Michael Blum
Un colon, journaliste, explique pourquoi il pense qu’il faut  parler avec le Hamas
« Alors qu’Israël s’apprête à  reprendre des pourparlers avec l’Autorité palestinienne sous l’égide de  l’administration américaine, on est en droit de se demander si ces  négociations ont une chance de mener à la création d’un état  palestinien. La réponse est claire comme de l’eau de roche, il n’y a  aucune chance que le dialogue entre Abbas et Netanyahou puisse  contribuer à changer véritablement la situation dans la région, tant que  la bande de Gaza est sous le contrôle du Hamas avec lequel il n’y aucun  dialogue.
A l’heure actuelle, le Hamas et le Fatah n’arrivent pas  véritablement à s’entendre pour former un gouvernement d’union nationale  et quand Mahmoud Abbas qui a repoussé la date des élections dans les  Territoires palestiniens négocie avec Netanyahou, on est en droit de se  demander au nom de qui il parle. Et puis, diront certains, si le Fatah  est incapable de négocier avec le Hamas, comment demander à Israël de  s’asseoir avec les islamistes qui appellent de leurs vœux la destruction  de l’Etat d’Israël.
En Israël, il n’est pas question de négocier avec le  Hamas, car on ne parle pas avec des terroristes, or en 1993, quand le  gouvernement a accepté de reconnaître l’OLP et de s’asseoir à la même  table de négociations qu’Arafat, les dirigeants de l’OLP n’étaient pas  moins « terroristes » pour les Israéliens que le sont les dirigeants  actuels du Hamas.
Le Hamas ne reconnaît pas l’existence d’Israël,  affirment certains Israéliens, mais je me demande en quoi Israël, 62 ans  après sa création, a besoin d’être reconnu par le Hamas ? Israël  existe, et a gagné toutes les guerres contre ses voisins et en tant  qu’Israélien, la reconnaissance du Hamas m’importe peu. Je suis en  faveur d’un dialogue avec les véritables ennemis afin d’arriver à une  paix durable dans la région. Parler avec le Hamas, c’est assurer qu’on  négocie avec ceux qui apparemment dirigeront dans l’avenir l’ensemble  des territoires palestiniens.
Je ne vois aucune différence fondamentale entre le Hamas  qui refuse de reconnaître Israël et le Fatah qui refuse d’accepter le  terme d’état juif auquel Binyamin Netanyahou tient tellement. On négocie  avec le Hamas par l’intermédiaire de l’Egypte et du médiateur allemand  pour l’échange de prisonniers contre Gilad Shalit, alors pourquoi ne pas  poursuivre les négociations pour arriver à un modus vivendi dans la  région ? Il faut négocier avec les islamistes du Hamas sur l’avenir de  la bande de Gaza et des territoires palestiniens, sans faire de  concessions risquant de mettre en péril l’avenir de l’Etat d’Israël,  mais pour justement assurer un avenir meilleur aux Israéliens et aux  Palestiniens. »
Co-auteur avec Claire Snegaroff  de l’ouvrage de référence sur les colons, Michael Blum, journaliste  franco-israélien ,réside lui-même à El’azar, une colonie de Cisjordanie.  Au moment où les Etats-Unis tentent de relancer les pourparlers  israélo-palestiniens, il nous explique pourquoi, selon lui, il est  indispensable pour Israël de négocier avec le mouvement islamiste Hamas.
Publié par Médiapart