Thami Bouhmouch
Mondialisation
Mondialisation
          « Nous réduirons la population arabe à une communauté de coupeurs de bois et de serveurs » (Uri Lubrani, 1960).
« Nous devons tuer tous les palestiniens à moins qu’ils ne soient résignés à vivre en tant qu’esclaves » (Chairman Heilbrun, 1987).
« Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » (le rabbin Yitzhak Ginsburg, 1989)...
« Nous devons tuer tous les palestiniens à moins qu’ils ne soient résignés à vivre en tant qu’esclaves » (Chairman Heilbrun, 1987).
« Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » (le rabbin Yitzhak Ginsburg, 1989)...
« Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives ».
Fourberie et contrevérités
« Si l’on ment, il faut mentir jusqu’au bout. Il faut du mensonge faire un acte de foi »
D. Lévy-Chedeville
D. Lévy-Chedeville
Le drame palestinien a débuté en 1917, lors de la  fondation du « foyer national juif », avec la complicité du gouvernement  britannique et de la Société des Nations. La déclaration Balfour visait  probablement en sous-main à éloigner les juifs d’Europe. Les  dignitaires antisionistes, qui s’y étaient opposés à l’époque, l’avaient  qualifiée d’antisémite. L’idée était que l’émigration des juifs de la  diaspora allait se faire sous la contrainte et susciterait des soupçons  sur leur fidélité à leurs pays respectifs... Toujours est-il que depuis  cette date, l’entité sioniste a occasionné les destructions et  souffrances les plus alarmantes. Des individus fanatisés venus de  Pologne, de Kiev, de Biélorussie, de Grande Bretagne, etc. se déclarent  maîtres des lieux, font main basse sur les terres, planifient les  expulsions, la mort et la dévastation.
A l’instar des Afrikaners, leur hégémonie ne pouvait se  fonder que sur un système politique sordide et avant tout sur une  oppression militaire implacable. Zéev Jabotinsky, un dirigeant sioniste  (né en Ukraine), l’a exprimé ainsi (1923) : « Le sionisme est une aventure de colonisation et c’est pour cela qu’elle est dépendante d’une force armée » (son livre Le mur de fer, 1923). Raphael Eitan, un chef militaire (de parents russes), est plus explicite (1983) : « La  force est l’unique chose qu’ils [les Arabes] comprennent. Nous devons  utiliser la force absolue jusqu’à ce que les palestiniens viennent  ramper devant nous »... (Journal Yediot Aharonot  du 13/04/83) L’Ouganda revient de loin : ce pays a failli en 1903 faire  les frais d’un projet d’implantation juive (sur proposition  britannique).
A mon sens, l’hégémonie impudente d’Israël est due à  deux facteurs clés : une propension phénoménale à falsifier la vérité,  appuyée sur un vaste réseau de propagande et de désinformation (partie  1) ; le soutien coupable et avilissant des Etats et médias occidentaux  (partie 2). Le présent article se limite au premier.
« Nous avons pris leur pays »
Le peuple palestinien a affaire à un adversaire « sûr de lui et dominateur »  (C. De Gaulle, 1967), un adversaire fourbe et d’une cruauté inégalée.  Les leaders israéliens successifs savent s’y prendre pour dire le  contraire de ce qu’ils font (ou ce qu’ils comptent faire). Ils inventent  sans relâche les échappatoires et les esquives, créent les faits  accomplis sur le terrain. Lorsqu’ils s’engagent le matin, c’est pour se  rétracter le soir. On déclare devant les caméras que tel point de  passage sera ouvert et l’on s’aperçoit qu’il est (presque) toujours  fermé. On annonce que les pourparlers avec les Palestiniens doivent  s’engager sans condition préalable ; deux jours après, on crée la  surprise en posant une condition sine qua non : reconnaître « Israël en  tant qu’Etat juif ». On promet à chaque fois de stopper la colonisation,  cependant que les constructions se poursuivent furtivement (plus de 100  colonies ont été créées depuis les accords d’Oslo).
Les « accords » signés sont systématiquement foulés aux  pieds. Le phénomène a pris une ampleur invraisemblable. La boutade de  Ben Gourion, à cet égard, est très éloquente : « Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous avons pris leur pays » (cité par Nahum Goldmann dans Le paradoxe juif, 1976). La bravade est prononcée haut et fort, sur un ton plein de morgue et de dérision.
