis sur pied leurs       institutions après l’indépendance. Mais il est certain que       la création de ces institutions pourrait faciliter le       processus, le plus important est que la création de cet Etat       se répercute positivement sur le citoyen palestinien de la       Cisjordanie.
            A mon avis, le plus important défi que devront relever les       Palestiniens l’an prochain n’est pas la reconnaissance de       leur Etat par la communauté internationale, mais leur       capacité à avoir une décision unifiée. Tant qu’il existera       sur le terrain deux gouvernements, celui de Cisjordanie et       celui de Gaza, et tant que l’Autorité palestinienne       détiendra le droit de parler au nom de cette indépendance et       que ce fait sera objet de litige, l’Etat palestinien ne       verra jamais le jour. Une situation manipulée par Israël       qu’il brandit comme prétexte fondamental à la reconnaissance       de l’Etat palestinien. Sans l’unité de décision       palestinienne, le projet politique de l’Etat demeurera en       suspens.
            En second lieu, il est indispensable de mettre en place une       stratégie politique pour le mouvement palestinien. Ce qui       n’aura certainement pas lieu sans parvenir à l’unité de la       décision palestinienne. Cette stratégie peut néanmoins       profiter de la grande affirmation internationale que nous       avons mentionnée plus haut et du soutien populaire au sein       des Etats-Unis et de l’Union européenne afin de les inciter       à reconnaître la Palestine.
            Malheureusement, il semble clairement qu’aucun de ces deux       modèles n’est réalisable dans l’avenir proche avec la       prédominance de la politique partisane étroite menée par les       deux parties le Fatah et le Hamas. Il est plus probable que       nous verrons à l’avenir le maintien du statu quo jusqu’à       nouvel ordre. C’est-à-dire jusqu’à l’émergence d’une       nouvelle direction palestinienne faisant l’unanimité de tous       les Palestiniens.
            En fin de compte, nous devons dire que le poids de       l’intervention arabe qui devait hâter le règlement de la       cause palestinienne l’a au contraire compliqué à cause des       divergences interarabes aiguës et les partis pris       palestiniens. C’est la cause palestinienne qui est la       victime de cette politique qui, à son tour, a approfondi les       divisions palestiniennes. Ces divisions s’inscrivent dans un       contexte d’une autre division, régionale, plus grande et       reposant sur le conflit, au lieu de focaliser sur le       dialogue afin de réaliser les objectifs communs censés       rendre service à la cause palestinienne.
Radwan      Ziyada