Sélim Saheb Ettaba
Agence France-Presse
Jérusalem
Les pourparlers de paix  israélo-palestiniens paraissaient mercredi revenir au format de  négociations indirectes sous médiation américaine après l'échec des  efforts de Washington pour obtenir un gel de la colonisation juive dans  les Territoires occupés.
Le gouvernement  israélien et les organisations de colons ont affiché leur satisfaction  face au recul américain, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas, décrivant «une crise difficile», sollicitait l'avis de la Ligue arabe avant de se prononcer.
 Le comité de suivi du processus de paix de la Ligue arabe se réunira samedi ou dimanche au Caire à la demande de M. Abbas, a annoncé le secrétaire général de l'organisation, Amr Moussa.
 «Israël a tenu bon et n'a pas cédé aux exigences étranges et extrémistes des Américains et le ciel  ne nous est pas tombé sur la tête. Les Américains ne nous ont même pas  critiqués», s'est félicité le chef du conseil des implantations de  Cisjordanie, Danny Dayan, qui avait fait campagne contre tout gel de la  colonisation.
 Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait accepté avec réticence le plan  américain prévoyant un moratoire de trois mois sur la colonisation afin  de parvenir pendant cette période à un accord sur le tracé des  frontières.
 Il exigeait des garanties écrites sur les compensations politiques et  militaires offertes par les États-Unis, mais les deux parties ne sont  pas parvenues à s'entendre sur la formulation.
 «La partie américaine est arrivée à la conclusion qu'un gel en  Judée-Samarie (Cisjordanie) ne règlera pas le problème (...) Nous avons  dit d'entrée de jeu que la colonisation n'est pas la racine du conflit  et qu'elle sert de prétexte aux Palestiniens pour refuser de négocier», a  affirmé le porte-parole de M. Nétanyahou, Nir Hefetz.
 «Le but n'était pas le gel mais de parvenir à un accord. Or, les  Palestiniens doivent comprendre ce que les Américains ont compris, à  savoir qu'il n'est pas possible d'isoler la question des frontières des  autres questions clé», a affirmé à la radio publique Tzvi Hauser, le  secrétaire du cabinet.
 «Il n'y a pas de doute qu'il y a une crise, une crise difficile», a déclaré d'Athènes, Mahmoud Abbas, qui était attendu dans la soirée au Caire.
 Un des négociateurs palestiniens, Yasser Abed Rabbo, s'est même interrogé sur la capacité du président américain Barack Obama à faire avancer les pourparlers de paix.
 Il s'est demandé comment Washington pourrait «imposer à Israël un règlement équitable fondé sur le droit international» après avoir échoué à obtenir un moratoire temporaire.
 «Ce blocage (israélien) a conduit l'administration américaine à choisir  une autre méthode, pour revenir à négocier indirectement avec les  parties palestinienne et israélienne, pour sortir le processus de paix  de l'impasse et aborder la discussion sur les questions de statut  final».
 «Cet échec nous pousse une fois de plus à nous tourner vers la communauté internationale dans son ensemble», a-t-il ajouté.
 À Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton a «regretté» l'attitude d'Israël sur la colonisation, qui reste «illégale» et va «à l'encontre» des efforts de paix.
 La France a exhorté Israël à comprendre qu'«il n'y aura pas de solution»  au conflit «sans arrêt de la colonisation», se déclarant disposée à  chercher une relance des négociations dans le cadre du Quartette (UE,  USA, Russie et ONU).
 Les États-Unis ont annoncé mardi avoir abandonné l'idée d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie.
 Le porte-parole du département d'État Philip Crowley  a précisé qu'une nouvelle approche des pourparlers devait être discutée  la semaine prochaine à Washington, où négociateurs israéliens et  palestiniens sont attendus.