Le rêve de Sharon était de refouler (vers n’importe où)  plus de 60 % des Palestiniens de Cisjordanie pour y implanter un million  de Juifs (de n’importe où). Des milliers d’habitations palestiniennes  sont démolies régulièrement sous des prétextes extravagants. Il arrive  souvent que des colons s’emparent des maisons évacuées sous la  protection active et prévenante de l’armée. Assister en spectateur à la  destruction ou la confiscation de son foyer, se retrouver dans la rue  avec ses enfants et quelques ustensiles sauvés à la hâte : nul ne peut  imaginer ce que les victimes ressentent. Jamais dans l’histoire, une  force d’occupation n’a été aussi haineuse, aussi inhumaine. Expatrier  une population (des autochtones), transplanter une autre (des colons)...  rien ne semble mettre fin à la tragédie. L’ordre d’expulsion relève  d’un programme mûrement réfléchi : déposséder et chasser le plus grand  nombre possible de Palestiniens. « Nous devons tout  faire, disait Ben Gourion (1948), pour nous assurer qu’ils ne reviennent  pas... Les vieux mourront et les jeunes oublieront »... (18/07/48, voir sur http://www.france-palestine.org)
Le monde, à force de prêter le flanc à la manipulation,  finit par oublier que l’occupation est la cause de toutes les atrocités.  Les Palestiniens sont des sinistrés. Affaiblis par 60 ans de détresse,  trahis par les uns et les autres, ils sont devenus vulnérables. Ils ont  perdu la terre, celle de leurs ancêtres, font face à la fois à une  puissance mondiale et à une puissance régionale ; ils ne bénéficient pas  du soutien des médias internationaux, ne peuvent pas compter sur les  Etats voisins... Embarqués dans des pourparlers chimériques, ils  regardent passer les décennies perdues. Le train-train est bien connu :  la partie israélienne fait mine de négocier et le médiateur américain  est à la fois juge et partie. Les choses étaient pourtant claires, comme  le clamait Z. Jabotinsky (1923) : « Une réconciliation volontaire avec les Arabes est hors de question, que ce soit maintenant ou dans le futur »... (son livre Le mur de fer,  1923) On comprend pourquoi le « processus de paix » - dont la simple  évocation semble aujourd’hui suffire en elle-même - a l’air d’un canular  reproductible à l’infini. Les mots sont en train de prévaloir sur les  faits.
Bluffs et leurres à la pelle
Les extrémistes sionistes - comme jadis les Blancs  d’Afrique du Sud - savent légitimer leurs tueries, diaboliser leurs  victimes. Ils recourent toujours aux mêmes rengaines : celles de « la menace de destruction d’Israël », des « juifs jetés à la mer », de la « montée de l’antisémitisme en Europe », des « liens terroristes internationaux », du droit à la « légitime défense »...  Les artifices sur mesure, dont sont truffés les manuels d’histoire,  font le lit de l’extrémisme israélien, décuplent la violence et la haine  à l’égard du Palestinien. Farder la vérité est une armature essentielle  du projet sioniste. Un certain général Matityaha Pelet l’admettait,  explicitement et en connaissance de cause (1972) : « La  thèse du danger d’un génocide qui nous menaçait en juin 67 et qu’Israël  se battait pour son existence physique était seulement du bluff... ». (Journal Ha’aretz du 19/03/72) Un bluff qui a partout très bien pris.
Vous voulez savoir comment raisonnent les leaders  sionistes ? La déclaration de Netanhyahu, à cet égard, est assez  caractéristique (1989) : « Israël aurait dû exploiter la  répression des manifestations en Chine lorsque l’attention du monde  s’est focalisée sur ce pays, pour mettre à exécution des expulsions  massives parmi les Arabes des territoires ». (Journal Hotam  du 24/11/89) Comment peut-on se fier aux simagrées étalées sur la  scène ? Les forfaits du sionisme, c’est ce qui se passe derrière les  décors, hors de la vue du spectateur.
