Nathalie Janne d’Othée
La  Haute Représentante  Ashton a en effet réaffirmé que l’UE considérait  le tracé du mur se situant en territoire palestinien comme illégal.
Cette semaine [24 août], Lady  Ashton a créé la surprise en se déclarant concernée par le sort  d’Abdallah Abu Rahma, un des leaders du mouvement de résistance  populaire du petit village de Bil’in en Cisjordanie. La Haute  Représentante a précisé que « l’UE considérait le tracé du mur comme  illégal là où il était construit sur le territoire Palestinien » et que  « l’emprisonnement possible de Mr Abu Rahma était destiné à l’empêcher  lui et d’autres Palestiniens d’exercer leur droit légitime de protester  contre l’existence de la barrière de séparation d’une manière  non-violente » [1].
Cette déclaration est lancée la veille d’une relance des  pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens, dans lequel le  Quartet jouera un rôle de médiateur. Même si les Etats-Unis occupent une  position dominante dans cet ensemble, la déclaration d’Ashton sur le  sort d’Abdallah Abu Rahma est de taille à inquiéter les autorités  israéliennes. Israël n’a d’ailleurs pas tardé à exprimer sa  désapprobation face à cette tentative d’ingérence de l’UE dans son  système judiciaire. Mais la véritable crainte d’Israël est de voir l’UE  se détacher des positions américaines et emprunter une position plus  ferme vis-à-vis de l’occupation israélienne lors des futures  négociations.
Des négociations qui s’annoncent chaotiques eu regard de  l’actualité de cette semaine. C’est davantage une résignation qu’un  réel engagement que Washington avait arraché la semaine passée à  l’Autorité Palestinienne. Contraint par les arguments économiques  américains, Mahmoud Abbas a finalement accepté tant bien que mal de  négocier sans condition préalable. Néanmoins cette semaine l’AP s’est  rétractée en annonçant qu’elle se retirerait de la table de négociations  si le moratoire sur la colonisation n’était pas prolongé. Depuis une  semaine, Mahmoud Abbas a en effet du mal à justifier son geste face à  une opinion publique qui l’accuse d’avoir capitulé face aux pressions  américaines et israéliennes.
Netanyahou a donc été sommé par l’administration  américaine de donner des garanties sur la colonisation. Pour s’en sortir  sans par ailleurs froisser les factions d’extrême droite de sa  coalition, ce dernier a consenti à un « mini-gel » de la colonisation  pour prolonger le moratoire. Ce « mini-gel » ne concernera que les  tentatives de colonisation illégales, au cœur de la Cisjordanie, et non  les grandes colonies de peuplement comme Ariel, Maale Adoumim, Modiin  Illit, etc. Pourtant, ce sont bien ces dernières qui posent le plus de  problèmes aux Palestiniens. Pour la plupart englobées par le mur de  séparation Israël et reliées entre elles par des routes réservées aux  Israéliens, elles morcellent la Cisjordanie en une multitude d’ilots  isolés (voir la carte de l’OCHA).
La prise de position de la baronne Ashton est donc loin  d’être insignifiante. La Haute Représentante a en effet réaffirmé que  l’UE considérait le tracé du mur se situant en territoire palestinien  comme illégal. Si elle continue à suivre cette logique, l’UE pourrait  maintenant exercer des pressions sur Israël afin qu’il concède davantage  qu’un « mini-gel » sur la colonisation. Dans le cas contraire, il est  fort à craindre que l’on assiste seulement à des « mini-négociations ».
[1] voir Déclaration :
EUROPEAN UNION Brussels, 24 August 2010 A 167/10
Statement by the Spokesperson of High Representative of the Union for Foreign Affairs and Security Policy on conviction of human rights defender Abdallah Abu Rahma
The spokesperson of High Representative of the Union for Foreign Affairs and Security Policy/Vice
President of the Commission Catherine Ashton issued the following statement today :
"The High Representative is concerned by the conviction of 39-year-old Abdallah Abu Rahma in an Israeli military court on charges of incitement and organising and attending demonstrations. He is due to be sentenced shortly. The EU considers Abdallah Abu Rahma to be a Human Rights Defender committed to non violent protest against the route of the Israeli separation barrier through his West Bank village of Bil’in.
The EU considers the route of the barrier where it is built on Palestinian land to be illegal. The High Representative is deeply concerned that the possible imprisonment of Mr Abu Rahma is intended to prevent him and other Palestinians from exercising their legitimate right to protest against the existence of the separation barriers in a non violent manner. "
Note to Editors : The EU attended all court hearings in the case of Abdallah Abu Rahma, who has been in detention since 10 December 2009."