le 18.09.10 | 03h0
  Israël a pris le risque de plonger le Proche-Orient dans une nouvelle  phase d’incertitude. Ou plutôt l’inverse, car pour être juste, personne  n’a réellement cru aux discours de paix de ses dirigeants. En venant aux  nouvelles négociations qu’ils ont décidées ainsi d’abréger, Benjamin  Netanyahu et ses ministres ont énoncé tellement de conditions qu’il n’y  avait plus la moindre place pour la négociation. Négocier quoi, se  demandait-on à juste titre, du moment qu’Israël refusait l’essentiel,  c'est-à-dire restituer les territoires palestiniens. Bien au contraire,  la colonisation n’a jamais été aussi intense que cette année, et en  accepter le gel temporaire, c’est vraiment accepter une condition de  trop, celle qui consiste à entériner les exigences israéliennes et  renoncer à ses propres revendications légitimées par ce qui tient lieu  de légalité internationale.
  Les Palestiniens ont été placés dans cette position qu’ils ont fini par  accepter, certainement pour refuser d’endosser l’inévitable échec. Ils  savaient que les négociations, auxquelles ils prenaient part, ne  bénéficiaient d’aucun préjugé favorable, et qu’ils risquaient de  cautionner une mystification si rien n’était fait, entre-temps, pour en  corriger la trajectoire. Le gel a été opposé à l’arrêt de la  colonisation, comme le réclame notamment l’ONU tenue à l’écart de ces  négociations, alors qu’elle était sollicitée en d’autres circonstances.  Pour dire le droit, finit-on par s’en rappeler. Mais pas toujours, et  cela rappelle le traitement au cas par cas, avec tout ce que cela  implique comme mécanismes d’application de ce même droit. Il s’agit de  la contrainte à laquelle Israël a toujours échappé, contrairement à  d’autres pays qui ont payé très cher certains écarts.
  Israël a donc mis fin, hier, à ce faux suspense en annonçant son refus  de prolonger le moratoire sur la construction dans les colonies en  Cisjordanie, en dépit des pressions américaines et des avertissements  des Palestiniens qu’ils rompraient des négociations qui en étaient,  cette semaine, à leur second round, et très probablement le dernier.  Cela rappelle, point par point, l’incident du printemps dernier provoqué  par l’annonce de la décision israélienne de lancer la construction de  centaines de logements, alors même que le vice-président américain se  trouvait dans la région, pour justement faire avancer le processus de  paix. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a indiqué jeudi  «espérer» une prolongation du moratoire, après avoir participé à deux  jours de négociations israélo-palestiniennes sans avoir réglé le  différend sur la colonisation juive en Cisjordanie.
  Ce n’est plus de la négociation, alors même que la règle de droit est  tout simplement bafouée. Aucune référence aux textes de l’ONU qui  cernent avec exactitude les droits nationaux du peuple palestinien, mais  un invraisemblable rapport basé sur la force qui contraindra les  Palestiniens à renoncer à leurs aspirations. Tout compte fait, Israël  agit comme bon lui semble, même si une telle politique met en danger les  intérêts de ses alliés, les Etats-Unis l’ayant même fait savoir. Ce  sont ces derniers qui sont cette fois interpellés. Les simples appels au  bon sens ne suffisent plus. Il est clair, en effet, que la poursuite de  la colonisation est une déclaration de guerre.    
Mohammed LarbiLien