Des civils sont-ils tués sur la plage de Gaza par un  obus israélien ? On produira « l’information » selon laquelle une mine  posée par le Hamas est à l’origine de l’hécatombe... et les médias (à la  botte des lobbies ou par réflexe conditionné) marchent tête baissée. Le  nec plus ultra de la perfidie, c’est lorsque les alliés inconditionnels  sont assaillis pour leur « manque » de dévouement à la cause du  sionisme. Témoin le site « La voix de la communauté juive en France »  qui s’en prend aux médias français, accusés de « partialité et de dénigrement systématique d’Israël » !...  Déroutant, n’est-ce pas ? Il suffit de voir le parti pris véreux de  France 2, RFI, Arte et France 24 en faveur des menées israéliennes pour  mesurer l’ampleur de l’intoxication sioniste. Et voilà que le 2 août  dernier S. Peres accuse l’establishment britannique d’être « profondément hostile à Israël » et de « prendre parti pour les Arabes » ! Il ne faut pas avoir peur de trop forcer sur les leurres (et les jérémiades)...
Dirigé par une extrême-droite machiavélique, l’Etat  colonial prône ouvertement l’épuration ethnique. C’est un Etat au-dessus  des lois, dont l’armée est prédisposée à piller, affamer et massacrer  des civils. C’est par ailleurs un espace où règne une atmosphère  d’animosité et de violence impitoyables - du fait non pas de  « l’ennemi » en face, mais bien de la manière dont les israéliens se  comportent les uns avec les autres. Les ashkénazes manifestent un mépris  hautain à l’égard des sépharades et des arrivants d’Europe de l’Est ;  les ultra-orthodoxes et les laïcs ne cessent de s’entre-déchirer ; les  falashas noirs, mal aimés et mal lotis, doivent batailler pour  survivre... Un tissu social hétéroclite et profondément déséquilibré,  c’est le poison quotidien de l’entité sioniste.
Qu’importe, la machine de propagande a réussi à faire passer les agresseurs pour des êtres évolués, « acquis aux valeurs de l’Occident »,  assaillis de toutes parts par des brutes incultes, sans foi ni loi.  Cela ne vous rappelle-t-il pas les films westerns des années 50 et 60,  où les indiens personnifiaient toujours les barbares, les  « méchants » ?... Le vocabulaire utilisé participe à la mystification :  le terme « conflit » permet de faire l’impasse sur l’acte de spoliation,  en laissant sous-entendre qu’une lutte armée a lieu entre deux Etats  aux motivations contradictoires. L’opinion internationale a vite gobé la  distinction entre les colonies « légales » et les colonies  « irrégulière s » ou « sauvages ». S’agissant d’expulsions, de  démolition de logements, de piraterie en haute mer, d’assassinats de  civils, on dira par exemple « la Knesset a voté... », « la haute cour a  ratifié... », « conformément à telle loi », etc. Les crimes sont  accoutrés d’une parure de légalité et, là encore, les médias (y compris  arabes) suivent tête baissée.
Les bêtes marchant sur deux pattes
Dans « le seul pays démocratique du Moyen-Orient », les  quelques étudiants palestiniens en médecine sont poussés à collaborer  avec le chabak (service de renseignement) pour avoir droit aux stages  dans les hôpitaux de Jérusalem. Près de 8 500 Palestiniens croupissent  en silence dans des camps de détention. Parmi eux, 340 enfants vivent  dans une terreur constante. Agés de 11 à 14 ans, ils sont victimes de  harcèlements pervers et souffrent de négligence médicale. Pendant que  les tortures les plus effroyables sont infligées à ces prisonniers,  l’unique soldat israélien détenu par le « mouvement terroriste » à Gaza  se prélassait tout récemment en regardant les matchs de la coupe du  monde de football. Toutes les voix s’élèvent pour réclamer nommément la  libération de ce soldat ; personne ne fait allusion au sort de ces  milliers de détenus en détresse. L’évidence surgit : tous les hommes  sont égaux, mais certains moins que d’autres.
Pendant l’attaque sanglante de Gaza, les journalistes ont été tenus à l’écart « pour des raisons de sécurité ».  Mais apparemment cela ne valait pas la peine qu’on émette une  protestation. Le terrorisme d’Etat est invariablement disculpé et ne  soulève aucune condamnation crédible.
