Serge Dumont
Un  arrêté religieux interdisant de louer ou de vendre un bien immobilier à  des Arabes ou à des non-juifs. Les réactions n’ont pas tardé
« La Torah interdit de vendre  ou de louer un bien immobilier à un étranger. » Les périodiques  religieux et ultraorthdoxes israéliens publient ce vendredi un texte  signé par 310 rabbins appelant leurs ouailles à ne pas louer ou vendre  un bien immobilier à des Arabes israélien ou à des goyim (non-juifs). La  liste des signataires comprend quelques dizaines de rabbins en fonction  dans les colonies de Cisjordanie, mais la majorité d’entre eux  officient dans des villes de l’intérieur de l’Etat hébreu, telles Eilat,  Metulla, Ashdod, Sderot, Naharyha et Hod Hasharon.
« De nos jours, l’excommunication n’existe plus, mais  ceux qui louent ou vendent à des étrangers font du tort aux Juifs et  doivent être dûment morigénés en privé d’abord, en public ensuite »,  écrivent ces ministres du culte parmi lesquels figurent Haïm Drukman et  Shlomo Aviner, deux grands noms du rabbinat israélien.
Statut de fonctionnaire
Tout a commencé le 15 novembre [1]lorsque  le rabbin de Safed, Shmuel Eliyahou, a publié un premier manifeste  appelant ses ouailles à dénoncer les personnes louant à des non-juifs.  Agé de 89 ans, l’un des propriétaires visés a été boycotté par ses  voisins et anonymement menacé de mort. Ce qui n’a pas empêché une  cinquantaine d’autres rabbins de prendre à leur nom l’appel lancé par  Shmuel Eliyahou. Celui-ci a ensuite fait boule de neige pour atteindre  jeudi 310 signataires.
« Je ne suis pas raciste, mais il me semble normal que  les Juifs préservent leurs droits dans le seul Etat dont ils  disposent », a déclaré hier le rabbin Haïm Drukman interviewé par la  radio publique.
En Israël, les rabbins sont des fonctionnaires rémunérés  par l’Etat. Dans les villes, où ils incarnent l’autorité religieuse,  ils bénéficient du même salaire que le maire ainsi que de collaborateurs  et d’une petite infrastructure administrative indépendante. Leur  pouvoir et leur influence sont donc plus importants que ceux des  pasteurs et des prêtres européens.
Les nazis « ont fait de même »
Certes, l’appel des 310 « rabbins racistes » provoque  une série de réactions vigoureuses à Jérusalem. Parmi elles, celle du  président Shimon Peres qui demande aux signataires de « revenir aux  vraies valeurs juives », et celle du premier ministre Benyamin  Netanyahou pour lequel le texte litigieux « n’a pas sa place dans un  Etat juif et démocratique ». Quant au président de l’Association  internationale des survivants de l’Holocauste, Noah Flug, il rappelle  que « les nazis ont fait la même chose aux juifs en Allemagne ». Des  propos appuyés par la direction et par le personnel de Yad Vashem  (Jérusalem), l’institut chargé de perpétuer la mémoire de la Shoah.
  Mais le ministre de la Justice, Yaakov Neeman, et le  Parquet général semblent n’en avoir cure. En tout cas, ils affirment ne  pas vouloir se saisir de l’affaire alors que les signataires de l’appel  ont trahi le devoir de réserve imposé à tous les fonctionnaires de  l’Etat et qu’une législation condamnant les actes, les paroles ou les  écrits à caractère raciste a été votée par la Knesset en 1988.
publié par le Temps
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8a7...  ajout de note : CL, Afps
ajout de note : CL, Afps