C’est à une poignée de résistants, habilement  diabolisés, qu’on demande cyniquement d’arrêter « la violence ». Se  défendre contre la colonisation, résister à la tyrannie est légitime  autant qu’honorable. Cela tombe sous le sens... Mais le vocable  « terrorisme », utilisé tous azimuts, a brouillé les cartes. Ce mot  magique, qui conforte la pratique de mystification israélienne, est  maintenant entériné par tous les médias. Tant qu’à faire, le patriote  français Jean Moulin ne serait qu’un fieffé « terroriste », lui le héros  national dont les cendres ont été transférées au Panthéon ; on devait  aussi désavouer Nelson Mandela pour son opposition au régime  d’apartheid, le groupe arménien Manouchian pour sa lutte contre les  nazis.
Il suffit d’arborer la bannière de la « lutte contre le  terrorisme » et tous les coups sont permis : destruction de logements et  de terres agricoles, arrachage de milliers d’oliviers, détérioration de  réservoirs d’eau et stations de pompage, bombardement des écoles,  mitraillage des ambulances, assassinats ciblés des dirigeants  palestiniens (s’ils ne collaborent pas)... Jamais dans l’histoire, une  force d’occupation n’a été aussi destructrice, aussi meurtrière (1).
Un certain Friedman écrivait naguère dans le New York Times, « Vous [les Palestiniens] ne pouvez pas construire une nation sur les épaules d’assaillants suicidaires ».  Des journalistes, ici et là, savent manier les contrevérités. Surtout  n’allez pas leur dire qu’Israël a fondé son existence sur l’activisme  criminel de plusieurs organisations terroristes (Haganah, Irgoun, Gang  Sterne, mouvement clandestin Lehi) et une série de massacres  impitoyables (Sabra et Chatilla, Jénine, Ramallah, etc.). N’essayez pas  de leur faire remarquer que les principaux responsables sont devenus  plus tard des hommes d’Etat (Shamir, Begin, Rabin, Peres, entre autres).
Le jeu est maintenant bien rôdé : un journal israélien  balance un mensonge, puis se rit de voir comment celui-ci est traité par  les médias internationaux. Un dirigeant invente n’importe quel  subterfuge et voilà que la partie concernée de perdre de l’énergie à se  disculper. Un exemple : Haaretz, en juin dernier, a  publié une « information » alléguant l’opposition de Mahmoud Abbas à la  levée du blocus maritime imposé à la bande de Gaza. Plusieurs dirigeants  palestiniens se sont alors échinés à porter un démenti catégorique  (Abou Roudeina et Saeb Orekat notamment). Autre exemple : l’allégation  selon laquelle le bateau humanitaire libanais Marie serait téléguidé par  le Hezbollah. Là encore, on perdra du temps à « réagir » à  l’accusation... Autant la duperie est sournoise, autant la réaction  semble ingénue.
L’annonce récente des « mesures d’allégement du blocus »  de Gaza (qui continue, notons-le, d’être bombardée) a eu le don  d’alimenter la rhétorique médiatique et de dévier l’attention. Cette  combine visait à rehausser l’image de l’occupant suite à l’agression  contre la flottille humanitaire turque. Tel porte-parole sioniste  déclare avec cynisme que « 150 camions remplis de nourriture »  entrent par jour dans la bande de Gaza... ceux qui l’écoutent ne sont  pas censés savoir qu’il y a douze ans ce nombre était de 1800 camions  par jour et qu’entre-temps la population de ce territoire a augmenté.
Menahem Begin vous connaissez ? C’est celui qui a dit que les Palestiniens sont des « bêtes marchant sur deux pattes »  (1982) ! (cité par Amnon Kapeliouk, Begin and the beast, 1982) Le  sionisme s’acharne sur eux depuis 60 ans, les voue à la servitude et  l’anéantissement. On leur en veut d’abord d’être les maîtres du sol. On  leur en veut aussi parce qu’ils ont du sang dans les veines (à  revendre). Par leur présence sur la scène, ils rappellent en permanence  la nature délictueuse de l’occupation. Ils figurent pour ainsi dire la  « mauvaise conscience » du spoliateur. Du coup, on les expulse, on les  emprisonne, on les torture, on les diabolise, on les affame, on les  bombarde, on les assassine... Décidément, l’Ouganda l’a échappé belle.
A chaque fois, on se dit que la mesure est comble, que  le summum de l’abomination est atteint, à chaque fois le bouchon est  poussé plus loin. Encore et encore... La destruction de maisons  palestiniennes à grande échelle vous a-t-elle horrifié ? Eh bien, on  décide de démolir des villages entiers (45 en juin dernier, dans le  Naqab, abritant environ 85.000 Palestiniens). Un Israélien lance sa  voiture sur un enfant palestinien et l’écrase sur le trottoir... il dit  ensuite qu’il ne l’a pas fait exprès, et l’affaire est close. Des  cimetières musulmans sont régulièrement saccagés ; d’autres sont  ratissés et transformés en parcs de jeux, jardins et parkings (comme à  Ramallah, Jaffa et près de Tel-Aviv). Le cimetière historique de  Jérusalem a été plusieurs fois profané avant de subir l’épreuve des  pelleteuses mécaniques. Il renfermait les tombeaux des Saints de l’Islam  et des martyrs de Salaheddine...
Se tromperait celui qui croirait que l’infamie a une  limite. C’est que, tout simplement, il n’y a pas de limites, pas de  garde-fou, pas de ligne rouge. Des extrémistes auxquels vous faites  comprendre que, quels que soient les excès commis, ils seront toujours  soutenus et confortés, n’ont aucune raison de s’arrêter. Ils ont la  bride sur le cou...
« Nous, les juifs, contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent ».
Les collusions suspectes
« S’il nous faut accepter tout ce qui  est comme il est, dans toute sa dimension tragique de non-sens radical,  comment éviter l’accusation de complicité, voire de collaboration avec  le mal »
Luc Ferry
Luc Ferry
Israël, depuis sa création, viole avec désinvolture et  de façon de plus en plus cynique les décisions de l’ONU et les  conventions internationales. Les Etats-Unis sont le garant par  excellence de cette impunité criante ; ils sont corps et âmes acquis à  la cause sioniste. Dans ce pays, le sionisme dispose d’un instrument  d’une redoutable efficacité : l’AIPAC. Créée en 1954, cette organisation  juive est explicitement au service d’Israël et défend ses intérêts.  Elle tire son efficacité des moyens considérables dont elle dispose,  mais surtout d’une astuce que personne n’ose contester : elle n’est pas  déclarée comme lobby servant les intérêts d’un pays étranger...
Au lendemain du fameux « 11 septembre », des dirigeants  américains avaient traité de lâches les auteurs des attentats. On aurait  aimé les voir tenir le même propos au sujet des soldats israéliens qui  se sont amusé à tirer sur un enfant terrorisé dans les bras de son père  (Mohammed al Dura), à briser méthodiquement les bras des adolescents  avec une roche, à obliger une femme sur le point d’accoucher à rester  dans sa voiture pendant des heures en plein soleil, en gardant les  vitres fermées, etc.
Armés jusqu’aux oreilles, les soldats de « Tsahal » ont  la bride sur le cou. Ils ont le courage de gifler des femmes âgées, de  bastonner des enfants ou les utiliser à l’occasion comme des boucliers  humains (lors de l’attaque de Gaza), de tuer des journalistes à bout  portant (flottille humanitaire, entre autres), d’assassiner de sang  froid des militants pacifistes (Rachel Corrie écrasée par un bulldozer  blindé en 2003 à Gaza). Ils ne s’en veulent pas de regarder une gamine  pleurer à coté des cadavres de ses parents (à Jenine jadis, comme à  Gaza). L’armée d’occupation a utilisé des bombes au phosphore blanc dans  ses attaques à Gaza. Le Protocole interdisant l’utilisation d’une telle  arme la considérait comme un crime de guerre. Voila qu’on apprend  qu’Israël, ayant « refusé » de signer ce protocole, ne peut être  formellement accusé. Les choses sont simples en effet, pourquoi les  compliquer ? Lorsqu’on a la caution des Américains, on ne s’encombre pas  de scrupules.
Un parti pris avilissant
Les actes meurtriers d’un Milosevic en Bosnie et au  Kosovo sont-ils plus ignobles que ceux que Sharon, Moufaz et Ben  Elliazer ont perpétré hier à Jenine et Ramallah, ceux de Barak, Olmert  et Netanyahu aujourd’hui à Gaza ? Sarkozy, sans hésitation, a dit un  jour du Président Ahmadinejad : « il bafoue les idéaux et les valeurs inscrits dans la déclaration universelle des droits de l’homme ».  Mais il faut beaucoup de cran pour importuner ces scélérats notoirement  connus. Le Tribunal Pénal International s’acharne volontiers sur Omar  Al Bachir, mais ne lui demandez pas de s’en prendre aux commanditaires  des crimes sionistes. Une juridiction qui tend - au grand jour - à  fustiger les uns et épargner les autres est un véritable affront.
Du temps de Bush, grâce à la formule magique du « 11  septembre », les Etats-Unis ont assumé plus que jamais le rôle de Satan  sur la scène internationale. Lui et son entourage avaient l’aplomb de  parler de combat du « Bien contre le Mal ». On tenait un discours  réducteur : le Bien devait triompher mordicus du Mal. Si vous n’êtes pas  avec nous, vous êtes contre nous. Pourtant, c’est avec l’arsenal fourni  par les Américains et leur soutien sans retenue que les tueries sont  commises périodiquement dans les villes palestiniennes. Que dire des  dévastations perpétrées par l’armée américaine en Irak, du million de  tués depuis 2003 ? On peine à comprendre la nécessité de bombarder des  monuments millénaires, de saccager des musées, d’abattre à bout portant  un homme et sa femme parce qu’ils s’opposent au viol (collectif) de leur  fille... Que faut-il penser des bombardements récurrents de civils en  Afghanistan et au Pakistan ?
Ce sont toujours les mêmes qui pâtissent du droit de  veto à l’ONU, du précepte infâme des deux-poids-deux-mesures. L’opinion  mondiale et les médias -maintenus sous anesthésie - ont fini par s’y  faire. La volonté de l’Iran d’accéder à la technologie nucléaire met en  transe les grands de ce monde. Quant à l’arsenal de l’Etat sioniste,  motus et bouche cousue ! A la demande des Etats-Unis, Israël n’a jamais  reconnu officiellement être une puissance nucléaire. C’en est une  évidemment depuis 1967. Sur un ton narquois, on nous explique que l’Etat  juif n’a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire  (contrairement à l’Iran) et donc n’est pas « légalement » soumis aux  contrôles de l’AIEA. Si vous n’avez pas signé, vous êtes absout :  l’argument n’est-il pas ingénieux ? Aujourd’hui, on s’apprête à serrer  le cou de l’Iran : la poigne est américaine mais c’est Israël qui manie  l’aiguillon... On voudrait détruire ce pays, héritier de grandes  civilisations, pour « découvrir » après coup qu’il ne fabriquait pas  d’armes nucléaires. Du déjà vu, non ?
Les Etats-Unis, nul ne peut en douter, s’investissent  volontiers dans des actions humanitaires massives dans le monde (le  séisme à Haïti a mobilisé l’aide d’urgence du gouvernement et suscité la  générosité du public)... Une vérité surgit néanmoins : en deçà des  frontières, les Américains sont assurément des démocrates et respectent  les droits de l’homme ; au-delà, s’il le faut, ils se comportent avec  une désinvolture et une brutalité impitoyables. Ils n’hésitent pas à se  ravaler en s’acoquinant avec des chefs sionistes aux mains maculés de  sang. Hier, ils multipliaient les éloges en direction de Sharon et le  qualifiait d’ « homme de paix », en dépit de ses forfaits notoires.  Aujourd’hui, ils s’inclinent devant Netanyahu et Barak. Les dirigeants  arabes « alliés », quant à eux, sont amplement responsables du rapport  de force qui prévaut au Moyen-Orient. A force de ployer sous les  pressions et chantages, ils sont désormais déconsidérés...
L’aide militaire américaine à l’Etat colonial est considérée, tenez-vous bien, comme « un investissement à long terme pour la paix ».  Cela permet de déverser des bombes sophistiquées sur les villes  palestiniennes, en particulier celles à guidage laser et par satellite.  Mais gare à la Syrie si elle se met dans la tête d’armer le Hezbollah.  « C’est pas du jeu ! ».
« Nous, les juifs, contrôlons l’Amérique »
Les colonies juives utilisent par habitant 20 fois plus  d’eau que les localités palestiniennes voisines (rapport d’Amnesty  International, juin 2010). Des Palestiniens malades, par centaines,  meurent à petit feu parce qu’on leur refuse le droit de partir se  soigner à l’étranger. Le statut de la bande de Gaza est unique : ce  n’est ni un pays indépendant, ni un territoire occupé (stricto sensu).  C’est un vaste camp de détention à ciel ouvert, livré à la générosité  internationale. Le geôlier n’assume aucune responsabilité vis-à-vis des  prisonniers, mais s’adjuge le droit de les bombarder régulièrement.  Aucune aide humanitaire ne doit y parvenir et ses initiateurs sont  assassinés au grand jour. Si au moins les pêcheurs pouvaient aller en  mer sans essuyer les tirs des soldats israéliens...
Dans les pays arabes et musulmans, le ressentiment est à  la mesure des injustices. Du coup, les Etats-Unis se décident à lancer  deux stations de propagande en langue arabe : la radio Sawa et la chaîne  de télévision (satellitaire) Al hurra. Obama a même été au Caire pour  clamer « Assalam Alikoum », deux mots qui avaient soulevé une grande  ferveur... Quelque chose a-t-elle changé depuis lors ? Obama a-t-il  reconnu les horreurs commises en Irak ? A-t-il essayé d’arrêter la  colonisation de la Palestine ? A-t-il levé le blocus inhumain sur  Gaza ?... A cet égard, la réplique d’Ariel Sharon à Shimon Péres en 2001  est assez édifiante : « Chaque fois que nous faisons  quelque chose, vous me dites que l’Amérique fera ceci ou fera cela ...  Je vais vous dire quelque chose de très clair : ne vous préoccupez pas  de la pression de l’Amérique sur Israël. Nous, les juifs, contrôlons  l’Amérique, et les Américains le savent ».
Les citoyens américains, connus pour leur mauvaise  perception des événements hors frontières, supportent une charge morale  très lourde. Ils sont indirectement impliqués, du fait qu’ils vont aux  urnes et qu’ils peuvent toujours exprimer leur désaccord (les armes sont  fournis aux frais du contribuable). Il est vrai que les choses  changent : selon un sondage commandité par la BBC entre décembre 2009 et  février 2010, 40 % « seulement » de l’opinion américaine est favorable à  la politique israélienne, contre 47 % l’année précédente...
Les Etats européens sont eux aussi complices des menées  d’Israël et confortent son sentiment d’impunité. Sur les chaînes de  télévision, par exemple, les forfaits sionistes sont soigneusement  déguisés, suivis aussitôt et sans la moindre sensibilité morale d’une  « page de sport ». L’accord de libre échange UE-Israël, présuppose le  respect des droits de l’homme par les parties contractantes. Dans ce cas  particulier, ne s’agit-il pas d’un vœu pieux ?
Le sang et les larmes coulent depuis trop longtemps. Les  Palestiniens ne possèdent ni bombardiers, ni missiles, ni armes  bactériologiques. Ils sont agressés au quotidien, ne comptent plus les  morts et les estropiés. A la fois courageux et vulnérables, ils  affrontent (symboliquement) des blindés de 60 tonnes avec des pierres...  Israël a profité sans vergogne du silence et de la complicité des  grandes nations. Celles-ci, à n’en pas douter, devraient rendre des  comptes pour non-assistance à peuple en danger. Le monde aurait espéré  voir ces nations prendre position en faveur des victimes, en accord avec  les règles de la morale ou par honnêteté intellectuelle... Il a fallu  qu’elles soutiennent le plus fort, accablent le plus faible. C’est ainsi  que le rapport Goldstone est discrédité, que l’Etat colonial est  exempté de ses responsabilités devant le droit international, que les  condamnations ne sont jamais suivies de sanctions. Des Etats-Unis, les  dollars affluent et vont directement aux colonies de Cisjordanie et de  Jérusalem. La France, en avril dernier, a tenu à « honorer la mémoire »  de Ben Gourion, en lui dédiant une esplanade dans sa capitale. Rappelons  qu’entre 1947 et 1948, sous les ordres de ce criminel de guerre (venu  de Pologne), 532 villages arabes ont été détruits, près de 15 000  Palestiniens tués, 84 % de la population contrainte à l’exil. On est  beaucoup moins horrifié par les tueries commises par l’Etat juif que par  la bénédiction accordée par les dirigeants occidentaux.
L’attaque irresponsable du bateau turc dans les eaux  internationales a provoqué, contre toute attente, une prise de  conscience à l’échelle mondiale. Les citoyens du monde épris de justice  et moralement libres sont appelés à prendre les devants, à l’instar de  ceux qui ont triomphé jadis de l’apartheid. Vu le rapport de force, la  résistance héroïque des Palestiniens ne peut suffire. Il s’agit de  retrouver sa dignité, de mettre le holà au terrorisme d’Etat qui a trop  duré. Des artistes déclineront les invitations ou annuleront leurs  représentations en Israël, des institutions financières arrêteront  d’investir dans son industrie, de plus en plus de produits provenant des  colonies seront boycottés... A l’heure actuelle, 150 artistes irlandais  lancent une campagne de boycott de l’Etat juif pour protester contre  ses agissements meurtriers en Palestine. Le crime se retournera contre  ceux qui l’ont commis.
Les juifs en terre d’Islam
Un Etat binational mêlant les deux peuples ? Au point où  on en est, c’est peut-être une solution... Encore faut-il reconnaître  les crimes perpétré depuis 60 ans, restituer les terres volées,  indemniser les victimes, permettre le retour des familles exilées,  instaurer la justice. Nul ne dira que c’est facile, mais c’est la  condition sine qua non.
Ici, trois déclarations caractéristiques (et sans masque) méritent mention : « Nous réduirons la population arabe à une communauté de coupeurs de bois et de serveurs » (Uri Lubrani, 1960). « Nous devons tuer tous les palestiniens à moins qu’ils ne soient résignés à vivre en tant qu’esclaves » (Chairman Heilbrun, 1987). « Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives »  (le rabbin Yitzhak Ginsburg, 1989)... Aujourd’hui, à la lumière de ces  discours haineux, nous voyons ce que les juifs font aux Palestiniens et  l’histoire n’a de cesse de se rappeler à nous. Comment les juifs  vivaient-ils jadis en terre d’Islam ? Voici une bribe d’histoire.
En Espagne et Portugal musulmans (Al Andalus du VIIIè au  XVè siècles), la minorité juive - auparavant combattue et persécutée -  avait droit à la protection et la sécurité, occupait dans la société une  place reconnue et stable. Alors que le roi wisigoth (de 680 à 687) se  proposait d’extirper « la peste judaïque », les Musulmans assuraient aux juifs des droits effectifs, une liberté de culte et de pensée jusque-là inconnue.
On retrouve le même climat de tolérance et d’humanité  dans l’Empire ottoman (XIVè au XXè siècles) : les juifs y trouvaient une  terre d’accueil favorable à leur épanouissement économique, culturel et  religieux. On raconte que des négociateurs européens avaient fait  pression sur le pouvoir ottoman pour que les juifs soient écartés du  commerce international. Mais la requête fut refusée... Sur l’île de  Buyukada, au large d’Istanbul, le touriste aujourd’hui peut voir les  magnifiques résidences d’été occupées jadis par la bourgeoisie juive.  C’est assez significatif de l’atmosphère de bienveillance et de concorde  exemplaires qui régnait à l’époque...
On s’aperçoit vite que le sionisme est une calamité pour les juifs eux-mêmes (voir : http://www.nkusa.org).
Thami BOUHMOUCH
Professeur universitaire
Casablanca, Maroc
Professeur universitaire
Casablanca, Maroc
(1) Qu’en on juge par les déclarations de ces leaders sionistes :  
  «   Nous devons utiliser la terreur, les assassinats, l’intimidation, la  confiscation des terres et l’arrêt de tous les programmes sociaux afin  de débarrasser la Galilée de sa population arabe » (Israël Koenig, in The Koenig mémorandum, 1976 - http://www.historyofisrael.info) ;  
  « Les palestiniens seront écrasés comme des sauterelles et leurs têtes éclatés contre les rochers et les murs » (Yitzhak Shamir, 19/06/88 - http://www.anti-imperialisme.com) ; 
  « Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » (le rabbin Yitzhak Ginsburg, Journal Jérusalem Post, 19/06/89).
                1er septembre 2010 - Le Grand Soir